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Le Livre d’Hénoch

[1] Le Livre des Veilleurs (1-36)

[2] Le Livre des Paraboles (37-71)

[3] Le Livre des Écrits astronomiques (72-82)

[4] Le Livre des Songes (83-90)

[5] Le Livre de l’exhortation et de la malédiction (91-105)

Annexe : Le Livre des Géants (Fragments des Manuscrits de la Mer Morte) pdf 1 et pdf 2

4Q201 Fragment de 1 Henoch retrouvé à Qumrân

PRESENTATION DU LIVRE D’HENOCH

On appelle ainsi une collection d’écrits, prophéties et exhortations, qui sont mises, pour la plupart, dans la bouche d’Hénoch. Ce patriarche, "le septième après Adam," comme précise l’épître de Jude {Jude 14} jouit de très bonne heure d’une considération spéciale: pour expliquer qu’il vécut moins de siècles que les autres, le texte hébreu de la Genèse, {Ge 5.24} dit à son sujet: "il marchait avec Dieu et il disparut parce que Dieu le prit"; ce que la version grecque de la Septante rend ainsi: "Il plutôt à Dieu et on ne le trouva plus parce que Dieu l’avait transféré. "L’auteur de cet ouvrage traite d’abord de la chute des anges, de leur hymen charnel avec les filles des hommes et de la procréation des géants avec lesquels tous les maux se répandent sur la terre. Puis il énumère le nombre des anges, la région terrestre qu’ils habitent, les mystères sacrilèges auxquels ils initièrent les hommes...

Le Livre d’Hénoch est un livre apocalyptique, comme celui de Daniel, avec cette différence que les parties apocalyptiques du Livre de Daniel et les Apocalypses, en général, ne s’occupent que de l’avenir et des vertus qui le préparent. Le Livre d’Hénoch, outre la part qu’il consacre à cet avenir, traite encore des sciences, surtout des sciences naturelles, qui représentent également une forme d’Apocalypse...

L’auteur de cet ouvrage, qui est, bien entendu, un mystique avant la lettre, croit se maintenir sur le terrain de la Bible en puisant largement dans les Ecritures, surtout dans les Psaumes, et dans le livre de Job sa mystique et sa poétique... Il parvient ainsi à enchâsser dans ce fonds biblique les conceptions les plus éloignées de la Bible, grâce à ce mode d’interprétation inépuisable qu’est l’allégorie.

 
HISTOIRE DU LIVRE ET TRADUCTION. ANALYSE DU LIVRE.
L’original du Livre d’Hénoch est perdu. Le livre d’Hénoch se compose
Nous n’en avons que des versions, la plupart incomplètes D’une Introduction (Chapitres I-V)
On parle d’un Hénoch hébreu, d’une version grecque traduite ensuite en éthiopien. Et de cinq parties:
Nous proposons ci après le texte de l’introduction et la première partie seulement. 1. Chute des anges et assomption d’Hénoch (Chapitres VI à XXXVI)

Du début au chapitre XIV, c’est la version grecque qui est utilisée.

2. Livre des paraboles (Chapitres XXXVII-LXXI)
A partir du chapitre XV, c’est la version éthiopienne. 3. Livre des changements des luminaires du ciel (Chapitres LXXII-LXXXII)
Dans le chapitre XXII, vu les variantes et l’importance du sujet, les deux versions sont citées. 4. Livre des songes (Chapitres LXXXIII-XC)
  5. Livre de l’exhortation et de la malédiction (Chapitres XCI-CV)

CHAPITRE 1

  • Voici les paroles d’Enoch par lesquelles il bénit les élus et les justes qui vivront au temps de l’affliction, quand seront réprouvés tous les méchants et les impies. Enoch, homme juste qui marchait devant le Seigneur, quand ses yeux furent ouverts, et qu’il eut comtemplé une sainte vision dans les cieux, parla, et il prononça : Voici ce que me montrèrent les anges.
  • Ces anges me révélèrent toutes choses et me donnèrent l’intelligence de ce que j’avais vu, qui ne devait point avoir lieu dans cette génération, mais dans une génération éloignée, pour le bien des élus.
  • C’est par eux que je pus parler et converser avec celui qui doit quitter un jour sa céleste demeure, le saint et le Tout-Puissant, le Seigneur de ce monde.
  • Qui doit fouler un jour le sommet du mont Sinaï, apparaître dans son tabernacle, et se manifester dans toute la force de sa céleste puissance.
  • Tous les vigilants seront effrayés, tous seront consternés.
  • Tous seront saisis de crainte et d’effroi, même aux extrémités de la terre. Les hautes montagnes seront ébranlées ; les collines élevées seront déprimées ; elles s’écouleront devant sa face comme la cire devant la flamme. La terre sera submergée, et tout ce qui l’habite périra ; or tous les êtres seront jugés, tous, même les justes.
  • Mais les justes obtiendront la paix ; il conservera les élus, et exercera sur eux sa clémence.
  • Alors ils deviendront la propriété de Dieu ; il les comblera de bonheur et de bénédictions ; et la splendeur de la Divinité les illuminera.
  • CHAPITRE 2

    1. Voici ! il arrive avec dix mille de ses saints, pour juger toutes les créatures pour détruire la race des méchants, et réprouver toute chair à cause des crimes que le pécheur et l’impie ont commis contre lui.

    CHAPITRE 3

  • Tous ceux qui habitent dans les cieux savent ce qui se passe là-bas.
  • Ils savent que les globes célestes qui nous illuminent ne changent point leur voie ; que chacun d’eux se lève et se couche régulièrement , dans le temps qui lui est propre, sans jamais transgresser les ordres qu’il a reçus. Ils regardent la terre, et soudain ils connaissent tout ce qui s’y passe depuis le commencement jusqu’à la fin.
  • Ils voient que chacune des créations de Dieu suit invariablement la voie qui lui est tracée. Ils voient l’été et l’hiver ; ils voient que toute la terre est remplie d’eau, et que les nuages, les vapeurs et la pluie en rafraîchissent la température.
  • CHAPITRE 4

    1. Ils considèrent et admirent comme chaque arbre se couronne de feuilles ; comment il les perd ensuite, à l’exception de quatorze arbres privilégiés qui reste toujours verts, et qui pendant plusieurs hivers présentent l’apparence du printemps.

    CHAPITRE 5

    1. Ils admirent ensuite dans les jours de l’été comment le soleil échauffe la terre, dès le commencement de sa carrière, tandis que vous cherchez la fraîcheur du feuillage ; tandis que le sol est crevassé par la chaleur torride, et que vous êtes incapable de vous promener soit dans la plaine, soit sur la montagne.

    CHAPITRE 6

  • Ils admirent ensuite comment les arbres en se couvrant de feuilles poussent en même temps des fruits ; mais aussi ils comprennent en même temps et reconnaissent que celui qui vit éternellement fait pour nous toutes choses.
  • Que toutes les oeuvres de chaque année, que toutes ses créations suivent invariablement les ordres qu’il leur a donnés ; toutefois, quand Dieu a résolu ainsi, toutes choses doivent s’évanouir.
  • Ils voient comment les mers et les fleuves accomplissent chacun leur mission respective.
  • Tandis que vous, vous ne supportez qu’avec peine, vous ne remplissez qu’imparfaitement les commandements de votre Seigneur ; vous transgressez ses ordres, vous calomniez sa grandeur ; et votre bouche impie va prononcer des blasphèmes contre sa majesté !
  • Pécheurs au coeur endurci, il n’y aura point de paix pour vous !
  • Vos jours seront maudits, et les années de votre vie seront effacées du livre des vivants ; vous serez en exécration à toutes les créatures, et vous n’obtiendrez point de miséricorde.
  • Dans ce jour, votre paix sera troublée par l’éternelle malédiction de tous les justes ; et les pécheurs mêmes exécreront à tout jamais.
  • Oui, ils vous exécreront aussi bien que les impies.
  • Mais pour les élus, à eux la lumière, la joie, la paix ; à eux l’héritage terrestre.
  • Pour vous, impies, pour vous malédiction.
  • Alors les élus recevront la sagesse, et il n’y aura plus ni transgression, ni impiété, ni orgueil ; mais ils se conduiront avec prudence, s’humilieront eux-mêmes, et ne violeront plus les saints commandements.
  • Aussi ne seront-ils pas condamnés tout le temps de leur vie, et leur mort sera sans trouble et sans douleur ; la somme de leurs jours sera complète ; ils vieilliront dans la joie et la paix ; et leurs années de bonheur se multiplieront avec la joie, avec la paix, sans nuage, sans trouble, tout le temps de leur existence.
  • CHAPITRE 7

  • Quand les enfants des hommes se furent multipliés dans ces jours, il arriva que des filles leur naquirent élégantes et belles.
  • Et lorsque les anges, les enfants des cieux, les eurent vues, ils en devinrent amoureux ; et ils se dirent les uns aux autres : choisissons-nous des femmes de la race des hommes, et ayons des enfants avec elles.
  • Alors Samyaza, leur chef, leur dit : je crains bien que vous ne puissiez accomplir votre dessein.
  • Et que je supporte seul la peine de votre crime.
  • Mais ils lui répondirent : nous vous le jurons.
  • Et nous nous lions tous par de mutuelles exécrations ; nous ne changeront rien à notre dessein, nous exécuterons ce que nous avons résolu.
  • En effet ils jurèrent et se lièrent entre eux par de mutuelles exécrations. Ils étaient au nombre de deux cents, qui descendirent sur Aradis, lieux situé près du mont Armon.
  • Cette montagne avait été appelée Armon, parce que c’est là qu’ils avaient juré et s’étaient liés par des mutuelles exécrations.
  • Voici le nom de leurs chefs : Samyaza, leur chef, Urakabarameel, Akibeel, Tamiel, Ramuel, Danel, Azkeel, Sarakmyal, Asael, Armers, Batraal, Anane, Zavebe, Samsaveel, Ertael, Turel, Yomyael, Arazeal. Tel furent les chefs de ces deux cents anges ; et le reste étaient tous avec eux.
  • Et ils se choisirent chacun une femme, et ils s’en approchèrent, et ils cohabitèrent avec elles ; et ils leur enseignèrent la sorcellerie, les enchantements, et les propriétés des racines et des arbres.
  • Et ces femmes conçurent et elles enfantèrent des géants
  • Dont la taille avait trois cents coudées. Ils dévoraient tout ce que le travail des hommes pouvait produire, et il devint impossible de les nourrir.
  • Alors ils se tournèrent contre les hommes eux-mêmes, afin de les dévorer.
  • Et ils commencèrent à se jeter sur les oiseaux, les bêtes, les reptiles, les poissons, pour se rassasier de leur chair et se désaltérer de leur sang.
  • Et alors la terre réprouva les méchants.
  • CHAPITRE 8

  • Azazyel enseigna encore aux hommes à faire des épées, des couteaux, des boucliers, des cuirasses et des miroirs ; il leur apprit la fabrication des bracelets et des ornements, l’usage de la peinture, l’art de se peindre les sourcils, d’employer les pierres précieuses, et toute espèce de teintures, de sorte que le monde fut corrompu.
  • L’impiété s’accrut ; la fornication se multiplia, les créatures transgressèrent et corrompirent toutes leurs voies.
  • Amazarak enseigna tous les sortilèges, tous les enchantements et les propriétés de racines.
  • Armers enseigna l’art de résoudre les sortilèges.
  • Barkayal enseigna l’art d’observer les étoiles.
  • Akibeel enseigna les signes.
  • Tamiel enseigna l’astronomie.
  • Et Asaradel enseigna les mouvements de la lune.
  • Et les hommes sur le point de périr élevèrent leurs voix, et leurs voix montèrent jusqu’au ciel.
  • CHAPITRE 9

  • Alors Michael et Gabriel, Raphaël, Suryal et Uriel, abaissèrent des cieux leurs regards sur la terre, et virent les flots de sang qui la rougissaient, et les iniquités qui s’y commettaient ; et ils se dirent les uns aux autres : C’est le bruit de leurs cris.
  • La terre privée de ses enfants a élevé sa voix jusqu’aux portes du ciel.
  • Et c’est à vous, ô essences célestes, c’est à vous que les âmes adressent leurs plaintes en disant : Obtenez-nous justice du Très-Haut. Alors ils dirent à leur Seigneur et maître : Tu es le Seigneur des seigneurs, le Dieu des dieux, le Roi des rois. Le trône de ta gloire s’élève de toute éternité, et de toute éternité ton nom est sanctifié et glorifié. Tu es béni, et glorifié à jamais.
  • Tu es le créateur, le maître souverain de toutes choses ; rien n’est caché à ton regard perçant. Tu domines sur tout, et rien ne peut se soustraire à ton autorité.
  • Tu as vu ce que Azazyel a fait ; comment il a enseigné aux hommes toute espèce d’iniquités, et comment il a révélé au monde tout ce qui se passe dans les cieux.
  • Samyaza aussi a enseigné aux hommes la sorcellerie, lui que tu avais placé au-dessus de tous ses compagnons. Ils se sont alliés aux filles des hommes ; ils ont péché avec elles, et se sont souillés.
  • Ils leur ont découvert les crimes les plus abominables.
  • Et les femmes ont enfanté les géants.
  • Et toute la terre a été remplie de sang et d’iniquité.
  • Et voici maintenant que les âmes de ceux qui sont morts, élèvent la voix vers toi.
  • Et font monter leurs plaintes jusqu’aux portes du ciel.
  • Leurs gémissements montent vers toi ; les hommes ne peuvent se soustraire à l’iniquité qui couvre la face de la terre. Or tu connais toutes choses, avant même qu’elles existent.
  • Tu connais toutes choses ; tu sais tout ce qui se passe, et cependant tu ne nous dis rien.
  • Pour tant de crimes, que devons-nous faire aux méchants ?
  • CHAPITRE 10

  • Alors le Très-Haut, le grand et le saint fit entendre sa voix.
  • Et il envoya Arsayalalyur, au fils de Lamech,
  • Disant : parle-lui en mon nom ; mais cache-toi à ses yeux.
  • Puis dévoile-lui le grand cataclysme qui doit faire périr tous les hommes ; car les eaux du déluge se répandront sur la face de la terre, et toute créature sera détruite.
  • Mais enseigne-lui les moyens d’échapper ; dis-lui comment sa race se perpétuera sur toute la terre.
  • Puis le Seigneur dit à Raphaël : Prends Azazyel, lie-lui les pieds et les mains ; jette-le dans les ténèbres ; et abandonne-le dans le désert de Dudael.
  • Fais pleuvoir sur lui des pierres lourdes et pointues ; enveloppe-le de ténèbres.
  • Qu’il y reste à jamais, que sa face soit couverte d’un voile épais ; et qu’il ne voie jamais la lumirère.
  • Et quand se lèvera le jour du jugement, plonge-le dans le feu.
  • Cependant purifie la terre, que les anges ont souillée ; annonce-lui la vie ; annonce-lui que je la revivifierai.
  • Les fils des hommes ne périront pas tous à cause des secrets que les vigilants leur ont révélés et qu’ils ont enseignés à leurs descendants.
  • Mais la terre a été souillée par les enseignements impurs d’Azaziel. Aussi est-ce lui qui doit être responsable de tous les crimes.
  • Le Seigneur dit ensuite à Gabriel : Va vers les méchants, vers les réprouvés, vers les enfants de fornication ; extermine ces enfants de fornication, ces rejetons des vigilants, du milieu des hommes ; pousse-les, excite-les les uns contre les autres. Qu’ils périssent de leurs propres mains ; car leurs jours ne seront pas complets.
  • Ils te supplieront, mais leurs prières n’obtiendront rien pour eux ; et c’est en vain qu’ils espèreront pour leurs enfants la vie éternelle, et même une vie de cinq cents années.
  • Le Seigneur dit ensuite à Michael : Va et annonce le châtiment qui attend Samyaza et tous ceux qui ont participé à ces crimes, qui se sont unis à des femmes, qui se sont souillés par toutes sortes d’impureté. Et quand leurs fils seront exterminés, quand ils auront vu la ruine de ce qu’ils ont de plus cher au monde, enchaîne-les sous la terre, pour soixante-dix générations, jusqu’au jour de jugement, et de la consommation universelle ; et l’effet de ce jugement sera pour eux éternel.
  • Alors ils seront jetés dans les profondeurs d’un feu qui les tourmentera sans cesse ; et ils y resteront toute l’éternité.
  • Avec eux leur chef brûlera dans les flammes ; et tous ils y seront enchaînés jusqu’à la consommation d’un grand nombre de générations.
  • Extermine en même temps toutes les âmes adonnées à de coupables jeux ; extermine les rejetons des vigilants ; assez et trop longtemps ils ont tyrannisé le genre humain.
  • Que les oppresseurs soient enlevés de la face de la terre.
  • Que le mal soit anéanti !
  • Mais que la plante de la justice et de l’équité refleurisse, et devienne un gage de bénédiction.
  • Car la justice et l’équité doivent refleurir avec la joie pour des temps sans fin.
  • Et alors tous les saints adresseront au ciel leurs actions de grâces, et vivront jusqu’à ce qu’ils aient engendré mille enfants, tandis que les jours de leur jeunesse et leurs sabbats s’écouleront dans la joie et la paix. A cette époque toute la terre sera cultivée dans la justice ; elle se remplira d’arbres et de bénédictions ; des arbres délicieux y seront plantés.
  • La vigne y croîtra en abondance, et produira du fruit à satiété ; toutes les semences qui seront confiées à la terre, rapporteront mille mesures pour une ; et une mesure d’olive, fournira à dix pressées d’huile.
  • Délivre la terre de toute tyrannie, de toute injustice, de tout crime, de toute impiété, de tout ce qui peut souiller. Que le mal en soit banni à jamais.
  • Alors, les enfants des hommes vivront dans la justice, et toutes les nations me rendront les honneurs qui me sont dûs ; toutes me béniront, toutes m’adoreront.
  • La terre sera délivrée de toute corruption, de tout crime, de tout châtiment, de toute souffrance ; et elle n’aura plus à craindre de moi un déluge exterminateur.
  • Dans ces jours, j’ouvrirai les trésors de la bénédiction que recèle le ciel, je les répandrai sur la terre, et ils féconderont les oeuvres et le travail des hommes.
  • La paix et la justice feront alliance avec les hommes, et ces unions sacrées dureront autant que le monde et que les générations.
  • CHAPITRE 12

  • Avant l’accomplissement de toutes ces choses, Enoch fut enlevé de la terre ; et personne ne sut où il avait été enlevé, ni ce qu’il était devenu.
  • Tous ses jours, il les passa avec les saints, et avec les vigilants.
  • Moi, Enoch, je bénissais le grand Seigneur, le roi de la paix.
  • Et voici : les vigilants me nommèrent Enoch le scribe.
  • Et le Seigneur me dit : Enoch, scribe de justice, va dire aux vigilants du ciel, qui ont abandonné les hauteurs sublimes des cieux et leurs éternelles demeures, qui se sont souillés avec les femmes,
  • Et ont pratiqué les oeuvres des hommes, en prenant des femmes à leur exemple, qui se sont enfin corrompus sur la terre.
  • Dis-leur que sur la terre, ils n’obtiendront jamais ni paix, ni rémission de leurs péchés. Jamais ils ne se réjouiront dans leurs rejetons ; ils verront leurs biens-aimés exterminés ; ils pleureront leurs fils exterminés ; ils me prieront pour eux, mais jamais ils n’obtiendront paix ou miséricorde.
  • CHAPITRE 13

  • Enoch partit donc, et il dit à Azaziel : Il n’y a plus de paix pour toi, une grande sentence a été prononcée contre toi. Il t’enchaînera ;
  • Il n’y aura jamais pour toi ni soulagement ni miséricorde, ni intercession, à cause de l’oppression que tu as enseignée.
  • Et parce que tu as appris aux hommes à outrager Dieu, à pécher et à tyranniser leurs semblables.
  • Et je le quittai, et j’allai annoncer la même nouvelle à tous les compagnons de ses crimes ;
  • Et ils furent terrifiés et saisis d’un affreux tremblement ;
  • Et ils me supplièrent d’écrire pour eux une humble supplique pour obtenir le pardon de leurs fautes ; ils me prièrent de la faire parvenir au trône du Dieu du ciel, car ils n’osaient ni s’adresser à lui, ni même lever les yeux au ciel, à cause du grand crime pour lequel ils avaient été jugés.
  • Alors, j’écrivis une humble supplique à leur sujet, afin de leur faire obtenir repos et miséricorde pour tout ce qu’ils avaient fait.
  • Puis je les quittai, et continuai ma route, tout en lisant leur requête, vers les eaux du Danendan, qui se trouvent à l’ouest d’Armon, et je m’endormis.
  • Et voici que j’eus un songe, et une céleste vision. Je tombai en extase, et je vis dans une vision, la punition dont je devais annoncer la triste nouvelle aux enfants des cieux, et les réprimander. Quand je m’éveillai, je me rendis auprès d’eux. Ils étaient réunis, pleurant et la face voilée dans Ubelseiael, lieu situé entre le Liban et Seneser.
  • Je leur fis part de mes visions et de mes songes.
  • Et je leur adressai ces paroles de la justice, et les réprimandes que méritaient les enfants des cieux.
  • CHAPITRE 14

  • Ceci est le livre des paroles de la justice, et des paroles adressées aux vigilants, qui sont de ce monde, selon l’ordre que m’a donné dans la vision le Saint et le Grand. Je vis donc en songe que je parlais avec ma langue de chair et avec le même souffle dont le Tout-Puissant a animé la bouche des hommes, pour converser entre eux.
  • Et je compris avec le coeur. Et de même que le Seigneur a créé et donné aux hommes le pouvoir de comprendre les mots qui s’adressent à l’intelligence, de même aussi, il a créé pour nous, et il m’a donné le pouvoir de reprendre les vigilants, les enfants du ciel. J’ai donc rédigé vos prières ; mais j’ai vu dans une vision, que tant que le monde existera, jamais vous n’obtiendriez ce que vous demandez.
  • Le jugement a été prononcé contre vous ; toutes vos prières sont inutiles.
  • Ainsi, désormais, vous ne monterez plus au ciel ; et sur terre, vous vous serez enchaînés aussi longtemps qu’existera le monde lui-même.
  • Mais auparavant, vous serez témoins de la misère de tout ce qui vous est cher ; vous ne les posséderez plus. Ils tomberont par le glaive sous vos propres yeux.
  • Et n’adressez point de prières ni pour eux ni pour vous !
  • Mais vous pleurerez, et vous supplierez en silence. Telles sont les paroles du livre que j’écrivis.
  • Voici maintenant la vision que j’eus :
  • Voici : je me voyais environné de nuages et de brouillards épais ; je contemplais avec inquiétude le mouvement des astres et celui des éclairs, tandis que des vents favorables soulevaient mes ailes, et accéléraient ma course.
  • Je fus enlevé ainsi jusqu’au ciel, et j’arrivai bientôt à un mur bâti avec des pierres de cristal. Des flammes mobiles en enveloppaient les contours. Je commençais à être saisi d’effroi.
  • Cependant, je m’enfonçai au milieu de ces flammes.
  • Et je pénétrai dans une vaste habitation dont le pavé était en pierres de cristal. Les murs comme le pavé, étaient également en cristal, aussi bien que les fondements. Son toit était formé d’étoiles errantes et d’éclairs de lumière, et l’on voyait, au milieu, des chérubins de feu dans un ciel orageux. Des flammes vibraient autour de ces murailles, et la porte était de feu. Quand je fus entré dans cette habitation, elle était à la fois brûlante comme le feu, et froide comme la glace ; et il n’y avait là trace ni de bonheur, ni de vie. Alors, une terreur soudaine s’empara de moi ; je tressaillis d’effroi.
  • Tout tremblant, je tombai la face contre terre, et j’eus une vision.
  • Voici : Il y avait une autre habitation plus spacieuse que la première, dont toutes les portes étaient ouvertes devant moi, au milieu d’une flamme vibrante.
  • Telle était sa gloire, sa magnificence, sa grandeur, qu’il m’est impossible de vous dépeindre, ni la splendeur qui l’environne, ni sa vaste étendue.
  • Le pavé en était de feu ; au-dessus, brillaient des éclairs et des étoiles errantes, et le comble était tout entier d’un feu étincelant.
  • Je l’examinai avec attention, et je vis qu’il y avait un trône élevé ;
  • Dont l’aspect ressemblait à la grêle, tandis que son contour était comme l’orbe éclatant du soleil ; et il en sortait des voix de chérubins.
  • De ce trône puissant, s’échappaient des torrents de flammes,
  • Qu’il était impossible d’envisager.
  • Et il avait quelqu’un assis sur ce trône de gloire,
  • Dont le vêtement était plus brillant que le soleil et plus blanc que la neige.
  • Et aucun ange n’était capable de regarder en face le Glorieux et le Magnifique, ni de s’approcher de lui ; aucun oeil mortel ne pouvait le contempler. Un feu brillant brûlait autour de lui.
  • Il s’élevait aussi devant lui, un feu d’une grande étendue ; en sorte qu’aucun de ceux qui l’entouraient ne pouvaient en approcher, et des myriades de myriades étaient devant lui. Il n’avait besoin ni de conseil, ni d’assistance, et les saints qui formaient sa cour, ne le quittaient ni jour ni nuit. Je m’approchai autant que je pus, voilant ma face. Et plein de frayeur. Alors, le Seigneur lui-même daigna de sa propre bouche, m’appeler par mon nom : Approche, dit-il, approche de plus près, et viens entendre ma sainte parole.
  • Et il me prit, et il me fit pencher jusqu’à la porte. Et moi, je tenais mes yeux baissés vers la terre.
  • CHAPITRE 15

  • Alors, s’adressant à moi, il me parla ainsi : Écoute, écoute sans crainte, ô juste Enoch, ô scribe de justice, approche, et écoute ma voix. Va, dis aux vigilants du ciel qui t’ont envoyé pour me prier pour eux : Vous deviez prier pour les hommes, et non pas les hommes pour vous !
  • Pourquoi avez-vous abandonné les saintes hauteurs du ciel, votre demeure éternelle, pour aller vous souiller avec des femmes ? Pourquoi vous êtes-vous épris des filles des hommes ; en avez-vous fait vos épouses ; avez-vous pratiqué avec elles les oeuvres des enfants de la terre, et donné naissance à une race impie ?
  • Vous qui étiez des esprits célestes, en possession de la sainteté, de la vie éternelle, vous vous êtes souillés avec des femmes ; vous avez travaillé aux oeuvres de la chair, vous avez engendré dans le sang, vous avez agi comme ceux qui ne sont que de sang et de chair.
  • Eux, ils ont été créés pour mourir.
  • Voilà pourquoi je leur ai donné des femmes, afin qu’ils puissent cohabiter avec elles, engendrer des enfants qui perpétuent leur race sur la terre.
  • Mais vous, vous avez été créé de purs esprits dès le commencement, vous possèdez une vie éternelle, vous n’êtes point sujets à la mort.
  • Aussi ne vous avais-je point donné de femmes, parce que, esprits purs, vous deviez habiter dans le ciel.
  • Et maintenant les géants, qui sont le prix du commerce de l’esprit et de la chair, seront appelés sur la terre de mauvais esprits, et leur demeure sera sur la terre. Ils procréeront à leur tour de mauvais esprits, parce qu’ils tiennent au ciel par un côté de leur être, parce que c’est des saints vigilants qu’ils tirent leur origine. Ils seront donc de mauvais esprits sur la terre, et on les appellera esprits du mal. La demeure des esprits célestes est le ciel ; mais c’est la terre qui doit être la demeure des esprits terrestres qui sont nés sur la terre.
  • Les esprits des géants seront comme les nuages, qui apportent sur la terre les fléaux de toute espèce, la peste, la guerre, la famine
  • Et le deuil. Il ne boiront ni ne mangeront, invisibles à tous les regards, ils s’insurgeront encore entre les hommes et les femmes : parce qu’ils ont reçu la vie dans les jours de destruction et de carnage.
  • CHAPITRE 16

  • Lors de la mort des géants, quelque part qu’aillent leurs âmes lorsqu’elles abandonneront leur corps, tâche que ce qui est chair en eux, périsse avant le jugement. Qu’elle soit exterminée
  • jusqu’au jour de la grande consommation de l’univers ; alors que les vigilants et les impies seront détruits pour toujours.
  • Quant aux vigilants, qui t’ont envoyé pour m’implorer pour eux,
  • Dis-leur, à ces intelligences célestes : Vous avez eu le ciel pour demeure ; mais les secrets d’en haut ne vous ont pas été révélés ; cependant vous avez connu un secret d’iniquité.
  • Et vous l’avez dévoilé aux femmes dans les mouvements de votre coeur, et par là vous avez multiplié le mal sur la surface de la terre.
  • Dis-leur donc : Jamais vous n’obtiendrez grâce, ni jamais vous ne recevrez la paix !
  • CHAPITRE 17

  • Puis ils m’enlevèrent dans un endroit où il y avait comme un feu dévorant ; et où, selon leur bon plaisir, ils prenaient la ressemblance de l’homme.
  • Ils me conduisirent sur un lieu élevé, sur une montagne dont le sommet s’élançait dans les cieux.
  • Et je vis les trésors des éclairs et du tonnerre aux extrémités de ce lieu, dans l’endroit le plus profond. Il y avait là un arc de feu, et de flèches dans un carquois, et une épée de feu et toute espèce d’éclairs.
  • Puis ils me transportèrent auprès d’une eau jaillissante, et du côté de l’occident, vers les feux du soleil couchant. J’arrivai à une rivière de feu qui coulait comme de l’eau et se jetait dans la grande mer occidentale.
  • Je vis tous les grands fleuves, et j’arrivai bientôt au milieu des noires ténèbres ; dans ces lieux où toute chair émigre ; je vis les montagnes de ténèbres qui produisent l’hiver, et l’endroit d’où l’eau s’écoule dans leurs abîmes respectifs.
  • Je vis aussi l’embouchure de tous les fleuves du monde, et celle de l’abîme.
  • CHAPITRE 18

  • Puis j’arrivai aux réservoirs de tous les vents, et je remarquai comment ils servaient à l’ornement de la terre, et à la conservation des fondements de la terre.
  • Je vis la pierre qui supporte les angles de la terre.
  • Je vis aussi les quatre vents qui soutiennent la terre et le firmament du ciel.
  • Je vis les vents qui soufflent dans les hauteurs du ciel ;
  • Ceux qui s’élèvent entre le ciel et la terre, et qui forment les colonnes du ciel.
  • Je vis les vents qui font tourner le ciel et entraînent dans leurs orbites le soleil et les étoiles ; et, au-dessus de la terre, je vis le vent qui supporte les nuages.
  • Je vis la voie des anges.
  • Je vis, de l’extrémité de la terre, le firmament du ciel qui pèse sur elle. Alors je me tournai vers le midi.
  • Là brûlaient nuit et jour six montagnes de pierres précieuses, trois du côté de l’orient, trois du côté du midi.
  • Celles du côté de l’orient se composaient de pierres de diverses couleurs ; de perles et d’antimoine ; celles du côté du midi étaient de pierres rouges. Leur sommet s’élevait jusqu’au ciel, comme le trône de Dieu ; il était d’albâtre, et, dans sa partie supérieure, de saphir. Je vis aussi le feu ardent qui brûlait sur les montagnes.
  • Là aussi je vis dans une région immense le lieu où les eaux étaient rassemblées.
  • J’y vis aussi les sources de la terre, cachées dans les colonnes embrasées des cieux.
  • Et dans ces colonnes du ciel je vis des feux qui jaillissaient sans nombre, mais ni en haut ni en bas. Au-dessus de ces sources, je vis un endroit qui n’avait ni le firmament au-dessus, ni la terre au-dessous, il n’y avait pas non plus d’eau ; et rien à droite ni à gauche ; c’était une plage déserte.
  • Et là j’aperçus sept étoiles, brillantes comme des montagnes de feu, ou comme de sublimes esprits.
  • Alors l’ange dit : cet endroit sera jusqu’à la consommation du ciel et de la terre la prison des étoiles et des armées du ciel.
  • Ces étoiles qui roulent au-dessus du feu sont celles qui ont transgressé les commandements de Dieu, avant la fin de leur épreuve. Aussi les a-t-il enchaînées dans ce lieu, jusqu’à ce qu’elles aient expié leur crime dans l’année mystérieuse.
  • CHAPITRE 19

  • Alors Uriel s’écria : Voici les anges qui ont cohabité avec les femmes, et se sont désignés des chefs ;
  • Qui ont souillé les hommes, multiplié parmi eux les erreurs, au point de leur faire faire des sacrifices aux démons, comme à des dieux. Mais au grand jour, ils seront jugés et ils périront, et leurs femmes avec eux, parce qu’elles se sont laissé séduire sans résistance.
  • Et moi, Enoch, moi seul, j’ai vu la fin de toutes chose, et il n’a été donné à personne de la voir comme moi.
  • CHAPITRE 20

  • Voici le nom des anges qui veillent.
  • Uriel, un des saints anges, qui préside aux cris et à la terreur.
  • Raphaël, un des saints anges qui préside aux esprits des hommes.
  • Raguel, un des saints anges, qui punit le monde et les luminaires.
  • Michael, un des saints anges qui préside à la vertu des hommes, et commande aux nations.
  • Sarakiel, un des saints anges qui préside aux enfants des hommes qui pêchent.
  • Gabriel, un des saints anges, qui préside sur Ikisat, sur le paradis et sur les chérubins.
  • CHAPITRE 21

  • Je fis ensuite un long circuit pour arriver à un lieu où rien n’était au complet.
  • Je ne vis là ni l’oeuvre admirable du ciel élevé, ni la terre et ses merveilles ; ce n’était qu’un désert solitaire et terrible.
  • Là aussi je vis sept étoiles enchaînées les unes aux autres, comme de grandes montagnes, comme des feux embrasés. Et je m’écriai à cette vue : Pour quel crime ces étoiles sont-elles enchaînées ; pourquoi ont-elles été reléguées dans ce lieu ? Alors Uriel, un des saints anges qui était avec moi et qui me servait de guide, me répondit : Enoch, pourquoi cette question ? pourquoi cette inquiétude, cette anxiété ? Ces étoiles ont transgressé le commandement du Dieu Très-Haut ; et pour expier leur crime, elles ont été enchaînées, dans ce lieu pour un nombre infini de siècles.
  • De là je passai dans un autre lieu de terreur :
  • Là je vis l’oeuvre d’un feu immense, ardent et dévorant, au milieu duquel il y avait une division. Et des colonnes de feu se combattaient entre elles et elles s’enfonçaient dans l’abîme. Et il me fut impossible d’évaluer ni sa grandeur, ni sa hauteur ; je ne pus pas non plus connaître son origine. Et je m’écriai encore à cette vue : Quel lieu terrible ! qu’il est difficile d’en sonder les mystères.
  • Uriel, un des anges qui étaient avec moi, me répondit et me dit : Enoch, pourquoi ces alarmes, pourquoi cet étonnement à la vue de ce lieu terrible, à la vue de ce lieu de souffrance ? C’est ici, ajouta-t-il, la prison des anges ; et ils y seront renfermés à jamais !
  • CHAPITRE 22

  • De là, je m’avançai vers un autre lieu, où, du côté de l’occident, je vis une grande et haute montagne, un rocher escarpé, et quatre réceptacles délicieux.
  • À l’intérieur, ce lieu était profond, spacieux, poli et égal, mais d’une profonde obscurité.
  • Alors Raphaël, un des saints anges qui m’accompagnait, me dit : Voici les bienheureuses régions où sont rassemblés les esprits, les âmes des morts ; c’est là qui doivent se réunir toutes les âmes des enfants des hommes.
  • C’est dans ces lieux qu’elles resteront jusqu’au jour du jugement, jusqu’au temps qui leur est marqué.
  • Or, ce temps sera long à venir, c’est le jour du grand jugement. Et je vis les esprits des enfants des hommes qui étaient morts, et leurs cris accusateurs s’élevaient jusqu’au ciel.
  • Alors j’intérrogeai Raphaël, l’ange qui m’accompagnait, et je lui dit : De qui est cette voix accusatrice qui monte vers le ciel ?
  • Il me répondit : C’est la voix de l’esprit d’Abel, qui a été tué par son frère Caïn, et qui l’accusera jusqu’à ce que sa race soit exterminée de dessus la face de la terre.
  • Jusqu’à ce que sa race soit effacée d’au milieu des hommes.
  • Alors je l’intérrogeai sur lui, sur le jugement universel, et je lui dis : Pourquoi les uns sont-ils séparés des autres ? Il me répondit : Il y a trois classes distinctes pour les esprits des morts ; trois classes parmi les esprits des justes.
  • Ces classes sont distinguées par un gouffre, par l’eau et par la lumière qui est sur l’eau.
  • Les pécheurs sont également classés ; après leur mort, ils sont déposés dans la terre, si le jugement ne les a pas prévenus de leur vivant.
  • C’est ici que leurs âmes sont enfermées ; c’est ici qu’elles sont en proie à des douleurs intolérables, châtiment de ceux qui sont maudits pour l’éternité, et dont les âmes seront punies et enchaînées à tout jamais.
  • Et voilà ce qui existe depuis le commencement du monde. Les âmes de ceux qui se plaignent sont séparées de celles qui veillent pour leur ruine, pour leur extermination au jour des péchés.
  • Tel est le séjour destiné aux âmes des hommes injustes et pécheurs, aux âmes de ceux qui ont commis l’iniquité et qui se sont mêlés à la société des impies, auxquels ils ressemblent. Leurs âmes ne seront point anéanties au jour du jugement ; mais enfermées dans ce lieu, elles n’en sortiront jamais. Alors je louai Dieu.
  • Et je dis : Béni soit mon Seigneur, le Seigneur de gloire et de justice, le dominateur suprême et éternel.
  • CHAPITRE 23

  • De là j’arrivai dans un autre lieu, du côté de l’occident, aux extrémités de la terre.
  • Où je vis un feu ardent et un mouvement perpétuel, qui roulait nuit et jour, sans jamais s’arrêter.
  • Et j’interrogeai l’ange qui m’accompagnait, et je lui dis : Qu’est cela ? Pourquoi ce mouvement incessant ?
  • Alors Raguel, un des anges qui m’accompagnaient, me répondit :
  • Ce feu ardent, qui se meut sans cesse vers l’occident, est le feu qui embrase tous les luminaires du ciel.
  • CHAPITRE 24

  • De là je parvins dans un autre lieu, et je vis une montagne de feu brûlant nuit et jour. Dès que j’en fus rapproché, j’aperçus sept brillantes montagnes, dont l’une était distincte de l’autre.
  • Les pierres dont elles étaient formées étaient belles et étincelantes ; elles brillent et rayonnent à la vue, et leur surface est polie. Il y en avait trois à l’orient, et d’autant plus inébranlables, qu’elles étaient l’une sur l’autre ; et il y en avait trois au midi, également inébranlables. Il y avait aussi de profondes vallées, mais qui étaient séparées les unes des autres. Au milieu s’élevait la septième montagne. Et toutes ces montagnes apparaissaient au loin comme des trônes majestueux, et elle étaient couronnées d’arbres odoriférants.
  • Parmi ces arbres, il y en avait un d’une odeur sans cesse renaissante, et tellement suave, qu’il n’y en avait pas un dans le jardin d’Eden qui exhalât un parfum aussi délicieux. Ses feuilles, ses fleurs, son bois, ne se flétrissaient jamais, et ses fruits étaient beaux.
  • Ses fruits ressemblaient aux fruits du palmier. A cette vue, je m’écriai : Voilà un arbre admirable à voir ; quelles belles feuilles, quels fruits délicieux ! Alors Michael, un des saints et glorieux anges qui m’accompagnait, et qui était à leur tête, me répondit :
  • Enoch, pourquoi ces questions au sujet de l’odeur de cet arbre ?
  • Pourquoi es-tu avide de le connaître ?
  • Alors moi, Enoch, je lui répondis : Je voudrais tout savoir, mais surtout ce qui regarde cet arbre.
  • L’ange me répondit : Cette montagne que tu vois, et dont la tête élevée égale en hauteur le trône du Seigneur, sera le siège où se reposera le Seigneur de sainteté et de gloire, le Roi éternel, quand il viendra et descendra pour visiter la terre dans sa bonté.
  • Quant à cet arbre à la suave odeur, dont le parfum n’a rien de charnel, personne n’y portera la main, jusqu’au jour de jugement. Quand les méchants auront été livrés aux tourments éternels, cet arbre sera donné aux justes et aux humbles. Ses fruits seront réservés aux élus. Car la vie sera plantée dans le saint lieu, du côté du septentrion, vers la demeure du Roi éternel.
  • Alors ils se réjouiront et tressailleront d’allégresse, dans le Saint des saints ; une odeur délicieuse pénétrera leurs os, et ils couleront, comme tes ancêtres, une vie longue sur terre ; et cette vie ne sera troublée ni par les malheurs, ni par les peines, ni par les misères.
  • Et je louai le Seigneur de gloire, le Roi éternel, de ce qu’il avait préparé cet arbre et avait daigné le promettre aux saints.
  • CHAPITRE 25

  • De là je me dirigeai vers le centre de la terre, et j’aperçus un lieu fortuné et fertile, où des arbres poussaient sans cesse des rameaux toujours verts. Là je vis encore une montagne sacrée, et au-dessous, sur le flanc oriental, une eau qui coulait vers le midi. J’aperçus encore vers l’orient une autre montagne, également élevée, placée au milieu de vallées profondes, mais étroites.
  • L’eau s’écoulait vers la montagne, du côté de sa partie occidentale ; au-dessous s’élevait une autre montagne.
  • Et, au pied de cette montagne, une vallée étroite, et, au milieu, d’autres vallées profondes et desséchées vers l’extrémité de ces trois montagnes. Or, toutes ces vallées, qui étaient profondes, mais étroites, se composaient d’un immense rocher, sur lequel un arbre était planté. Et dans mon étonnement j’admirai le rocher et les vallées.
  • CHAPITRE 26

  • Alors je m’écriai : Que signifie cette terre bénie, ces arbres élevés, et cette vallée maudite qui les sépare ?
  • Et Uriel, un des saints anges qui étaient avec moi, me répondit : Cette vallée est maudite d’une malédiction éternelle. C’est ici que seront rassemblés tous ceux qui se servent de leurs langues pour blasphémer Dieu, qui ouvrent la bouche pour maudire sa gloire. C’est ici qu’ils seront rassemblés, c’est ici que sera leur demeure.
  • Dans le jour suprême du jugement, il sera fait d’eux un grand exemple de justice aux yeux de tous les saints ; car ceux-ci obtiendront grâce devant Dieu, et le béniront tous les jours de leur vie, comme leur Seigneur et leur Roi.
  • Et ils célébreront dans ce jour redoutable du jugement, à cause de la clémence qu’il aura fait éclater sur eux. Alors je me tournai naturellement vers Dieu, et je louai son nom, sa grandeur et sa gloire.
  • CHAPITRE 27

  • De là je me dirigeai du côté de l’orient, vers une montagne qui s’élève au milieu du désert, et dont je ne pus apercevoir que la superficie.
  • Elle était couverte d’arbres issus de la semence dont on a parlé, et une eau en descendait.
  • De là une cataracte, composée en apparance de plusieurs autres, s’échappait à l’occident et à l’orient. D’un côté s’élevaient des arbres, de l’autre on voyait de l’eau et de la rosée.
  • CHAPITRE 28

  • Alors je m’avançai vers un autre endroit du désert, vers l’orient de la montagne, de laquelle je m’étais approché.
  • Là j’aperçus des arbres de choix, ceux-là surtout qui produisent les aromates aux suaves odeurs, l’encens, la myrrhe, tous arbres distincts les uns des autres.
  • Et il y avait encore en ce lieu, dominant tous ces arbres, une élévation vers l’orient, qui n’était pas éloignée.
  • CHAPITRE 29

  • Je vis encore un autre endroit, avec des vallées où s’écoulaient des eaux qui ne tarissaient jamais.
  • Je vis un arbre magnifique qui, pour l’odeur, égalait le lentisque.
  • Et sur les flancs de cette vallée j’aperçus le cinnamome au délicieux parfum. Et je m’avançai vers l’orient.
  • CHAPITRE 30

  • Alors j’aperçus une autre montagne, remplie d’arbres, d’où s’échappait une eau semblable au neketra. Son nom était Sarira et Calbanen. Et sur cette montagne j’en vis une autre sur laquelle s’élevaient les arbres d’aloès.
  • Ces arbres étaient chargés comme des amandiers et gros, et le fruit qu’ils produisaient surpassait tout parfum.
  • CHAPITRE 31

  • Après cela, je me tournai du côté du nord et je me mis à en considérer les entrées par-dessus les montagnes et j’aperçus sept montagnes couvertes de spic fin, d’arbres odoriférants, de cannelliers et de papyrus.
  • Puis je laissai derrière moi les sommets de ces montagnes et m’avançant vers l’orient, je passai la mer Erythrée. Et quand je l’eus dépassée, je tournai mes pas vers l’ange Zatael, et je parvins au jardin de Justice. Là je vis entre autres, plusieurs arbres élevés, couverts de fleurs.
  • Leurs parfums étaient délicieux, leurs formes variées et élégantes. Il y avait là aussi l’arbre de la science, dont les fruits illuminent l’intelligence de celui qui s’en nourrit.
  • Il était semblable au tamarin, et ses fruits, d’une beauté remarquable, à des grappes de raisins ; son parfum embaumait les lieux d’alentour. Et je m’écriai : Quel bel arbre ! quel spectacle délicieux !
  • Alors l’ange Raphaël, qui était avec moi, me répondit : Ceci est l’arbre de la science, dont ont mangé ton vieux père et ta vieille mère ; ses fruits les ont illuminés ; leurs yeux ont été ouverts, et après s’être aperçus qu’ils étaient nus, ils ont été chassés du Paradis terrestre.
  • CHAPITRE 32

  • Ensuite, je m’avançai vers les confins de la terre ; là, je vis de grandes bêtes, d’apparances diverses, des oiseaux différents de formes et d’aspect, et doués de voix différentes.
  • A l’orient du lieu où se trouvaient ces bêtes, j’aperçus les limites de la terre, et l’endroit où le ciel finissait. Les portes du ciel étaient ouvertes et j’en vis sortir les étoiles. Alors je les comptais à mesure qu’elles sortaient, et j’en notais exactement le nombre. Je pris note également de leurs noms, de leurs courses périodiques, de leurs vicissitudes, à mesure que l’ange Uriel, qui était avec moi, me les expliquait.
  • Car il me les montra toutes, et de toutes il me donna connaissance.
  • Il me fit connaître encore leurs noms, leurs rangs et leurs diverses influences.
  • CHAPITRE 33

  • Puis je me dirigeai vers le septentrion, aux limites de la terre.
  • Et là, vers les confins du monde, je vis un prodige grand et magnifique.
  • Je vis les portes du ciel ouvertes, il y en avait trois distinctes entre elles. Par elles s’échappaient les vents du nord, père du froid, de la grêle, de la glace, de la rosée et de la pluie.
  • D’une de ces portes, les vents soufflaient légèrement ; mais par les deux autres ils soufflaient avec violence, et leur souffle se répandait sur la terre.
  • CHAPITRE 34

  • De là, je me dirigeai du côté de l’occident, vers les confins de la terre.
  • Et je vis trois portes, comme du côté du septentrion. Or ces portes étaient de la même grandeur.
  • CHAPITRE 35

  • Ensuite je me dirigeai du côté du sud, vers les confins de la terre. Il y avait là également trois portes, par où s’échappaient la rosée, la pluie et le vent.
  • Puis je me dirigeai vers l’orient, aux confins de la terre, où je vis trois portes du ciel tournées du côté de l’orient, et dont l’ouverture était plus petite. Par ces petites portes sortaient les étoiles du ciel, qui suivaient leur invariable vers l’occident ; et cette route brillante était visible en tout temps.
  • Quand je les aperçus, j’élevai ma voix et je louai le Seigneur qui avait formé ces corps lumineux et resplendissants, afin de révéler aux intelligences angéliques et humaines, la magnificence de ses oeuvres ; afin qu’ils célébrassent les uns et les autres, les merveilles de sa puissance, qu’ils glorifiassent les labeurs divins de ses mains, et afin qu’ils le louassent à tout jamais.
  • CHAPITRE 37

  • Voici une autre vision, la seconde vision de sagesse, la vision qu’eut Enoch, fils de Jared, fils de Malaléel, fils de Caïnan, fils d’Enos, fils de Seth, fils d’Adam. C’est là le commencement de cette sagesse, que j’ai reçue pour expliquer et faire aimer à ceux qui habitent sur la terre. Ecoutez donc, et comprenez les choses saintes que je viens vous révéler, en présence du Seigneur des esprits. Ceux qui existèrent avant nous ont regardé le ministère de la parole comme un de leurs devoirs.
  • Et nous, qui venons après eux, nous ne mettons aucun empêchement à la prédication de la sagesse ; mais jamais jusqu’à ce jour, il n’a été donné à personne ce qui m’a été donné à moi, la sagesse selon mon entendement, et dans la mesure du bon plaisir de Dieu. Ce que j’ai reçu de lui est vraiment une portion de la vie éternelle.
  • Cette sagesse était formulée dans trois paraboles, que je me suis fait un devoir d’annoncer aux habitants de ce monde.
  • CHAPITRE 38

  • Première parabole. Quand l’assemblée des justes sera manifestée à la terre, que les pécheurs seront punis, et recevront aux yeux de tous le châtiment mérité par leurs crimes ;
  • Quand la justice se manifestera devant les justes eux-mêmes ; que leurs oeuvres seront pesées par le Seigneur des esprits et leur mériteront de recevoir la récompense promise ; quand la lumière des justes et des élus qui habitent sur la terre, brillera d’un éclat immortel, à ce moment, que deviendra la demeure du pécheur ? Où sera le lieu de repos de celui qui aura rejeté le Seigneur ? Oh ! qu’il vaudrait mieux pour lui, qu’il n’eût jamais existé !
  • Quand seront révélées les secrètes pensées des justes, les pécheurs subiront un jugement sévère, et les impies seront tourmentés en leur présence.
  • Dès ce moment, les maîtres de la terre cesseront d’être puissants et élevés. Il leur deviendra impossible de contempler les saints en face ; car la lumière des justes et des élus ne peut être contemplée que du Seigneur des esprits.
  • Cependant les puissants de ce monde ne seront point anéantis, ils seront livrés aux mains des justes et des saints.
  • Désormais plus de miséricorde pour eux de la part du Seigneur, car avec le temps de la vie, le temps de la clémence aura passé.
  • CHAPITRE 39

  • Dans ces jours-là la race sainte et bénie descendra des hauteurs des cieux, et sa génération habitera avec les fils des hommes. Enoch a reçu les livres de l’indignation et de la colère, les livres du trouble et de l’agitation.
  • Jamais ils n’obtiendront miséricorde, dit le Seigneur des esprits.
  • Alors la nuée m’enleva, et le vent me souleva sur la surface de la terre, et me transporta aux frontières des cieux.
  • Là j’eus une autre vision. Je vis la demeure et le séjour tranquille des saints. Oui, mes yeux eurent le bonheur de contempler leurs demeures avec celles des anges ; le séjour de leur repos avec celui des saints. Là il y avait des demandes, des prières, des supplications pour les enfants des hommes. La justice coule devant eux comme une onde pure, et la clémence se répand sur la terre comme une précieuse rosée. Et telle est leur existence pour l’éternité.
  • En ce temps-là donc mes yeux contemplèrent la demeure des élus, le séjour de la vérité, de la foi et de la justice.
  • Le nombre des saints et des élus de Dieu sera infini dans tous les siècles.
  • J’ai vu leur demeure placée sous les ailes du Seigneur des esprits. Tous les saints, tous les élus chantaient devant lui, brillant comme le feu ; leurs bouches étaient pleines des louanges de Dieu, et leurs lèvres s’ouvraient pour célébrer le nom du Seigneur des esprits. La justice se tenait debout devant lui.
  • Là je désirai rester, là mon âme soupira après cette demeure. Là était la portion de mon héritage, depuis le commencement ; car telle était sur moi la volonté du Seigneur des esprits.
  • En ce temps-là je célébrai et j’exaltai le nom du Seigneur des esprits, par des bénédictions et des louanges. Car tel est le bon plaisir du Seigneur des esprits.
  • Longtemps mes yeux contemplèrent ces demeures fortunées, et je louai Dieu, en disant : Béni soit-il, béni soit-il à jamais ! depuis le commencement, avant la création du monde, jusqu’à la fin des siècles.
  • Quel est ce monde ? Oui, de toutes les générations ils doivent te bénir, tous ceux qui ne dorment point dans la poussière, mais qui contemplent ta gloire, qui te célèbrent, te magnifient et te bénissent, en disant: Saint, saint, saint est le Seigneur des esprits, qui remplit de son immensité le monde entier des intelligences.
  • Là, mes yeux contemplèrent tous ceux qui ne sont point endormis devant lui, qui se tiennent debout devant lui, qui glorifient en disant : Béni sois-tu, béni soit le nom de Dieu à tout jamais ! Et ma face fut tout à coup changée, en sorte que je ne pouvais plus voir.
  • CHAPITRE 40

  • Après cela j’aperçus des milliers de milliers, des myriades de myriades, et un nombre infini d’hommes, qui se tenaient debout devant le Seigneur des esprits.
  • Sous les quatre ailes du Seigneur des esprits, à ses quatre côtés, j’en vis encore d’autres, outre les premiers, qui se tenaient devant lui. J’appris en même temps leurs noms, parce que les anges qui étaient avec moi me les expliquaient, m’en révélant tous les mystères.
  • Alors j’entendis la voix de ceux qui étaient aux quatre côtés ; ils célébraient le Seigneur de toute gloire.
  • La première voix célébrait le Seigneur des esprits dans tous les siècles.
  • La seconde voix que j’entendis célébrait l’élu et les élus qui sont tourmentés pour le Seigneur des esprits.
  • La troisième voix que j’entendis suppliait et priait pour ceux qui sont sur la terre, et qui invoquent le Seigneur des esprits.
  • La quatrième voix que j’entendis repoussait les anges impies, et leur défendait de se présenter devant le Seigneur des esprits afin qu’ils ne suscitent point d’accusations contre les habitants de la terre.
  • Après cela je demandai à l’ange de paix qui était avec moi, de m’expliquer tous ces mystères. Je lui dis : Quels sont ceux que j’ai vus aux quatre côtés du Seigneur, et dont j’ai entendu et écrit les paroles. Il me répondit : C’est d’abord saint Michel, l’ange clément et patient.
  • C’est ensuite saint Raphaël, l’ange qui préside aux douleurs et aux blessures des hommes.
  • Vient ensuite Gabriel, qui préside à tout ce qui est puissant. Enfin c’est Phanuel, qui préside à la pénitence et à l’espérance de ceux qui doivent hériter de la vie éternelle. Tels sont les quatre voix que tu viens d’entendre.
  • CHAPITRE 41

  • Ensuite je vis les secrets des cieux et du paradis dans toutes les parties, et les secrets des actions humaines, chacune selon leur poids et leur valeur. Je contemplai les habitations des élus, les demeures des saints. Là aussi mes yeux aperçurent tous les pécheurs qui ont repoussé et nié le Seigneur de gloire, et qui en ont été repoussés. Car le châtiment de leurs crimes n’avait pu encore être décrété par le Seigneur des esprits.
  • Là encore mes yeux contemplèrent les secrets de la foudre et du tonnerre, les secrets des vents, comment ils se divisent quand ils soufflent sur la terre ; les secrets des vents, de la rosée et des nuées. Je vis le lieu de leur origine, l’endroit d’où ils s’échappent, pour aller se rassasier de la poussière de la terre.
  • Là je vis les réceptacles d’où sortent les vents en se séparant ; les trésors de la grêle, les trésors de la neige, les trésors des nuages, et cette même nuée qui, avant la création du monde, planait sur la surface de la terre.
  • Je vis également les trésors de la lune, où ses phases prenaient naissance ; leur commencement, leur glorieux retour ; comme l’une est plus brillante que l’autre ; leur progrès éclatant, leur cours invariable, leur amitié entre elles, leur docilité, et leur obéissance qui les porte sur les pas du soleil, d’après l’ordre du Seigneur des esprits. Oh ! que son nom est puissant dans tous les siècles !
  • Ensuite fut achevé le sentier de la lune, tant sa partie cachée que sa partie visible, le parcours de son sentier aussi bien de jour que de nuit, chacune, l’une comme l’autre, tournait ses regards vers le Seigneur des esprits, l’exaltant et le louant sans interruption ; d’autant plus que louer est pour elles comme un temps de repos, mais dans le soleil ce sont des retours fréquents à la bénédiction et à la malédiction.
  • La lumière de la lune est pour les élus, comme les ténèbres sont pour les pécheurs ; telle est la volonté du Seigneur des esprits, qui a distingué la lumière des ténèbres, comme il a distingué les esprits des hommes, fortifiant ceux des justes de sa propre justice.
  • Et aucun ange ne les précédera, car aucun d’eux n’a reçu ce pouvoir. Quant au Seigneur, du haut de son trône, il voit toutes les créatures et les juge en souverain.
  • CHAPITRE 42

  • La sagesse n’a point trouvé sur la terre de demeure où reposer sa tête ; c’est pourquoi elle fait sa résidence dans le ciel.
  • La sagesse est descendue du ciel pour habiter avec les enfants des hommes, mais elle n’a point trouvé de demeure. Alors la sagesse est retournée vers son divin séjour, et a pris place au milieu des saints anges. Après sa retraite l’iniquité s’est présentée, et elle a trouvé une demeure, et elle a été reçue par les enfants des hommes, comme la pluie est reçue par le désert, comme la rosée est reçue par une terre desséchée.
  • CHAPITRE 43

  • Je vis une autre splendeur, et les étoiles du ciel. Je remarquai qu’il les appelait toutes par leur nom, et qu’elles répondaient à son appel. Je le vis qui les pesait dans sa balance de justice, selon leur lumière, la grandeur des espaces qu’elles parcourent, et le jour où elles doivent apparaître ou s’éclipser. La splendeur engendre la splendeur, et leurs mouvements correspondent à ceux des anges et des fidèles.
  • Alors j’intérrogeai l’ange qui était avec moi, et qui m’expliquait les mystères, et je lui demandai quels étaient leurs noms. Il me répondit : <<Le Seigneur des esprits t’en a fait voir une image. Ce sont les noms des justes, qui sont sur la terre, et qui croient au nom du Seigneur des esprits dans tous les siècles.>>
  • CHAPITRE 44

    1. Je vis encore une autre chose remarquable par sa splendeur ; elle émanait des étoiles, et devenait brillante, mais elle ne s’en séparait point.

    CHAPITRE 45

  • Parabole seconde, qui s’adresse à ceux qui nient le nom et la demeure des saints et du Seigneur des esprits.
  • Ils ne monteront point au ciel ; ils ne descendront point sur terre. Voilà quel sera le sort des pécheurs qui renient le nom du Seigneur des esprits ; ils seront réservés pour le jour du châtiment et de vengeance.
  • En ce jour l’Elu siégera sur un trône de gloire. Il statuera sur leur sort, et, confirmant par sa présence les esprits des saints, il assignera une demeure à ceux qui ont mis leur confiance et leur amour dans son nom saint et glorieux.
  • En ce jour, je placerai mon élu au milieu d’eux, je changerai la face du ciel, je l’illuminerai pour l’éternité.
  • Je changerai aussi la face de la terre, je la bénirai ainsi que tous ceux que j’ai choisis, et que je ferai habiter sur la terre, mais pour ceux qui ont commis l’iniquité, ils n’y demeureront plus, car je les ai vus et remarqués. Mais les justes, je les rassasierai de ma paix, je les placerai devant moi ; aux pécheurs la damnation éternelle ; ils seront effacés de dessus la terre.
  • CHAPITRE 46

  • Là je vis l’Ancien des jours, dont la tête était comme de la laine blanche, et avec lui un autre, qui avait la figure d’un homme. Cette figure était pleine de grâce, comme celle d’un des saints anges. Alors j’interrogeai un des anges qui était avec moi, et qui m’expliquait tous les mystères qui se rapportent au Fils de l’homme. Je lui demandais qui il était, d’où il venait, et pourquoi il accompagnait l’Ancien des jours ?
  • Il me répondit en ces mots : <<Celui-ci est le Fils de l’homme, à qui toute justice se rapporte, avec qui elle habite, et qui tient la clef de tous les trésors cachés ; car le Seigneur des esprits l’a choisi de préférence, et il lui a donné une gloire au-dessus de toutes les créatures.>>
  • Ce Fils de l’homme que tu as vu, arrachera les rois et les puissants de leur couche voluptueuse, les sortira de leurs terres inébranlables ; il mettra un frein aux puissants, il brisera les dents des pécheurs.
  • Il chassera les rois de leurs trônes et de leurs royaumes, parce qu’ils refusent de l’honorer, de publier ses louanges et de s’humilier devant celui à qui le royaume a été donné. Il mettra le trouble dans la race des puissants ; il les forcera de se coucher devant lui. Les ténèbres deviendront leur demeure, et les vers seront les compagnes de leur couche ; point d’espérance pour eux de sortir de ce lit immonde, car ils n’ont pas consulté le nom du Seigneur des esprits.
  • Ils mépriseront les astres du ciel, et lèveront les mains contre le Tout-Puissant ; leurs pensées ne seront tournées que vers la terre, dont ils voudraient faire leur demeure éternelle ; et leurs oeuvres ne seront que les oeuvres de l’iniquité. Ils mettront leurs joies dans leurs richesses, et leur confiance dans des dieux fabriqués de leurs propres mains. Ils refuseront d’invoquer le Seigneur des esprits ; ils le chasseront de ses temples,
  • Ainsi que les fidèles qui seront persécutés pour le nom du Seigneur des esprits.
  • CHAPITRE 47

  • En ce jour-là, les prières des saints monteront de la terre jusqu’au pied du trône du Seigneur des esprits.
  • Dans ce jour, les saints qui habitent au-dessus des cieux se rassembleront, et d’une voix unanime, ils prieront, ils supplieront, ils célébreront, ils loueront, ils exalteront le nom du Seigneur des esprits, à cause du sang des justes, répandu pour lui ; et ces prières des justes s’élèveront incessamment vers le trône du Seigneur des esprits, afin qu’il leur rende enfin justice, et que sa patience pour les méchants ne soit point éternelle.
  • Dans ce temps, je vis l’Ancien des jours, assis sur le trône de sa gloire. Le livre de la vie était ouvert devant lui, et toutes les puissances du ciel se tinrent debout devant lui et autour de lui.
  • Alors les coeurs des saints étaient inondés de joie, parce que le temps de la justice était arrivé, que la prière des saints avait été entendue, et que le sang des justes avait été apprécié par le Seigneur des esprits.
  • CHAPITRE 48

  • Dans ce temps-là, j’aperçus la source de la justice, qui ne tarissait jamais, et d’où s’émanaient une multitude de petits ruisseaux, qui étaient les ruisseaux de la sagesse. C’est là que tous ceux qui avaient soif venaient boire, et ils se trouvaient soudain remplis de sagesse, et ils faisaient leur demeure avec les justes, les élus et les saints.
  • Et à cette heure, le Fils de l’homme fut invoqué devant le Seigneur des esprits, et son nom devant l’Ancien des jours.
  • Et avant la création du soleil et des astres, avant que les étoiles ne fussent formées au firmament, on invoquait le nom du Fils de l’homme devant le Seigneur des esprits. Il sera le bâton des justes et des saints, il s’appuieront sur lui, et ils ne seront point ébranlés ; il sera la lumière des nations.
  • Il sera l’espérance de ceux dont le coeur est dans l’angoisse. Tous ceux qui habitent sur la terre se prosterneront devant lui, et l’adoreront ; ils le célébreront, ils le loueront ; ils chanteront les louanges du Seigneur des esprits.
  • Ainsi l’Élu et le Mystérieux a été engendré, avant la création du monde, et son existence n’aura point de fin.
  • Il vit en sa présence, et il a révélé aux saints et aux justes la sagesse du Seigneur des esprits : car c’est lui qui leur conserve la portion de leur héritage. Car ils ont haï et repoussé loin d’eux ce monde d’iniquité, ils ont détesté ses oeuvres et ses voies, et n’ont voulu invoquer que le nom du Seigneur des esprits.
  • Aussi c’est par ce nom qu’ils seront sauvés, et sa volonté sera leur vie. Dans ces jours-là, les rois et les puissants de la terre qui auront conquis le monde par la force de leurs bras, seront humiliés.
  • Car au jour de l’anxiété et du trouble, leurs âmes ne seront point sauvées, mais ils seront soumis à ceux que j’ai choisis.
  • Je les jetterai comme on jette la paille dans le feu, comme on précipite le plomb dans l’eau. Ils brûleront en présence des justes, ils seront submergés aux yeux des saints, et on n’en trouvera pas même la dixième partie.
  • Mais au jour de leur trouble, la paix règnera sur la terre.
  • Ils tomberont en sa présence, et ne se relèveront plus ; et il n’y aura personne qui puisse l’arracher de ses mains et le secourir ; car ils ont repoussé le Seigneur des esprits et son Messie. Que le nom du Seigneur des esprits soit béni.
  • CHAPITRE 48

  • La sagesse s’écoule comme de l’eau, et la gloire devant lui est intarissable dans tous les siècles des siècles, car il est puissant dans tous les mystères de la justice.
  • Mais l’iniquité passe comme l’ombre, pour elle point de demeure stable, car l’Elu se tient debout devant le Seigneur des esprits, et sa gloire dure dans les siècles des siècles, et sa puissance est éternelle.
  • Avec lui habite l’esprit de la sagesse et de l’intelligence, l’esprit de savoir et de puissance, les esprits de ceux qui dorment dans la justice : il juge et discerne les choses les plus cachées.
  • Personne ne peut prononcer un seul mot devant lui, car l’Elu est devant la face du Seigneur des esprits, selon son bon plaisir.
  • CHAPITRE 49

  • Dans ces jours, les saints et les élus auront leur tour. La lumière du jour habitera en eux, et la splendeur et la gloire les illuminera.
  • Dans les jours de trouble, tous les maux fondront sur les pécheurs, mais les justes triompheront au nom du Seigneur des esprits.
  • D’autres comprendront enfin qu’il leur faut se repentir et en finir avec les oeuvres mauvaises de leurs mains ; ils comprendront qu’ils n’ont pas à attendre de louanges devant le Seigneur des esprits, mais qu’ils peuvent encore être sauvés par son nom. Le Seigneurs des esprits exercera sa miséricorde sur eux ; car, grande est sa clémence et la justice est en ses jugements, et il n’y a point d’iniquité. Aussi quiconque ne fera point pénitence, périra.
  • Non, ils n’auront plus de grâce à attendre de moi, dit le Seigneur.
  • CHAPITRE 50

  • Dans ces jours-là, la terre rendra de son sein et l’enfer du sien ce qu’ils ont reçu, et l’abîme rendra ce dont il est redevable.
  • Ils séparera les justes et les saints des méchants, car ce sera pour les premiers des jours de grâce et de salut.
  • Dans ces jours, l’Elu siègera sur son trône, et tous les secrets de la sagesse et de l’intelligence s’échapperont de sa bouche ; car le Seigneur des esprits l’a doté d’une gloire éternelle.
  • Dans ces jours, les montagnes tressailleront comme des béliers, et les collines bondiront comme des agneaux rassasiés de lait, et les justes seront des anges dans le ciel.
  • Leur visage resplendira d’une joie ravissante ; car dans ces jours, l’Elu sera exalté ; la terre tressaillera d’allégresse, les justes l’habiteront, et les élus la fouleront de leurs pieds innocents.
  • CHAPITRE 51

  • Après ce temps, dans le lieu même où j’avais vu tant de mystères, je fus enlevé par un tourbillon et emporté vers l’occident.
  • Là, mes yeux aperçurent les secrets du ciel et ceux de la terre ; une montagne de fer, une montagne d’airain, une montagne d’argent, une montagne d’or, une montagne d’un métal liquide, enfin une montagne de plomb.
  • Et j’interrogeai l’ange qui était avec moi, et je lui dis ; Que signifient ces choses que je viens d’apercevoir ?
  • Et l’ange me répondit : Toutes ces choses que tu as vues, regardent l’empire du Messie, et sont un symbole de son règne et de sa puissance sur la terre.
  • Et cette ange de paix me répondit encore : Patience encore un peu de temps, et tu verras, et il te sera révélé toutes les choses qu’a décrétées la sagesse du Seigneur des esprits. Ces montagnes que tu as aperçues, et qui sont l’une d’airain, l’autre de fer, la troisième d’argent, la quatrième d’or, la cinquième d’un métal liquide, la sixième enfin, de plomb ; toutes ces montagnes, dis-je, seront en la présence de l’Elu, comme un gâteau de miel devant une fournaise ardente, ou comme l’eau qui coule du haut d’une montagne ; elles tomberont à ses pieds.
  • Dans ces jours-là, les hommes ne trouveront leur salut ni dans l’or ni l’argent.
  • Ils ne pourront ni fuir ni se défendre.
  • Alors il n’y aura plus d’armes à fabriquer avec l’airain ni de cuirasse pour protéger la poitrine.
  • Le fer deviendra inutile : cela même ne servira à rien qui ne se rouille ni ne s’use, et le plomb ne sera plus recherché.
  • Tout sera rejeté, tout sera effacé de dessus la terre, quand l’Elu apparaîtra en la présence du Seigneur des esprits.
  • CHAPITRE 52

  • Alors, mes yeux aperçurent une vallée profonde dont l’entrée était vaste et spacieuse.
  • Tous ceux qui habitent sur la terre, dans la mer et dans les îles, y apporteront leurs tributs et leurs présents, et cependant rien ne pourra en combler la profondeur. Leurs mains commettront l’iniquité. Tout ce que les nobles labeurs des justes auront produits, les pécheurs le dévoreront honteusement. Mais ils périront de la face du Seigneur des esprits, et de la face de la terre elle-même. Quant aux justes ils se relèveront et ils vivront dans tous les siècles des siècles.
  • Je vis les anges des châtiments qui y habitaient et qui préparaient les instruments de Satan.
  • Alors j’intérrogeai l’ange de la paix, qui était avec moi, et je lui demandai pour qui ces instruments ?
  • Il me répondit : Ils sont préparés pour les rois et les puissants de la terre ; c’est par là qu’ils doivent périr.
  • Ensuite apparaîtra le temple auguste où les élus et les justes se réuniront pour ne plus se séparer, par la vertu du nom du Seigneur des esprits.
  • Ces montagnes ne subsisteront point en sa présence, pas plus que la terre et les collines ; mais elles s’écouleront devant lui comme des sources d’eau vive. Les justes seront alors délivrés des persécutions des pécheurs.
  • CHAPITRE 53

  • Alors je vis une autre partie de la terre, vers laquelle je me tournai, et j’aperçus une vallée profonde tout embrasée.
  • A cette vallée les rois et les puissants étaient conduits.
  • Là, mes yeux virent des instruments de supplice, des chaînes d’un fer sans pesanteur.
  • Alors j’intérrogeai l’ange de paix qui était avec moi, et je lui dis : Pour qui réserve-t-on ces chaînes et ces instruments de supplice ?
  • Il me répondit : Tous ces tourments sont préparés pour l’armée d’Azazyel ; c’est là que ses soldats impies seront précipités sur des pierres aiguës ; ainsi le veut le Seigneur des armées.
  • Quant à Michel, Gabriel, Raphaël et Phanuel, ils seront confirmés en ce jour ; et ils seront chargés de jeter dans la fournaise ardente les anges rebelles ; c’est ainsi que sera vengé le Seigneur des esprits ; c’est ainsi que leurs crimes seront punis ; car ils se sont faits les ministres et les serviteurs de Satan, ils sont devenus les séducteurs de ceux qui demeurent sur la terre.
  • En ce jour, le Seigneur donnera le signal du supplice ; les réservoirs d’eau qui sont sur le ciel, s’ouvriront ainsi que les sources qui sont sous le ciel et sous la terre.
  • Toutes les eaux, tant supérieures qu’inférieures, seront confondues.
  • L’eau supérieure remplira le rôle de l’homme.
  • L’eau inférieure, celui de la femme ; tous ceux qui habitent la terre, tous ceux qui habitent sur les confins du ciel, tous, dis-je, seront exterminés.
  • Ils comprendront, par la grandeur du châtiment, la grandeur de leur iniquité, et ils périront.
  • CHAPITRE 54

  • Et puis l’Ancien des jours se repentit, et il dit : C’est en vain que j’ai détruit tous les habitants de la terre.
  • Et il jura par son grand nom, en disant : Non, je n’agirai plus ainsi avec les habitants de la terre.
  • Mais je placerai un signe dans le ciel, et il sera un témoin entre eux et moi, pour l’éternité, pour tout le temps que durera le ciel et la terre.
  • De plus, voici ce que j’ai résolu : si je veux les surprendre, je me servirai des anges comme d’instruments de vengeance, au jour de l’affliction et du trouble, et ma colère s’appesantira sur eux, dit le Seigneur des esprits.
  • O rois, ô puissants de ce monde, vous verrez mon Elu assis sur le trône de ma gloire ; il jugera Azazyel, tous ses complices et toutes ses cohortes, au nom du Seigneur des esprits.
  • Là je vis les compagnies des anges au milieu des supplices, enfermés dans des rets de fer et d’airain. Alors, je demandai à l’ange de paix qui était avec moi : Vers qui vont tous ces prisonniers ?
  • Il me dit : Vers chacun de leurs élus et enfants bien-aimés, afin qu’ils soient tous précipités dans les profondeurs de la vallée.
  • Et cette vallée sera remplie de leurs élus et de leurs bien-aimés, dont les jours sont terminés, sans doute, mais dont les jours d’erreurs ne doivent point finir.
  • Alors les princes se réuniront et conspireront ensemble. Les principaux de l’Orient, parmi les Parthes et les Mèdes, chasseront les rois, dominés par l’esprit de vertige et d’erreur. Ils les renverseront de leurs trônes, bondissant comme des lions hors de leurs repaires, et comme des loups affamés au milieu des troupeaux.
  • Ils s’avanceront et fouleront sous leurs pas la terre de leurs élus. La terre de leurs élus s’étendra devant eux ; l’aire, la voie et la ville de mon juste arrêtera leurs coursiers. Ils se lèveront pour se détruire mutuellement ; leur droite sera fortifiée et nul homme ne reconnaîtra son frère ou son ami.
  • Ni son père ni sa mère, jusqu’à ce que le nombre des cadavres ait été complété par leur mort et leur châtiment. Et ce sera justice.
  • Dans ces jours, l’abîme ouvrira sa gueule dévorante, et engloutira les pécheurs qui disparaîtront ainsi devant la face des élus.
  • CHAPITRE 55

  • Après cela, j’aperçus une autre armée de chars, et ces chars étaient pleins de guerriers.
  • Portés sur l’aile des vents, ils venaient de l’Orient, de l’Occident et du Midi.
  • On entendait au loin le bruit de leurs chars roulant.
  • Et ce bruit était si grand, que les saints l’entendirent du ciel ; les colonnes et les fondements de la terre en furent ébranlées, et le bruit retentit en même temps des extrémités de la terre jusqu’à celles du ciel.
  • Alors tous se prosternèrent et adorèrent le Seigneur des esprits.
  • Ceci est la fin de la deuxième parabole.
  • CHAPITRE 5 6

  • Alors je commençai à produire la troisième parabole, au sujet des justes et des élus.
  • Soyez bénis justes et élus, car votre destinée est glorieuse.
  • Les justes demeureront dans la lumière du soleil, et les élus dans la lumière de la vie éternelle, de cette vie dont les jours n’ont point de déclin ; les jours des saints ne seront point comptés ; ils ont cherché la lumière, ils ont trouvé la justice du Seigneur des esprits.
  • Paix soit donc aux saints par le Seigneur du monde.
  • Dès ce moment, on dira que les justes cherchent dans le ciel les secrets de la justice, et la part d’héritage que la foi leur promet. Car ils se sont levés comme le soleil sur la terre et les ténèbres ont disparu. Là, il y aura une lumière sans fin, et des jours innombrables. Les ténèbres seront dissipées, et la lumière grandira devant le Seigneur des esprits ; la lumière de la justice brillera sur eux d’un éclat sans pareil.
  • CHAPITRE 57

  • Dans ces jours-là mes yeux aperçurent les secrets des éclairs et des foudres et leur jugement.
  • Ils brillent tantôt pour bénir tantôt pour maudire, suivant la volonté du Seigneur des esprits.
  • Je vis aussi les secrets du tonnerre, quand il tonne dans le ciel, et que la terre en retentit.
  • Je vis encore les habitations de la terre. Quant au tonnerre, si parfois il gronde pour annoncer la paix et pour bénir, il gronde aussi souvent pour les malédictions, suivant la volonté du Seigneur des esprits.
  • Ensuite je compris tous les secrets des foudres et des éclairs. L’un et l’autre annoncent au monde la bénédiction et la fertilité.
  • CHAPITRE 58

  • Au quatorzième jour du septième mois de la cinq centième année de la vie d’Enoch, je vis dans cette parabole que le ciel des cieux fut ébranlé, et que les puissances très élevées, que des milliers de milliers et des myriades de myriades d’anges étaient dans une très grande agitation. Et en regardant, je vis l’Ancien des jours assis sur son trône de gloire, et entouré des anges et des saints. Je fus saisi d’une grande frayeur, et comme frappé de stupéfaction ; mes jambes se dérobèrent sous moi, et je tombai prosterné la face contre terre. Alors l’ange saint Michel, autre saint ange, fut envoyé pour me relever.
  • Et quand je fus debout, je repris les sens que j’avais perdus, ne pouvant supporter cette vision trop forte pour ma faiblesse, et les agitations et ce tressaillement du ciel.
  • Alors saint Michel me dit : Pourquoi te troubles-tu de cette vision ?
  • Jusqu’aujourd’hui, c’était le temps de sa miséricorde et il a été miséricordieux et patient envers les habitants de la terre.
  • Mais quand viendront le jour et les puissances, le châtiment et le jugement que le Seigneur des esprits a préparés pour ceux qui s’inclinent devant le jugement de la justice et pour ceux qui nient le jugement de la justice et pour ceux qui prononcent son nom en vain :
  • Ce jour sera pour les élus un jour d’alliance, pour les pécheurs un jour de châtiment.
  • Dans ce jour on fera sortir pour se repaître des méchants deux monstres, l’un mâle, l’autre femelle ; la femelle s’appelle Léviathan ; il habite dans les entrailles de la mer, sur les sources des eaux.
  • Le monstre mâle se nomme Behemoth ; il roule dans un désert invisible ses replis tortueux.
  • Son nom était Dendagin à l’orient du jardin où habiteront les élus et les justes, et où fut placé mon aïeul, le septième après Adam, le premier homme créé par le Seigneur des esprits.
  • Alors je demandai à l’autre ange qu’il me montre la puissance de ces monstres, et comment ils avaient été séparés dans le même jour pour être précipités, l’un dans le fond de la mer, l’autre dans le fond d’un désert.
  • Et il me dit : O fils de l’homme, tu veux savoir les choses mystérieuses et cachées.
  • Et l’ange de la paix qui était avec moi me dit : Ces deux monstres sont des créatures de la puissance divine, ils doivent dévorer ceux qu’aura punis la vengeance de Dieu.
  • Alors les enfants tomberont avec leurs mères, les fils avec leurs pères.
  • Et ils recevront le châtiment qu’ils auront mérité, et la justice de Dieu sera satisfaite, mais après ce jugement viendra l’heure de la miséricorde et de la longanimité.
  • CHAPITRE 5 9

  • Alors l’autre ange qui était avec moi, me parla,
  • Et me révéla les premiers et les derniers secrets sur le ciel et sur la terre,
  • Sur les confins du ciel, et dans ses fondements, dans les réceptacles des vents ;
  • Il montra comment leurs souffles sont divisés et pesés, comment les vents et les fontaines sont classés, d’après leur énergie et leur abondance.
  • Il me fit voir l’éclat de la lumière de la lune, c’est une puissance de justice ; comment des étoiles se subdivisent entre elles, et quel nom est propre à chacune.
  • Il me montra encore les tonnerres distingués aussi entre eux, par le poids, par leur énergie, par leur puissance.
  • Je vis l’obéissance de ces fléaux célestes à sa divine volonté. J’appris que la lumière ne se séparait point de la foudre, et quoique l’un et l’autre soient unis par des esprits différents, ils n’en sont pas moins inséparables.
  • Car quand la foudre sillonne la nue, le tonnerre gronde, mais leurs esprits s’arrêtent au moment opportun, et font un juste équilibre ; leurs trésors sont aussi nombreux que les grains de sable. L’un et l’autre s’apaisent quand il le faut, et suivant les circonstances, ils compriment leurs forces ou ils les déchaînent.
  • Également l’esprit de la mer est puissant et fort, et de même qu’une puissance prodigieuse la retire en arrière avec une bride, de même elle est chassée en avant et dispersée contre les montagnes. L’esprit des frimas, c’est son ange ; l’esprit de la grêle est un bon ange ainsi que l’esprit de la neige, à cause de sa force, et il y a en elle principalement un esprit qui en fait élever comme de la fumée, et son nom est fraîcheur.
  • L’esprit des nuages n’habite point avec ceux dont je viens de parler, mais il a sa demeure particulière ; sa marche s’opère dans la splendeur,
  • Dans la lumière et dans les ténèbres, dans l’hiver et dans l’été son séjour est splendide, et son ange est toujours lumineux.
  • L’esprit de la rosée fait sa demeure sur les confins mêmes des cieux, son séjour est voisin de celui de la pluie ; son empire s’exerce pendant l’hiver, pendant l’été. Quant aux nuages, voici leur origine : une première nuée est produite, elle s’en adjoint plusieurs autres ; bientôt elles s’amoncellent portant la pluie dans leurs humides flancs ; alors l’ange apparaît, il ouvre les trésors supérieurs, et la pluie est ainsi créée.
  • Même chose arrive quand la pluie se répand sur la face de la terre, qu’elle va se réunir à toutes les eaux qui coulent dans son sein, après l’avoir fécondée ; car les eaux sont la nourriture de la terre, telle est la volonté du Très-Haut.
  • Voilà pourquoi il y a des limites à la pluie et les anges qui y procèdent, la répartissent avec une juste mesure.
  • Je vis toutes ces merveilles, aussi bien que le jardin des justes.
  • CHAPITRE 60

  • Dans ces jours je vis des anges qui tenaient de longues cordes, et qui, portés sur leurs ailes légères, volaient vers le septentrion.
  • Et je demandai à l’ange pourquoi ils avaient en mains ces longues cordes, et pourquoi ils s’étaient envolés. Il me répondit : Ils sont allés mesurer.
  • L’ange qui était avec moi, me dit encore : Ce sont les mesures des justes ; ils apporteront les cordes des justes, afin qu’ils s’appuient sur le nom du Seigneur des esprits à jamais.
  • Les élus commenceront à habiter avec l’Elu.
  • Voilà les mesures qui seront données à la foi, et qui confirmeront la parole de la justice.
  • Ces mesures révéleront tous les secrets dans les profondeurs de la terre.
  • Et il arrivera que ceux qui ont péri dans le désert, qui ont été dévorés par les poissons de la mer ou par les bêtes sauvages reviendront pleins d’espérance dans le jour de l’Elu ; car personne ne périra en la présence du Seigneur des esprits, personne ne peut périr.
  • Et tous ceux qui étaient dans le ciel, ont reçu l’empire et la jouissance ; la gloire et la splendeur.
  • Ils loueront par leur voix l’Elu de Dieu, et ils l’exalteront et le loueront avec sagesse, et ils feront voir leur sagesse dans la parole et dans l’esprit de la vie.
  • Alors le Seigneur des esprits plaça son élu sur le trône de sa gloire.
  • Pour qu’il juge toutes les oeuvres des saints, du haut des cieux, et pèse leurs actions dans la balance de la justice. Et quand il élèvera sa face pour discerner les voies secrètes, qu’ils ont
  • suivies, confiant dans le nom du Seigneur des esprits, et leurs progrès dans les sentiers de la justice.
  • Tous réuniront leurs voix, le béniront, le loueront, l’exalteront, le célébreront au nom du Seigneur des esprits.
  • Et il appellera à son tribunal toutes les puissances des airs et tous les saints, les chérubins, les séraphins et les ophanims, tous les anges de la puissance, tous les anges des dominations, c’est-à-dire les anges de l’Elu, et les autres puissances, qui au premier jour planaient sur les eaux.
  • D’une voix unanime ils les exalteront, les béniront, les loueront, les célébreront, les magnifieront ces esprits de foi, ces esprits de sagesse et de patience, ces esprits de clémence, ces esprits de justice et de paix, ces esprits de bienveillance ; tous s’écrieront à la fois : Béni sot-il ; que le nom du Seigneur des esprits soit béni. Tous ceux qui ne dorment point, le loueront dans les cieux.
  • Tous le loueront, les saints dans le ciel, les élus qui vivent dans le jardin, et tout esprit de lumière, capable de bénir, de louer, d’exalter, de célébrer ton sacré nom ; toute chair, toute puissance, louera et célébrere ton nom dans les siècles des siècles.
  • Car la miséricorde du Seigneur des esprits est grande, grande est sa patience, et il a révélé ses oeuvres, sa puissance, et tout ce qu’il est aux saints et aux élus, au nom du Seigneur des esprits.
  • CHAPITRE 61

  • Le Seigneur a commandé aux rois, aux princes, aux puissants, à tous ceux qui habitent sur la terre, en disant : Ouvrez les yeux, levez au ciel vos fronts, et essayer de comprendre l’Elu.
  • Et le Seigneur des esprits siégeait sur son trône de gloire.
  • Et l’esprit de justice était répandu autour de lui.
  • Le verbe de sa bouche exterminera tous les pécheurs et tous les impies ; aucun d’eux ne subsistera devant lui.
  • Dans ce jours les rois, les princes, les puissants, et ceux qui possèdent la terre se lèveront, verront, et comprendront ; ils le verront assis sur son trône de gloire, et devant lui les saints qu’il jugera dans sa justice.
  • Et rien de ce qui sera dit devant lui, ne sera vain.
  • Alors le trouble les saisira, ils seront semblables à une femme surprise par les douleurs de l’enfantement, dont le travail est pénible, dont la délivrance est difficile.
  • Ils se regarderont les uns les autres ; et dans leur stupeur ils baisseront le visage.
  • Et ils seront frappés d’effroi quand ils verront le Fils de la femme assis sur son trône de gloire.
  • Alors les rois, les princes, et tous ceux qui possèdent la terre, célébreront celui qui les gouverne tous, celui qui était caché. Car depuis le commencement le Fils de l’homme était caché ; le Très-Haut le retenait en présence de sa puissance et ne le révélait qu’aux élus.
  • C’est lui qui a rassemblé les saints et les élus ; aussi tous les élus seront-ils devant lui en ce jour.
  • Tous les rois, les princes, les puissants, et ceux qui gouvernent sur la terre, se prosterneront devant lui, et l’adoreront.
  • Ils mettront leur espérance dans le Fils de l’homme, ils lui adresseront leurs prières, et invoqueront sa miséricorde.
  • Alors le Seigneur des esprits se hâtera de les chasser de sa présence. Leurs visages seront alors pleins de confusion, et se couvriront de ténèbres épaisses. Puis les anges des châtiments célestes les saisiront, et la vengeance de Dieu s’appesantira sur ceux qui ont persécuté ses enfants et ses saints. Exemple terrible pour les saints et pour les élus, qui se réjouiront de cette justice infinie ; car la colère du Seigneur des esprits persévérera sur eux.
  • Alors le glaive du Seigneur des esprits se rassasiera du sang des méchants ; mais les saints et les élus seront sauvés dans ce jour, et n’auront plus devant les yeux le spectacle des méchants et des impies.
  • Le Seigneur des esprits planera seul désormais sur eux.
  • Et ils habiteront avec le Fils de l’homme, ils mangeront, ils dormiront, ils se lèveront avec lui dans les siècles des siècles.
  • Les saints et les élus s’élèveront de la terre ; ils cesseront de baisser les yeux, en signe de dépendance et d’humilité ; ils seront revêtus d’un vêtement de vie. Ce vêtement de vie leur est commun avec le Seigneur des esprits : en sa présence votre vêtement ne vieillira point et votre gloire n’aura point de déclin.
  • CHAPITRE 6 2

  • Dans ces jours-là, les rois, les puissants et ceux qui possèdent la terre, imploreront les anges des châtiments célestes auxquels ils auront été livrés, de leur donner quelque repos, pour se prosterner devant le Seigneur des esprits et pour l’adorer et confesser leurs péchés.
  • Ils loueront et célébreront le Seigneur des esprits, en disant : Béni soit le Seigneur des esprits, le Roi des rois, le Prince des princes, le Seigneur des seigneurs, le Seigneur de la gloire, le Seigneur de la sagesse.
  • Il mettra au jour tout ce qui est secret.
  • Ta puissance est dans les siècles des siècles, ainsi que ta gloire.
  • Tes secrets sont profonds et innombrables, et ta justice est incommensurable.
  • Ah ! nous voyons maintenant qu’il nous faut célébrer et louer le Roi des rois, celui qui est le maître absolu de toutes choses.
  • Et ils diront : Qui nous a donné quelque soulagement à nos maux pour célébrer, pour louer, pour bénir, pour confesser nos péchés et nos crimes en présence de sa gloire ?
  • Le soulagement que nous demandons est de quelques instants, et cependant nous ne pouvons l’obtenir ; notre lumière s’est éteinte pour l’éternité, et les ténèbres nous environnent à jamais.
  • Car nous ne l’avons pas confessé, nous n’avons pas célébré le nom du Roi des rois, nous n’avons pas glorifié le Seigneur dans toutes ses oeuvres ; mais nous avons mis notre confiance dans notre puissance et dans le sceptre de notre gloire.
  • Aussi, au jour de la douleur et de l’effroi, il ne nous sauvera pas, et nous ne trouverons point de repos. Nous le comprenons maintenant, le Seigneur est fidèle dans toutes ses oeuvres, dans tous ses jugements, dans sa justice.
  • Dans ses jugements, il ne fait point acception de personne ; et voici que nous sommes repoussés loin de sa présence, à cause de nos mauvaise oeuvres.
  • Nos péchés ne sont que trop bien pesés !
  • Puis ils se diront les uns aux autres : Nos âmes se sont rassasiées des richesses de l’iniquité.
  • Et voici qu’elles ne nous sont d’aucun secours dans ce moment que nous descendons dans les flammes de l’enfer.
  • Alors leurs visages seront remplis de ténèbres et de confusion en présence du Fils de l’homme ; et ils seront repoussés loin de lui, car devant lui le glaive de la justice se dressera pour les exterminer.
  • Et le Seigneur a dit : Voilà ce qu’a décrété ma justice contre les princes, les rois, les puissants, et ceux qui possèdent la terre.
  • CHAPITRE 63

    1. Je vis encore d’autres visions dans ce lieu désert. J’entendis la voix de l’ange qui disait : Voici les anges qui sont descendus du ciel sur la terre, qui ont révélé les secrets aux fils des l’hommes, et leur ont enseigné à connaître l’iniquité.

    CHAPITRE 64

  • Dans ce temps-là, Noé vit la terre s’incliner et menacer ruine.
  • C’est pourquoi il se mit en route et se dirigea vers les limites de la terre, du côté de l’habitation de son aïeul Enoch.
  • Et Noé s’écria trois fois d’une voix amère : Écoute-moi, écoute-moi, écoute-moi ! Et il lui dit : Dis-moi ce qui se passe sur la terre, car elle paraît souffrir et être violemment tourmentée; assurément je périrai avec elle.
  • En effet, il y avait une grande pertubation sur la terre, et une voix fut entendue du ciel. Je tombai la face contre terre ; alors mon aïeul Enoch vint et se tint devant moi.
  • Et il me dit : Pourquoi m’as-tu appelé d’une voix si amère et si lamentable ?
  • Le Seigneur a décidé dans sa justice que tous les habitants de la terre périraient, parce qu’ils connaissaient tous les secrets des anges, qu’ils ont en leurs mains la puissance ennemie des démons, la puissance de la magie, et ceux qui fondent des idoles sur toute la terre.
  • Ils savent comment l’argent se tire de la poussière de la terre, comment il existe dans le sol des lames métalliques ; car le plomb et l’étain ne sont point les fruits de la terre ; il faut aller les chercher jusque dans ses entrailles.
  • Et un ange a été préposé à leur garde, qui s’est laissé corrompre.
  • Alors mon aïeul Enoch me prit par la main, et, me relevant, il me dit : Va ! car j’ai consulté le Seigneur sur cette perturbation de la terre, et il m’a répondu : Ils ont rempli la coupe de leur impiété, et ma justice crie vengeance ! Ils ont consulté les lunes, et ils ont connu que la terre devrait périr avec tous ses habitants. Ils ne trouveront point de refuge dans l'éternité.
  • Ils ont découvert des secrets qu’ils ne devaient point connaître ; voilà pourquoi ils seront jugés ; mais pour toi, mon fils, le Seigneur des esprits connaît ta pureté et ton innocence ; il sait que tu blâmes la révélation des secrets.
  • Le Seigneur, le Saint par excellence, a conservé ton nom au milieu de celui des saints ; il te conservera pur de la corruption des habitants de la terre. Il te donnera à tes descendants des royaumes et une grande gloire, et il naîtra de toi une race de justes et de saints dont le nombre sera infini.
  • CHAPITRE 65

  • Après cela, il me montra les anges des châtiments célestes, qui se disposaient à venir donner aux eaux de la terre toute leur violence,
  • Afin qu’elles servissent à la justice de Dieu et qu’elles fissent le supplice mérité de tous ceux qui habitent la terre.
  • Et le Seigneur des esprits défendit aux anges de porter aucun secours aux hommes.
  • Car ces anges présidaient à la puissance des eaux. Alors je me retirai de la présence d’Enoch.
  • CHAPITRE 66

  • Dans ces jours-là, la parole de Dieu se fit entendre à mon oreille ; elle disait : Noé voici : ton existence est montée jusqu’à moi, existence pure de crime, existence pleine d’amour et de justice.
  • Déjà les anges élèvent des prisons ; et dès qu’ils auront terminé cette tâche, j’étendrai ma main, et je te conserverai.
  • De toi sortira une semence de vie, qui renouvellera la terre ; afin qu’elle ne reste pas vide. Je confirmerai ta race devant moi, et la race de ceux qui habiteront avec toi sera béni et se multipliera sur la face de la terre, par la vertu du nom du Seigneur.
  • Quant aux anges qui ont commis l’iniquité, ils seront enfermés et jetés dans cette vallée ardente, que mon aïeul Enoch m’a montrée vers l’occident, où il y avait des montagnes d’or, d’argent, de fer, de métal liquide et d’étain.
  • J’ai vu cette vallée, et il y avait une grande confusion ; et les eaux en jaillissaient.
  • Et après que tout cela fut fait, il s’exhala, d’une masse fluide de feu, une forte odeur de soufre, avec des eaux jaillissantes, et la vallée des anges coupables de séduction brûlait sous cette terre.
  • Dans cette vallée il coulait aussi des fleuves de feu, dans lesquels étaient précipités les anges, qui avaient égaré les habitants de la terre.
  • En ces jours-là, elles serviront de guérison de l’âme et du corps aux rois, aux puissants, aux grands et à ceux qui habitent la terre, et, d’un autre côté, elles serviront pour la condamnation de l’esprit.
  • Leur esprit sera tout entier aux plaisirs, afin qu’ils soient jugés dans leurs corps, parce qu’ils ont méconnu le Seigneur des esprits, et que tout en prévoyant le châtiment qui les menace, ils n’en invoquent pas davantage son saint nom.
  • Et comme leurs corps subiront un supplice terrible, de même aussi leurs âmes auront à supporter une punition éternelle.
  • Car la parole du Seigneur des esprits a toujours son effet.
  • Son jugement fondra sur eux, parce qu’ils se sont confiés dans les voluptés de leurs corps, et qu’ils ont nié le Seigneur des esprits.
  • Dans ces jours les eaux de cette vallée seront changées ; quand les anges seront jugés, l’ardeur de ces sources prendra une intensité nouvelle.
  • Et quand les anges monteront, les eaux de ces sources se refroidiront après s’être échauffées. Alors j’entendis saint Michel qui me disait : Le jugement que subiront les anges menace également les rois, les princes et ceux qui possèdent la terre.
  • Car ces eaux, en donnant la vie aux esprits des anges, donneront la mort à leur corps. Mais ils ne comprendront pas, ils ne croiront pas que ces eaux rafraîchissantes puissent se changer en un brasier ardent, qui brûlera pendant toute l’éternité.
  • CHAPITRE 67

  • Après cela mon aïeul Enoch me donna la connaissance de tous les secrets contenus dans son live, et m’expliqua les paraboles qui lui avaient été révélées, me les dévéloppant au milieu des paroles du livre.
  • Dans ce temps saint Michel répondit et dit à Raphaël : Mon esprit se soulève et s’irrite contre la sévérité du jugement secret contre les anges ; qui pourra supporter un jugement aussi terrible, qui ne sera jamais modifié, qui doit les perdre pour l’éternité ?
  • La sentence a été prononcée contre eux par ceux qui les ont fait sortir de cette façon. Et il arriva que se tenant devant le Seigneur des esprits, saint Michel répondit, et dit à saint Raphaël : Quel coeur n’en serait point ému, quel esprit n’en aurait pas compassion ?
  • Puis saint Michel dit à saint Raphaël : Je ne les défendrai point en présence du Seigneur des esprits ; car ils ont offensé le Seigneur des esprits, en se conduisant comme des dieux ; aussi la justice suprême s’exercera sur eux pendant toute l’éternité.
  • Ni l’ange innocent, ni l’homme n’en sentiront les effets ; mais ceux-là seuls qui sont coupables, et dont la punition sera éternelle.
  • CHAPITRE 68

  • Après cela ils seront frappés de stupeur et d’effroi à cause du jugement porté sur eux, en punition des révélations qu’ils ont faites aux habitants de la terre.
  • Voici le nom des coupables : le 1er de tous est Semiâzâ, le 2e Arstikifâ, le 3e Armên, le 4e Kakabâel, le 5e Tur-êl, le 6e Rumiât, le 7e Dan-êl, le 8e Nukael, le 9e Barûq-êl, le 10e Azazêl, le 11e Armers, le 12e Batar-iâl, le 13e Basasaël, le 14e Auân-êl, le 15e Tur-iâl, le 16e Simâtisiêl, le 17e Ietar-êl, le 18e Tumâël, le 19e Tar-êl, le 20e Rumâël, le 21e Izêzéel.
  • Tels sont les noms des princes des anges coupables. Voici maintenant les noms des chefs de leurs centaines, de leurs cinquantaines et de leurs dizaines.
  • Le nom du premier est Yekum ; c’est celui qui séduisit tous les fils des saints anges, qui les poussa à descendre sur terre, pour procréer des enfants avec des êtres humains.
  • Le nom du second est Kesabel, qui inspira de mauvaises pensées aux fils des anges, et les poussa à souiller leurs corps en s’accouplant avec les filles des hommes.
  • Le nom du troisième est Gadrel ; c’est lui qui a révélé aux fils des hommes les moyens de donner la mort.
  • C’est lui qui séduisit Eve, et enseigna aux fils des hommes les instruments qui donnent la mort, la cuirasse, le bouclier, le glaive, et tout ce qui peut donner ou faire éviter la mort.
  • Ces instruments passèrent de ses mains dans celles des habitants de la terre, et ils y resteront à tout jamais.
  • Le nom du quatrième est Ténémue ; c’est lui qui révéla aux fils des hommes l’amertume et la douceur.
  • Et qui leur découvrit tous les secrets de la fausse sagesse.
  • Il leur enseigna l’écriture, et leur montra l’usage de l’encre et du papier.
  • Aussi par lui on a vu se multiplier ceux qui sont égarés dans leur vaine sagesse, depuis le commencement du monde jusqu’à ce jour.
  • Car les hommes n’ont point été créés pour consigner leur croyance sur du papier au moyen de l’encre.
  • Ils ont été créés pour imiter la pureté et la justice des anges.
  • Ils n’auraient point connu la mort, qui détruit tout ; c’est pourquoi la puissance me dévore.
  • Ils ne périssent que par leur trop grande science.
  • Le nom du cinquième est Kasyade ; c’est lui qui a révélé aux enfants des hommes tous les arts diaboliques et mauvais.
  • Ces moyens infâmes de tuer un enfant dans le sein de sa mère, ces arts qui se pratiquent par la morsure des serpents, par l’énergie, en plein midi, dans la semence du serpent qu’on nomme Tabaet.
  • Ceci est le nombre de Kesbel, le principal serment que le Tout-Puissant, du sein de sa gloire, a révélé aux saints.
  • Son nom est Beka. Celui-ci demanda à saint Michel de lui montrer le nom secret, afin d’en avoir l’intelligence, et afin de rappeler dans la mémoire le serment redoutable de Dieu ; et de faire trembler, à ce nom et à ce serment, ceux qui ont révélé aux hommes tous les secrets dangereux.
  • Tel est, en effet, l’office magique de ce serment ; il est redoutable et sans merci.
  • Et il mit ce serment d’Aka entre les mains de saint Michel.
  • Voici les effets de ce serment :
  • Par sa vertu magique, le ciel a été suspendu avant la création du monde.
  • Par lui, la terre s’est élevée sur les eaux ; et des parties cachées des collines les sources limpides jaillissent depuis la création du monde jusqu’en éternité.
  • Par ce serment, la mer a été fixée dans ses limites, et sur ses fondements.
  • Il a placé des grains de sable pour l’arrêter au temps de sa fureur ; et jamais elle ne pourra dépasser cette limite. Par ce serment redoutable, l’abîme a été creusé, et il conserve sa place à jamais.
  • Par ce serment, le soleil et la lune accomplissent chacun leur course périodique, sans jamais s’écarter de la voie qui leur a été tracée.
  • Par ce serment, les étoiles suivent leur éternelle route.
  • Et quand elles sont appelées par leurs noms, elles répondent : Me voici !
  • Par ce même serment, les vents président aux eaux ; tous ont chacun leurs esprits, qui établissent entre eux une heureuse harmonie.
  • Là se gardent les trésors des tonnerres et l’éclat de la foudre.
  • Là sont conservés les trésors de la grêle et de la glace, les trésors de la neige, de la pluie et de la rosée.
  • Tous ces anges conserveront et béniront le nom du Seigneur des esprits.
  • Ils le célébreront par toute espèce de louange, et le Seigneur des esprits les soutiendra, les encouragera dans ces actions de grâces, et ils loueront, célébreront et exalteront le nom du Seigneur des esprits dans les siècles des siècles.
  • Et ce serment a été confirmé sur eux, et leurs routes ont été tracées, et rien ne peut les empêcher de les suivre.
  • Grande était leur joie.
  • Ils le bénissaient, ils le célébraient, ils l’exaltaient, parce que le secret du Fils de l’homme leur avait été révélé.
  • Et lui siégeait sur le trône de gloire ; et la principale partie du jugement lui a été réservée. Les pécheurs s’évanouiront et seront exterminés de la face de la terre, et ceux qui les ont séduits seront entourés de chaînes à tout jamais.
  • Selon le degré de leur corruption, ils seront livrés à différents supplices ; quant à leurs oeuvres, elles s’évanouiront de la face de la terre, et désormais il n’y aura plus de séducteurs, parce que le Fils de l’homme a paru assis sur le trône de gloire.
  • Toue iniquité cessera, tout mal disparaîtra devant sa face, et la parole du Fils de l’homme subsistera seule en présence du Seigneur des esprits.
  • Voilà troisième parabole d’Enoch.
  • CHAPITRE 69

  • Après cela, le nom du Fils de l’homme, vivant avec le Seigneur des esprits, fut exalté par les habitants de la terre.
  • Il fut exalté dans leurs chars, et fut célébré au mileu d’eux.
  • Depuis ce moment, je ne vais plus au mileu des enfants des hommes, mais il me plaça entre deux esprits, entre le septentrion et l’occident, où les anges avaient reçu des cordes pour mesurer le lieu réservé aux justes et aux élus.
  • Là je vis les premiers pères, les saints qui habitaient dans ces beaux lieux pour l’éternité.
  • CHAPITRE 70

  • Après cela, mon esprit se cacha, s’envola dans les cieux. J’aperçus les fils des saints anges marchant sur un feu ardent ; leurs vêtements étaient blancs, et leurs visages transparents comme le cristal.
  • Je vis deux rivières d’un feu brillant comme l’hyacinthe.
  • Alors je me prosternai devant le Seigneur des esprits.
  • Et Michel, un des archanges, me prit par la main, me releva, et me conduisit dans le sanctuaire mystérieux de la clémence et de la justice.
  • Il me montra toutes les choses cachées des limites du ciel, les réceptacles des étoiles, des rayons lumineux, qui venaient éclairer les visages des saints.
  • Et il cacha l’esprit d’Enoch dans le ciel des cieux.
  • Là, j’aperçus au milieu de la lumière, un édifice bâti avec des pierres de cristal.
  • Et au milieu de ces pierres, des langues d’un feu vivant ; mon esprit vit un cercle, qui entourait l’habitation enflammée des quatre côtés, et des fleuves de feu qui l’environnaient.
  • Les séraphins, les chérubins et les ophanims se tenaient debout tout autour. Ils ne dorment jamais ; mais ils gardent le trône de gloire.
  • Et je vis des anges innombrables, des milliers de milliers, des myriades de myriades, qui entouraient cette habitation.
  • Michel, Raphaël, Gabriel, Phanuel et les saints anges, qui étaient dans les cieux supérieurs, y entraient et en sortaient. Raphaël et Gabriel sortaient de cette habitation, et une foule innombrable de saints anges.
  • Avec eux alors apparaissait l’Ancien des jours, dont la tête était blanche et pure comme la laine, et dont le vêtement est impossible à décrire.
  • Alors je me prosternai, et toute ma chair fut saisie d’un tremblement convulsif, et mon esprit défaillit.
  • Et j’élevai la voix, pour le bénir, le louer et le célébrer.
  • Et les louanges qui s’échappaient de ma bouche étaient agréables à l’Ancien des jours.
  • L’Ancien des jours vint avec Michel et Gabriel, Raphaël et Phanuel, avec des milliers de milliers, des myriades de myriades, qu’il n’était pas possible de compter.
  • Alors cet ange s’approcha de moi et me salua en ces termes : <<Tu es le Fils de l’homme, tu es né pour la justice, et la justice s’est reposée en toi.
  • <<La justice de l’Ancien des jours ne t’abandonnera pas.
  • <<Il l’a dit : Il fera descendre sur toi la paix, car la paix vient de celui qui a créé le monde
  • <<Et elle reposera en toi à tout jamais.
  • <<Tous ceux qui seront, et qui marcheront dans les sentiers de la justice, te feront cortège dans l’éternité.
  • <<Et leur demeure sera auprès de toi, leurs destinées seront confondues avec la tienne, et elles n’en seront jamais séparées.
  • <<Et c’est ainsi qu’une longue suite de jours leur sera donnée avec le Fils de l’homme.
  • <<La paix sera pour les justes, la voie de sagesse aux saints, au nom du Seigneur des esprits, dans tous les siècles.
  • CHAPITRE 71

  • Livre du cours des luminaires célestes, selon leurs ordres, leurs époques, leurs noms et les lieux où ils commencent leur carrière, et leurs différentes places, toutes choses qu’Uriel, le saint ange qui était avec moi et qui les gouverne, m’expliqua tour à tour.
  • Voici la première loi des luminaires. Le soleil, flambeau du jour, sort des portes du ciel, situées à l’orient, et se couche à l’opposé, par les portes du ciel qui sont à l’occident.
  • J’aperçus six portes, par où le soleil commence sa carrière, et six portes par où il la finit.
  • Par ces mêmes portes la lune sort et entre également, et je vis ces princes des luminaires, avec les astres qui les précédent, les six portes de leur lever, les six portes de leur coucher.
  • Toutes ces portes se trouvent l’une après l’autre dans le même alignement, et à droite et à gauche se trouvent pratiquées des fenêtres.
  • D’abord on voit s’avancer le grand luminaire, qu’on appelle soleil, dont l’orbitre est comme l’orbitre du ciel, et qui est tout resplendissant de feu et de flammes.
  • Le vent chasse le char sur lequel il est monté.
  • Mais bientôt il s’incline vers le nord pour s’avancer vers l’orient ; il tourne en passant par cette porte, il éclaire cette partie du ciel.
  • C’est ainsi qu’il s’annonce dans sa carrière le premier mois.
  • Il part par la quatrième de ces portes qui est à l’orient.
  • Et à cette quatrième porte qu’il franchit le premier mois, il y a douze fenêtres ouvertes d’où s’échappent des torrents de flammes, quand elles s’ouvrent à l’époque qui leur est marquée.
  • Lorsque le soleil se lève dans le ciel, il passe par la quatrième porte pendant trente jours, et par la quatrième porte du côté de l’occident il descend en ligne droite.
  • Après ce temps, les jours grandissent, les nuits sont diminuées pendant trente jours. Alors le jour est de deux parties plus long que la nuit.
  • Le jour, en effet, a dix parties, tandis que la nuit n’en a que huit.
  • Cependant le soleil passe par cette quatrième porte, et se couche en passant par la porte correspondante, puis il se rapproche de la cinquième porte, qui est à l’orient, pendant trente jours, et il se couche de même en passant par la porte correspondante.
  • Alors le jour est encore augmenté d’une partie, en sorte que le jour a onze parties ; la nuit décroît et n’en a que sept.
  • Alors le soleil s’avance vers l’orient en passant la sixième porte, et il se lève et se couche en passant par cette porte pendant trente jours.
  • En ce temps, le jour est deux fois plus long que la nuit, en contient douze parties.
  • Quant à la nuit, elle diminue dans la même proportion et ne contient que six parties. Enfin le soleil se décline, en sorte que le jour diminue pendant que la nuit augmente.
  • Car le soleil revient vers l’orient, en passant par la sixième porte, par laquelle il sort et il entre pendant trente jours.
  • Après cette période, le jour diminue d’un degré, il n’a donc plus que onze parties, tandis que la nuit en a sept.
  • Le soleil quitte l’occident, en passant par la sixième porte, et s’avance vers l’orient, se lève par la cinquième porte pendant trente jours, et se couche également à l’occident en passant par la cinquième porte.
  • A ce moment le jour est diminué de deux douzièmes en sorte qu’il a dix parties, tandis que la nuit en a huit.
  • Or, le soleil passe à l’orient comme à l’occident par la cinquième porte. Enfin il se lève par la quatrième pendant trente et un jours, et se couche à l’occident.
  • À cette époque le jour est égal à la nuit, en sorte que l’un et l’autre ont également neuf parties.
  • Alors le soleil quitte cette porte, et s’avançant vers l’orient, passe par la troisième porte aussi bien à son lever qu’à son coucher.
  • À partir de cette époque la nuit s’accroît pendant trente jours, en sorte que la nuit comprend dix parties, tandis que le jour n’en comprend que huit.
  • Alors le soleil sort par la troisième porte et va se coucher pareillement par la troisième porte à l’occident pendant trente jours.
  • Puis il passe la seconde aussi bien à l’orient qu’à l’occident.
  • En ce temps la nuit a onze parties et le jour sept seulement.
  • C’est le temps que le soleil passe par la seconde soit à son lever soit à son coucher. Puis il décline et arrive à la première porte, qu’il franchit pendant trente jours.
  • Il se couche également par la première porte.
  • Alors la nuit est double du jour.
  • Ainsi elle a douze portes, pendant que le jour n’en a que six.
  • Et quand le soleil est arrivé à ce point il recommence sa carrière.
  • Il passe par cette porte, pendant trente jours, et se couche dans la même porte à l’occident.
  • Dans ce temps la nuit diminue d’une partie, elle n’en comprend que onze.
  • Quant au jour, il n’a que sept parties.
  • Alors le soleil passe par la seconde porte, à l’orient.
  • Revient par celle qu’il avait fuie d’abord pendant trente jours, se levant et se couchant aux deux portes correspondantes.
  • La nuit diminue encore, elle n’a plus que dix parties, et le jour huit. Le soleil passe par la seconde porte soit à son lever, soit à son coucher, puis il s’avance vers l’orient, se lève par la troisième porte pendant trente jours, et va se coucher à la porte correspondante de l’occident.
  • La nuit continue à décroître, elle ne contient plus que neuf parties, autant que le jour, alors il y a égalité entre l’un et l’autre ; l’année est à son trois cent soixante-quatrième jour.
  • Ainsi c’est la course même du soleil qui produit la longueur ou la brièveté des jours et des nuits.
  • C’est lui qui fait que le jour s’accroît successivement, que la nuit diminue dans le même rapport.
  • Telle est la loi du cours du soleil, il s’avance, il recule tour à tour. Telle est la destinée de ce grand luminaire destiné à éclairer la terre.
  • Ce luminaire auquel Dieu dès le néant a donné le nom de soleil.
  • Car ainsi qu’il entre et qu’il sort, sans jamais avoir de relâche, fendant jour et nuit en son char les plaines éthérées. Sa lumière éclaire sept parties de la lune, mais leurs dimensions à toutes deux sont égales.
  • CHAPITRE 7 2

  • Après cette première loi, je vis celle qui regarde le luminaire inférieur, qui s’appelle la lune, et dont l’orbitre est comme l’orbitre du ciel.
  • C’est encore le vent qui pousse le char sur lequel elle est montée ; mais sa lumière lui est dispensée avec mesure.
  • Chaque mois son coucher et son lever varient, et ses jours sont comme les jours du soleil. Et quand sa lumière est pleine, elle contient sept parties du soleil.
  • Elle se lève, et prend sa course vers l’orient pendant trente jours.
  • En ce temps, elle apparaît, et constitue pour vous le commencement du mois. Pendant trente jours elle passe par la porte que franchit le soleil.
  • Alors elle est presque invisible, en sorte qu’il ne paraît en elle aucune lumière, excepté la septième partie de sa lumière totale, chaque jour elle s’accroît d’une portion, mais se levant et se couchant toujours avec le soleil.
  • Quand le soleil se lève, la lune se lève avec lui, et en reçoit une faible portion de lumière.
  • Dans cette nuit, le premier jour avant le jour de la lune, la lune se couche avec le soleil.
  • Et pendant cette nuit, la lune est obscure, mais elle se lève avec la septième partie de sa lumière, en s’écartant du lever du soleil.
  • Mais peu à peu elle s’éclaire jusqu’à ce que sa lumière soit complète.
  • CHAPITRE 73

  • Alors je vis une autre loi, qui consiste dans la détermination des mois lunaires : Uriel mon saint ange et mon conducteur ne me laissa rien ignorer.
  • J’ai donc tout écrit, dans la manière qu’il me l’a révélé.
  • J’ai noté les mois, dans l’ordre qu’ils arrivent, l’apparition et les phases de la lune pendant quinze jours.
  • J’ai écrit à quelle époque la lune perd complètement sa lumière, et à quelle époque elle jouit de tout son éclat.
  • En certains mois la lune s’avance seule, et pendant deux autres mois elle se couche avec le soleil par les deux portes qui se trouvent au milieu, c’est-à-dire, par la troisième et la quatrième. Elle sort pendant sept jours, et accomplit sa course.
  • Puis elle se rapproche de la porte qu’a franchie le soleil, et pendant huit jours elle passe par la seconde porte, ainsi que le soleil.
  • Et lorsque le soleil sort par la quatrième porte, la lune en sort pendant sept jours, jusqu’à ce que le soleil passe par la cinquième porte.
  • Pendant sept jours encore, elle décline vers la quatrième porte ; elle est alors dans tout son éclat ; mais elle diminue bientôt et s’avance par la première porte pendant huit jours.
  • Puis elle se dirige de nouveau vers la quatrième porte, d’où le soleil se lève.
  • Je vis donc leur position, ainsi que le lever et le coucher du soleil, suivant l’ordre de ses mois.
  • Et dans ces jours à chaque cinq années on ajoutera trente jours, parce qu’ils sont en plus dans l’année solaire. Et tous les jours qui appartiendront à une de ces cinq années seront au nombre de trois cent soixante-quatre. Il y aura en plus six jours pour chacune d’elles, de manière à former un mois supplémentaire de trente jours.
  • Le mois lunaire est plus court que le mois solaire et sidéral.
  • Du reste, c’est elle qui règle les années, de la manière qu’elles ne varient pas d’un seul jour et se composent invariablement de trois cent soixante-quatre jours. En trois ans, il y a mille quatre-vingt-douze jours ; en cinq années, dix-huit cent vingt ; en huit années, deux mille neuf cent-douze jours.
  • Quant aux années lunaires, trois années comprennent mille soixante-deux jours ; cinq années, moins longues que celles du soleil de cinquante jours, n’embrassent que mille sept cent soixante-dix jours, et huit années lunaires comprennent deux mille huit cent trente-deux jours.
  • Aussi huit années lunaires sont-elles plus courtes que huit années solaires de quatre-vingts jours.
  • L’année se forme donc par la course du soleil ou de la lune ; elle est donc, suivant qu’on se rapporte à l’un ou à l’autre de ces astres, ou plus longue ou plus courte.
  • CHAPITRE 7 4

  • Voici maintenant les chefs et les princes qui président à toute la création, à toutes les étoiles, ainsi qu’aux quatre jours intercalaires ajoutés pour compléter l’année.
  • Ils ont besoin de ces quatre jours, qui ne font point partie de l’année.
  • Les hommes se trompent respectivement au sujet de ces jours ; car il faut se rapporter à ces luminaires pour s’en rendre compte, puisque l’un est intercalé à la première porte, le second à la troisième, un autre à la quatrième, et le dernier à la sixième.
  • C’est ainsi que se trouve complété le nombre de trois cent soixante-quatre positions, qui forment autant de jours. Voilà les signes :
  • Les saisons.
  • Les années.
  • Et les jours tels qu’Uriel me les fit connaître. Uriel est l’ange que le Seigneur de gloire a préposé à toutes les étoiles.
  • Qui brillent dans le ciel et éclairent la terre. Ce sont :
  • Les dispensateurs des jours et des nuits, savoir : le soleil, la lune, les astres de toute la milice céleste qui, avec tous les autres chars, parcourent le ciel en tous sens.
  • Ainsi Uriel me fit voir douze portes qui s’ouvrent pour le char du soleil, d’où jaillissent des infinités de rayons.
  • C’est par eux que l’été se forme en la terre quand ces portes s’ouvrent aux époques fixées ; d’elles aussi s’échappent les vents et les esprits de la rosée, quand les fenêtres aux extrémités du ciel s’ouvrent aux époques fixées par la volonté divine.
  • Je vis douze portes dans le ciel aux extrémités de la terre, desquelles sortent le soleil et la lune et les étoiles et tous les ouvrages du ciel au levant et au couchant.
  • Bien d’autres fenêtres s’ouvrent encore à droite et à gauche.
  • L’une de ces fenêtres augmente la chaleur de l’été, aussi bien que les portes d’où sortent et où rentrent sans cesse les étoiles dans un cercle sans fin.
  • Et je vis dans le ciel le char de ces étoiles qui tournait sur le monde sans jamais décliner. Une d’entre elles est plus brillante que les autres ; celle-ci fait le tour du monde entier.
  • CHAPITRE 75

  • Et vers les frontières de la terre, je vis douze portes pour tous les vents, qui s’en échappent de temps en temps pour se répandre sur la terre.
  • Trois de ces portes s’ouvrent dans la partie opposée du ciel, trois autres à l’occident, trois à droite et trois à gauche. Les trois premières regardent l’orient ; les trois dernières le nord. Celles qui sont placées à droite et à gauche regardent respectivement le midi et l’occident.
  • Par quatre portes sortent des vents de bénédiction et de salut, et par les huit autres des vents de désolation. Quand ils en ont mission, ils corrompent la terre et ses habitants, l’eau et tout ce qui vit dedans.
  • Le prince des vents sort par la porte placée à l’orient et par la première porte à l’orient qui s’incline vers le midi. Ce vent apporte la destruction, l’aridité, la chaleur suffocante et la corruption.
  • De la seconde porte, qui est au milieu, sortent l’égalité ou la juste mesure de toutes choses, la pluie, la fertilité, la salubrité et la force ; de la dernière porte, tournée vers le nord, proviennent le froid et l’aridité.
  • Après ces vents viennent les vents du Notus, qui soufflent par trois portes principales ; par la première, tournée vers l’orient, s’échappe le vent chaud.
  • Mais par la porte du milieu s’exhale une odeur agréable, la rosée, la pluie, le salut et la vie.
  • De la troisième porte, vers l’occident, proviennent la rosée, la pluie, la nielle et la perdition.
  • Les Aquilons soufflent par trois portes. De la septième, placée près de celle qui regarde le midi, sortent la rosée, la pluie, la nielle et la perdition. De celle du milieu viennent la pluie, la rosée, la vie et le salut. De la troisième porte, tournée à l’occident, mais se rapprochant du nord, viennent les nuées, les glaces, la neige, la pluie et la rosée.
  • Viennent ensuite, dans la quatrième région, les vents occidentaux. De la première porte sortent la rosée, la pluie, la glace, le froid, la neige et la gelée ; de la porte du milieu, la pluie, la rosée, le calme et l’abondance.
  • De la dernière, du côté du midi, l’aridité, la destruction, la sécheresse et la mort.
  • Ainsi se termine la description des douzes portes placées aux quatre coins du ciel.
  • Toutes leurs lois, toutes leurs influences bonnes ou mauvaises, je te les ai expliquées, ô mon fils Mathusala !
  • CHAPITRE 76

  • Le premier vent s’appelle oriental, parce qu’il est le premier.
  • Le second, se nomme vent du midi, parce que c’est à ce moment que descend l’éternel, le Béni à jamais.
  • Le vent d’occident, s’appelle encore vent de la diminution parce que c’est de son côté que tous les luminaires célestes s’affaiblissent et descendent.
  • Le quatrième vent, le vent du septentrion, se subdivise en trois parties ; l’une est consacrée à l’habitation des hommes, l’autre est occupée par des lacs, des vallées, des forêts, des rivières, des lieux couverts de ténèbres ou de neige ; la troisième enfin, est le paradis.
  • Je vis sept montagnes plus hautes que toutes les montagnes de la terre, d’où sortent les frimas, les jours, les saisons, et les années y vont et s’y évanouissent.
  • Je vis sept fleuves sur la terre, plus grands que tous les autres fleuves ; l’un coule de l’occident à l’orient, et va se jeter dans la grande mer.
  • Deux autres coulent du nord à la mer, et vont se jeter dans la mer Erythrée, vers l’orient. Quant aux quatre autres, deux coulent du nord vers la mer Erythrée, les deux derniers vont se jeter dans la grande mer, là où se trouve un immense désert.
  • Je vis sept grandes îles sur cette mer, deux proches de la terre, cinq dans la grande mer.
  • CHAPITRE 77

  • Les noms du soleil sont : Oz-iâres et Tomâs.
  • La lune a quatre noms : le premier est Asonia, le second Ebla ; le troisième Benaces, et le quatrième Erae.
  • Tels sont ces deux grands luminaires, dont les orbites sont comme les orbitres du ciel, et dont les dimensions sont égales.
  • Dans l’orbitre du soleil, il y a sept parties de lumière, qui sont réfléchies par la lune. Ces sept parties vont frapper la lune jusqu’à la dernière. Ils sortent par la porte de l’occident, après avoir éclairé le septentrion, et reviennent dans le ciel par la porte de l’orient.
  • Lorsque la lune se lève, elle apparaît dans le ciel ; et elle est éclairée par la moitié de la septième partie de la lune.
  • Cette lumière se complète au bout de quatorze jours.
  • Bientôt se complétèrent trois fois cinq parties de lumière, en sorte qu’après quinze jours, elle soit arrivée à sa parfaite croissance.
  • La lune alors réfléchit toute la lumière qu’elle reçoit du soleil.
  • Elle décroît ensuite, et elle suit dans sa décroissance la même marche qu’elle avait mise dans sa croissance.
  • En certains mois, la lune a vingt-neuf jours.
  • Il y a d’autres mois où elle n’a que vingt-huit jours.
  • Uriel me révéla encore une autre loi. C’est la manière dont la lumière émanant du soleil vient se répandre sur la lune.
  • Pendant tout le temps que la lune progresse dans sa lumière, elle s’avance devant le soleil, jusqu’à ce qu’au bout de quatorze jours sa lumière devienne pleine dans le ciel.
  • Mais quand elle décroît, ou que cette lumière est absorbée peu à peu dans le ciel, le premier jour s’appelle nouvelle lune, parce que c’est dans ce jour qu’elle recommence à recevoir la lumière du soleil.
  • Elle se trouve complète, le jour où le soleil descend à l’occident, pendant que la lune monte à l’orient.
  • Alors la lune brille pendant toute la nuit jusqu’à ce que le soleil se lève avant elle ; alors la lune s’évanouit devant le soleil.
  • Quand la lumière s’approche de la lune, elle décroît encore, jusqu’à ce qu’elle soit complètement éclipsée ; alors son temps est terminé.
  • Alors son orbitre vide est sans aucun éclat.
  • Pendant trois mois elle accomplit sa période en trente jours, et pendant trois autres mois, elle l’accomplit en vingt-neuf jours.
  • Et pendant trois mois elle a une période de trente jours, et pendant trois mois, une période de vingt-neuf jours.
  • La nuit, elle apparaît pendant vingt jours comme une figure d’homme, et dans le jour, elle se confond avec le ciel.
  • CHAPITRE 78

  • Et maintenant, mon fils Mathusala, je t’ai tout fait connaître ; et la description du ciel est terminée.
  • Je t’ai fait voir le cours de tous les globes lumineux qui président aux saisons, aux différents temps de l’année, et leurs diverses influences, produisant les mois, les semaines et les jours. Je t’ai également fait voir les décroissements de la lune, qui ont lieu à la sixième porte, car c’est à cette porte que la lune perd sa lumière.
  • C’est par là que commence la lune ; c’est aussi là qu’elle finit à époque certaine, lorsqu’elle a parcouru cent soixante-dix-sept jours, c’est-à-dire vint-cinq semaines et deux jours.
  • Sa période est plus petite que celle du soleil ; elle a cinq jours de moins par semestre.
  • Quand elle se trouve dans son plein, elle présente la face d’un homme. C’est ainsi que me l’a fait connaître Uriel, le grand ange qui la régit.
  • CHAPITRE 79

  • Dans ces jours-là, Uriel me dit : Voici, je t’ai fait tout connaître, ô Enoch.
  • Je t’ai tout révélé. Tu vois le soleil, la lune et les anges qui dirigent les étoiles du ciel, qui président à leurs mouvements, à leurs phases, à leurs conversions.
  • Les jours des pécheurs ne seront point complets.
  • Leurs semences manqueront dans les champs et dans les campagnes ; les travaux de terre seront bouleversés, rien ne viendra pour eux en son temps. La pluie restera dans les airs, et le ciel sera d’airain.
  • En ce temps-là les produits de la terre seront tardifs ; ils ne fleuriront point en leur temps, et les arbres retiendront leurs fruits.
  • La lune changera son cours, elle n’apparaîtra point en son temps ; le ciel brûlant et sans nuages sera visible, et la stérilité s’étendra sur la face de la terre. Des météores sillonneront le ciel ; car beaucoup d’étoiles, se détournant de leur course accoutumée, erreront dans l’espace.
  • Et les anges qui les régissent ne seront point là pour les faire rentrer dans leur route ; et toutes les étoiles se soulèveront contre les pécheurs.
  • Les habitants de la terre seront confondus dans leurs pensées ; ils pervertiront toutes les voies.
  • Ils transgresseront les commandements du Seigneur et se croiront des dieux ; cependant le mal ne fera que se multiplier au milieu d’eux.
  • Mais le châtiment céleste ne se fera pas attendre : ils périront tous.
  • CHAPITRE 80

  • Et il me dit : << O Enoch, regarde ce livre qui est descendu des cieux ; lis ce qui y est contenu, et cherche à comprendre tout ce qu’il contient. >>
  • Alors j’aperçus tout ce qui venait du ciel. et je compris tout ce qui était écrit dans le livre. En le lisant, je connus toutes les oeuvres des hommes ;
  • Toutes les oeuvres des enfants de la chair, depuis le commencement jusqu’à la fin.
  • Et je louai le Seigneur, le Roi de gloire, l’Ouvrier de toutes ces merveilles.
  • Et je le célébrai à cause de sa longanimité, à cause de sa miséricorde envers les enfants du monde.
  • Et je m’écriai : Bienheureux est l’homme qui meurt dans la justice et le bien, et auquel on ne peut opposer aucun livre de crimes ; qui n’a point connu l’iniquité.
  • Alors les trois saints me saisirent, et, me transportant sur la terre, me déposèrent devant la porte de ma maison.
  • Et ils me dirent : Explique toutes ces choses à ton fils Mathusala ; annonce à tous tes enfants que nulle chair ne sera justifiée devant le Seigneur, car il est le Créateur.
  • Pendant une année entière nous le laisserons avec tes enfants, jusqu’à ce que tu recouvres ta force première et que tu sois en état d’instruire ta famille, d’écrire toutes les choses que tu as vues, et de les expliquer à tes enfants. Mais, au milieu de l’année prochaine, on t’enlèvera
  • du milieu des tiens ; et ton coeur retrouvera sa première force ; car l’élu découvrira à l’élu les secrets de la justice, le juste se réjouira avec le juste ; ils confesseront Dieu ensemble. Quant aux pécheurs, ils périront avec les pécheurs ;
  • Et les pervers avec les pervers.
  • Ceux-là mêmes qui auront vécu dans la justice mourront à cause des méfaits des hommes, et ils expireront à cause des actions des méchants.
  • Dans ces jours, ils cesseront de me parler.
  • Et je revins à mes frères, en louant et en bénissant le Seigneur.
  • CHAPITRE 81

  • Or, mon fils Mathusala, je t’ai tout dit, tout écrit ; je t’ai tout révélé, et je t’ai donné un traité sur chaque chose.
  • Conserve, mon fils, les livres écrits de la main de ton père, et transmets-les aux générations futures.
  • Je t’ai donné la sagesse, à toi, à tes enfants et à ta postérité, afin qu’ils la transmettent, cette sagesse supérieure à toutes leurs pensées, à leur postérité. Et ceux qui la comprendront ne dormiront point ; mais ils ouvriront leurs oreilles pour la recevoir, afin de se rendre dignes de cette sagesse, qui sera pour eux comme une nourriture céleste.
  • Bienheureux les justes, bienheureux ceux qui marchent dans la justice, qui ne connaissent point l’iniquité, et qui ne ressemblent point aux pécheurs dont les jours sont comptés.
  • Quant à la marche du soleil dans le ciel, il entre et il sort par les différentes portes pendant trente jours, avec les chefs des mille espèces d’étoiles, avec les quatre qui leur sont ajoutés et qui sont relatifs aux quatre jours supplémentaires.
  • Les hommes sont dans de grandes erreurs au sujet de ces jours ; ils n’en font point mention dans leurs calculs. Mais ces jours supplémentaires existent : un à la première porte, un second à la troisième, un troisième à la quatrième, un dernier à la sixième porte.
  • L’année est ainsi composée de trois cent soixante-quatre jours.
  • Ainsi le calcul est exact. Car ces luminaires, ces mois, ces périodes, ces années et ces jours, Uriel me les a révélés et expliqués, lui qui, de par Dieu, a puissance sur tous ces astres, et qui règle leurs influences.
  • Voilà l’ordre des astres, chacun suivant l’endroit du ciel où il se lève et se couche, suivant les saisons, les temps, les périodes, les jours et les mois.
  • Voici les noms de ceux qui les dirigent, qui veillent sur leurs voies, sur leurs périodes, sur leurs influences.
  • Quatre d’entre eux ouvrent la marche ; ils partagent l’année en quatre parties. Douze autres viennent ensuite, qui forment les douzes mois de l’année, divisés en trois cent soixante-quatre jours, avec les chefs des mille qui distinguent les jours, les jours ordinaires comme les jours supplémentaires ; qui, comme les premiers chefs, partagent l’année en quatre parties.
  • Les chefs des mille sont placés au milieu des autres, et chacun d’eux est à sa place. Or, voici les noms de ceux qui président aux quatre parties de l’année, savoir : Melkel, Helammelak ;
  • Meleyal et Narel.
  • Quant aux noms des autres, ce sont : Adnarel, Jyasural et Jeyeluineal.
  • Ces trois derniers marchent après les chefs de la classe des étoiles ; chacun marche régulièrement après ceux qui partagent l’année en quatre parties.
  • Dans la première partie de l’année apparaît Melkel, qu’on nomme encore Tamaâ et Zahaïa.
  • Les jours soumis à son influence sont au nombre de quatre-ving-onze.
  • Et voici ce que l’on voit sur la terre pendant ces jours : sueur, chaleur et travail. Tous les arbres deviennent fertiles, les feuilles poussent, la moisson réjouit le laboureur, la rose et toutes les fleurs embellissent la campagne, et les arbres morts dans l’hiver se dessèchent.
  • Voici ceux qui commandent en second : Barkel, Zehabel et Heloyalel, auquel s’adjoint encore Helammelak, appelé aussi Soleil, ou très-brillant.
  • Les jours soumis à leur influence sont au nombre de quatre-vingt-onze.
  • Voici ce qui se passe sur la terre pendant ce temps : chaleur et sécheresse ; les arbres donnent leurs fruits, et les fruits sont excellents à sécher.
  • Les troupeaux vont à leurs pâturages, et les brebis mettent bas. On ramasse tous les biens de la terre ; on amoncelle les grains dans les greniers, et on porte le raisin dans les pressoirs.
  • Les noms des autres sont Gédael, Keel, Héel ;
  • Auxquels il faut ajouter Asphael.
  • Et les jours de son autorité sont expirés et finis.
  • CHAPITRE 81

  • Et maintenant, mon fils Mathusala, je t’ai fait part de toutes les visions que j’ai vues avant toi. J’en eus encore deux autres avant de me marier, et l’une d’elles ne ressemblait pas à l’autre.
  • La première m’apparut pendant que j’étais occupé à lire ; et la seconde quelque temps avant d’épouser ta mère. C’était deux importantes visions.
  • Au sujet desquelles j’intérrogeai le Seigneur.
  • Je reposais dans ma maison de mon aïeul Malaleel, et je vis le ciel brillant et radieux.
  • Et je me prosternai, et je vis la terre dévorée par un grand gouffre, et des montagnes suspendues au-dessus des montagnes.
  • Des collines tombaient sur les collines, les arbres les plus hauts se fendaient dans toute leur hauteur, et ils étaient précipités dans l’abîme et descendaient au fond.
  • A la vue de ce chaos, ma voix balbutiait. Je m’écriai : C’en est fait de la terre. Alors mon aïeul Malaleel me releva, et me dit : Pourquoi t’écries-tu, mon fils, pourquoi te lamentes-tu ?
  • Je lui racontai la vision que j’avais eue, et il me dit : Ce que tu as vu est grave, mon fils.
  • Et la vision que tu as eue est frappante ; elle se rapporte évidemment aux péchés de la terre, que l’abîme doit dévorer. Oui, il arrivera une grande catastrophe.
  • C’est pourquoi, ô mon fils, lève-toi et implore le Dieu de gloire, car tu es fidèle, et pour qu’il laisse quelques personnes sur la terre, et que les hommes ne périssent pas tous. Mon fils, la catastrophe viendra du ciel sur la terre ; et ce sera une grande ruine.
  • Alors je me levai et je suppliai le Seigneur ; j’écrivis mes prières pour les générations du monde, donnant à mon fils Mathusala toutes les explications qu’il pouvait désirer.
  • Et quand je fus sorti, et que j’eus vu le soleil se levant à l’orient, la lune descendant à l’occident, toutes les étoiles que Dieu a créées s’avançant majestueusement dans le ciel, alors je célébrai le Seigneur de toute justice, j’exaltai son saint nom, parce qu’il avait fait surgir le soleil aux fenêtres de l’orient ; il monte et s’élève à la face du ciel et il parcourt sa brillante carrière.
  • CHAPITRE 83

  • Et j’élevai les mains au ciel et je louai le saint et le Très-Haut. Et j’ouvris la bouche, et me servant de la langue que Dieu a donnée à tous les enfants des hommes, pour servir d’instrument à leurs pensées, je le célébrai en ces termes :
  • Tu es béni, Seigneur, roi puissant et sublime, seigneur de toutes les créatures du ciel, Roi des rois, Dieu de tout l’univers, dont le règne, la domination et la majesté n’auront jamais de fin.
  • De siècle en siècle ton règne subsistera. Les cieux constituent ton trône à jamais, et la terre est ton marchepied d’éternité en éternité.
  • Car c’est toi qui les as faites, c’est toi qui les gouvernes. Rien ne peut se soustraire à ta puissance infinie. Avec toi la sagesse est immuable : elle veille sans cesse auprès de ton trône. Tu connais, tu vois, tu entends tout, rien ne peut se soustraire à ton puissant regard, car ton oeil est partout !
  • Voici les anges qui ont transgressé tes commandements ; et ta colère plane sur la chair de l’homme, jusqu’au grand jour du jugement.
  • Or, Seigneur, mon Dieu, roi puissant et clément, je t’implore, je te supplie ; exauce mes prières ; que ma postérité se perpétue sur la terre, que le genre humain ne périsse pas tout entier !
  • N’abandonne point la terre désolée, et qu’elle ne soit point détruite à jamais !
  • O Seigneur, extermine de la face de la terre la chair qui t’a offensé. Mais conserve la race des justes pour la perpétuer à jamais. O Seigneur ne détourne point ta face de ton serviteur.
  • CHAPITRE 84

  • Ensuite j’eus une autre vision, que je vais encore t’expliquer, ô mon fils. Et Enoch se leva etdit à son fils Mathusala : Laisse-moi t’entretenir, ô mon fils. Écoute la parole de ma bouche, et prête l’oreille à la vision et au songe de ton père. Avant d’épouser ta mère, j’eus une vision dans mon lit.
  • Voici un taureau sortant de la terre.
  • Et ce taureau était blanc.
  • Ensuite sortit une génisse, et avec elle deux jeunes veaux, dont l’un était noir et l’autre rouge.
  • Le noir frappa le rouge et le poursuivait par toute la terre.
  • Dès ce moment je m’aperçus plus le veau rouge ; mais le noir survint à une extrême vieillesse, et il y avait avec lui une génisse.
  • Ensuite je vis beaucoup de taureaux nés de ce couple, qui leur ressemblaient et qui les suivaient.
  • Et la première génisse sortit de la présence du premier taureau ; et elle chercha le veau rouge, mais elle ne le trouva point.
  • Et elle poussait des gémissements lamentables, en le cherchant.
  • Et elle continua ses cris jusqu’à ce que le taureau s’approcha d’elle ; dès ce moment elle cessa de se plaindre et de gémir.
  • Et puis elle mit au monde un taureau blanc.
  • Et après celui-ci beaucoup d’autres taureaux et d’autres génisses.
  • Je vis encore dans mon songe un boeuf blanc, qui grandit de la même manière, et finit par devenir un grand boeuf blanc.
  • Et de lui sortirent beaucoup d’autres boeufs qui lui étaient semblables.
  • Et ils commencèrent à produire d’autres boeufs blancs, qui leur étaient semblables, et ils se succédaient les uns aux autres.
  • CHAPITRE 85

  • Je levai encore les yeux, et je vis le ciel au-dessus de ma tête.
  • Et voici qu’une étoile tomba du ciel.
  • Et elle se dressait au milieu de ces taureaux et paraissait paître avec eux.
  • Ensuite je vis d’autres taureaux grands et noirs ; et voici qu’ils changeaient sans cesse de pâturages et d’étables, lorsque leurs jeunes veaux commencèrent à se lamenter avec eux ; et en regardant encore au ciel, je voyais beaucoup d’autres astres qui redescendaient et se précipitaient vers cette étoile unique.
  • Au milieu des jeunes veaux, les taureaux étaient avec eux et paissaient avec eux.
  • Je regardai et j’admirai ces choses, et voici que les taureaux commencèrent à entrer en feu et à monter sur les génisses ; celles-ci ayant conçu, mirent au monde des éléphants, des chameaux et des ânes.
  • Et les taureaux étaient épouvantés de cette génération monstreuse, et aussitôt ils se mirent à les mordre et à les frapper de leurs cornes.
  • Et les éléphants dévorèrent les taureaux, et voici que tous les enfants de la terre frémissaient à ce spectacle et fuyaient épouvantés.
  • CHAPITRE 86

  • Je les regardai encore, et je les vis se frapper les uns les autres, se dévorer, et j’entendis la terre qui en gémissait. Alors je tournai une seconde fois mes regards vers le ciel, et dans une seconde vision, je vis sortir des hommes semblables à des hommes blancs. Il y en avait un, et trois autres qui l’accompagnaient.
  • Ces trois hommes qui sortirent les derniers, me prirent par la main, et m’élevant au-dessus de la terre et de ses habitants, me conduisirent dans un lieu élevé.
  • Et de là ils me montrèrent une haute tour environnée de collines plus basses ; et ils me dirent : Reste ici, jusqu’à ce que tu voies ce qui doit arriver par ces éléphants, ces chameaux et ces ânes, ces astres et toutes ces génisses.
  • CHAPITRE 87

  • Alors j’aperçus celui de ces quatres hommes blancs qui était sorti le premier.
  • Et il saisit la première étoile qui était tombée du ciel.
  • Et il lui lia les pieds et les mains, et la jeta dans une vallée, vallée étroite, profonde, horrible et ténébreuse.
  • Alors un des quatres tira un glaive et le donna aux éléphants, aux chameaux et aux ânes, qui commencèrent à s’en frapper mutuellement ; et toute la terre en frémit.
  • Et dans ma vision, voici : je vis un des quatre hommes qui étaient descendus du ciel, qui rassembla et saisit toutes les grandes étoiles, dont les parties sexuelles étaient semblables
  • aux parties sexuelles des chevaux, et il les jeta toutes, pieds et mains liés, dans les cavernes de la terre.

    CHAPITRE 88

  • Alors un des quatres hommes s’approcha des autres taureaux, et leur enseigna des mystères tels, qu’ils en tremblaient. Et un homme naquit, et il bâtit un grand navire. Il habitait dans ce navire, et avec lui trois taureaux et une couverture se fit au-dessus d’eux.
  • Je levai de nouveau mes regards au ciel, et j’aperçus une grande voûte ; et il y avait au-dessus sept cataractes qui versaient des torrents de pluie dans un village.
  • Je regardai encore, et voici que les fontaines de la terre se répandaient sur la terre dans ce village.
  • Et l’eau commença à tourbillonner et à monter sur la terre, en sorte que je ne pouvais plus apercevoir ce village, parce qu’il était tout couvert d’eau.
  • Il y avait en effet beaucoup d’eau, de ténèbres et de nuages ; et voici que la hauteur de l’eau surpassait la hauteur de tous les villages.
  • L’eau les couvrait en entier, et enveloppait la terre.
  • Et tous les taureaux qui y étaient réunis furent submergés et périrent dans les eaux.
  • Mais le navire flottait sur la surface de ces mêmes eaux. Cependant tous les taureaux, les éléphants, les chameaux et les ânes, et les troupeaux périssaient dans cette immense inondation ; ils disparaissaient engloutis, et je ne pouvais plus les voir dans l’abîme d’où ils ne pouvaient plus se retirer.
  • Je regardai encore, et voici les cataractes qui cessèrent de tomber d’en haut, et les fontaines de la terre de couler, et les abîmes s’entrouvrirent.
  • Et les eaux s’y précipitèrent, et la terre apparut.
  • Et le navire s’arrêta sur la terre, les ténèbres se dissipèrent et la lumière apparut.
  • Alors, le boeuf blanc, qui avait été fait homme, sortit de l’arche, et avec lui trois taureaux.
  • Et un des trois taureaux était blanc, et semblable à ce boeuf ; un autre était rouge comme du sang, et le troisième était noir ; et le taureau blanc se retira des autres.
  • Et les bêtes des champs, et les oiseaux commencèrent de se multiplier.
  • Et les différentes espèces de ces animaux se rassemblèrent, les lions, les tigres, les loups, les chiens, les sangliers, les renards, les chameaux et les porcs.
  • Les sirets, les milans, les vautours, les congas et les corbeaux.
  • Et parmi eux naquit un boeuf blanc.
  • Et ils commencèrent à se mordre les uns les autres ; et le boeuf blanc, qui était né parmi eux, engendra un onagre et un boeuf blanc, et ensuite plusieurs onagres. Et le boeuf blanc qui fut aussi engendré par lui, engendra à son tour un sanglier noir et une brebis blanche.
  • Le sanglier engendra beaucoup d’autres sangliers.
  • Et la brebis engendra douze autres brebis.
  • Quand ces douzes brebis furent grandes, elles en vendirent une d’entre elles à des ânes.
  • Et les ânes vendirent la brebis à des loups.
  • Et elle grandissait parmi eux.
  • Alors le Seigneur amena les autres brebis pour habiter avec la première et paître avec elle au milieu des loups.
  • Et elles se multiplièrent, et leurs pâturages étaient en abondance.
  • Mais les loups commencèrent à les épouvanter et à les persécuter, et ils exterminaient leurs petits.
  • Et ils les placèrent dans les profondeur d’un grand fleuve.
  • Alors les brebis commencèrent à se lamenter à cause de la perte de leurs petits, et à se tourner vers leur Seigneur ; une d’elles cependant parvint à s’échapper et se retira parmi les onagres.
  • Et je vis les brebis gémissant, priant et implorant le Seigneur.
  • De toutes leurs forces, jusqu’à ce que le Seigneur descendît à leurs cris du haut de son séjour céleste et daignât les visiter.
  • Et il appela la brebis, qui avait échappé à la dent des loups, et lui enjoignit d’aller trouver ces loups meutriers, et de les avertir de ne plus offenser les brebis.
  • Alors la brebis alla trouver les loups, forte de la parole du Seigneur, et une autre brebis vint au-devant de la première et marcha avec elle.
  • Et toutes deux étant entrées dans la demeure des loups leur défendirent de persécuter encore les brebis.
  • Ensuite je vis les loups opprimant de plus en plus le troupeau de brebis. Et les brebis crièrent encore vers le Seigneur, et le Seigneur descendit au milieu d’elles.
  • Et il commença à exterminer les loups, qui hurlaient ; mais les brerbis gardaient le silence et ne poussaient plus de cris.
  • Et voici que je vis qu’elles émigrèrent du pays des loups. Les yeux de ces loups étaient aveuglés, et ils sortirent et ils poursuivirent les brebis de toutes leurs forces. Mais le Seigneur des brebis marchait avec elles et les conduisait.
  • Et toutes les brebis le suivaient.
  • Son visage était terrible ; son aspect brillant et magnifique. Cependant les loups commencèrent à poursuivre les brebis, jusqu’à ce qu’ils les eurent atteintes au bord d’une grande mer.
  • Alors la mer fut divisée, et les eaux se tinrent de chaque côté, comme un mur.
  • Et le Seigneur des brebis, qui les conduisait, se plaça entre elles et les loups.
  • Cependant les loups n’apercevaient point les brebis, mais ils les poursuivaient jusqu'au milieu de la mer, et alors les eaux se refermèrent derrière eux.
  • Mais dès qu’ils virent le Seigneur, ils se retournèrent pour fuir de devant sa face.
  • Mais alors les eaux se réunirent d’après les lois naturelles ; et elles engloutirent les loups. Et je vis tous ceux qui avaient poursuivi les brebis, submergés dans les flots.
  • Mais pour les brebis, elles passèrent la mer, et s’avancèrent dans ce désert qui n’avait ni arbre, ni eau, ni verdure. Et elles commencèrent à ouvrir les yeux et à voir.
  • Et je vis le Seigneur de ces brebis vivre avec elles, et leur fournir les eaux nécessaires,
  • Avec la brebis qui conduisait les autres.
  • Et cette brebis monta sur le sommet d’un rocher élevé, et le Seigneur des brebis l’envoya vers les autres.
  • Et je vis le Seigneur de ces brebis au milieu d’elles, et son visage était sévère et terrible.
  • Et dès qu’elles l’eurent aperçu, les brebis furent épouvantées.
  • Et toutes tremblantes elles envoyèrent la brebis qui les conduisait, et celle qui était avec elle et elles lui disait : Nous ne pouvons ni rester devant le Seigneur, ni le regarder en face.
  • Alors la brebis, qui les conduisait, remonta de nouveau sur le sommet de la montagne.
  • Et les autres brebis commencèrent à être aveuglées, et à s’égarer dans la voie que leur avait montrée la brebis. Mais celle-ci n’en savait rien.
  • Et le Seigneur était courroucé contre elles ; et quand la brebis apprit ce qui se passait au pied de la montagne,
  • Elles en descendit à la hâte, et s’étant approchée d’elles, elle en trouva beaucoup,
  • Qui étaient aveuglées,
  • Et qui avaient quitté leur voie. Et quand les autres brebis l’aperçurent, elle craignaient et tremblaient en sa présence.
  • Et elles désiraient revenir à leur étable.
  • Alors cette brebis, conduisant les autres brebis avec elle, s’approcha de celles qui s’étaient égarées,
  • Et elle commança à les frapper ; et elles étaient épouvantées en sa présence. Alors elle ramena au bercail celles qui s’étaient égarées.
  • Je vis aussi dans une vision, que cette brebis se faisait homme, et il bâtit au Seigneur une bergerie, et il les y établit.
  • Je vis encore tomber une brebis qui était venue au-devant de celle qui était le conducteur des autres. Je vis enfin périr un grand nombre d’autres brebis, leurs petits grandir à leur place, entrer dans un pâturage nouveau et venir au bord d’un fleuve.
  • Et la brebis qui les avait conduites et qui était devenue homme, se sépara d’elles et mourut.
  • Et toutes les brebis la cherchaient, et l’appelaient avec des cris lamentables.
  • Et je vis aussi qu’elles cessèrent de la pleurer, et qu’elles franchirent les eaux d’un fleuve.
  • Là s’élevèrent d’autres brebis, pour remplacer celles qui étaient mortes, et qui les avaient conduites auparavant.
  • Enfin je les vis entrer dans ce lieu fortuné, dans une terre de bénédiction et de joie.
  • Elles s’y rassasiaient ; et leurs bergeries étaient élévées sur cette terre bienheureuse, et leurs yeux étaient tantôt ouverts, tantôt aveuglés, jusqu’à ce qu’une brebis se levât au milieu d’elles, et les conduisît de telle sorte qu’elle les ramena toutes et leur ouvrit les yeux.
  • Mais les chiens, les renards et les sangliers commencèrent à les dévorer, jusqu’à ce qu’une autre brebis devint la ruine du troupeau, et le bélier qui les conduisit. Ce bélier commença en effet à frapper de ses cornes les chiens, les renards et les sangliers, et à les exterminer tous.
  • Mais la première brebis en ouvrant les yeux vit la gloire du bélier pâlir et s’éteindre.
  • Car il commença à frapper aussi les brebis, à les persécuter, et à oublier toute sa dignité.
  • Alors le seigneur envoya cette première brebis à une autre brebis, pour l’élever comme le bélier et le conducteur du troupeau en place de celle qui a terni sa gloire.
  • Elle y alla et lui parla et l’institua bélier ; et les chiens ne cessaient de vexer les brebis.
  • Et le premier bélier persécutait le second.
  • Alors celui-ci se leva, et s’enfuit de devant la face du premier bélier. Et je vis des chiens qui maltaitaient ce premier bélier.
  • Mais le second se leva, et il conduisait les jeunes brebis.
  • Et il engendra beaucoup d’autres brebis, mais enfin il succomba.
  • Et il eut pour successeur un jeune bélier qui devint le chef et le conducteur du troupeau.
  • Et sous lui, les brebis croissaient et se multipliaient.
  • Et tous les chiens, les renards et les sangliers le craignaient et fuyaient de devant lui.
  • Car ce bélier frappait et mettait en déroute toutes les bêtes féroces, en sorte qu’ils leur étaient désormais impossible d’opprimer les brebis ou d’en ravir une seule.
  • Et la bergerie devint grande et magnifique, et on y éleva une haute tour au moyen de ces brebis.
  • La bergerie était peu élevée, mais la tour était fort haute.
  • Et le Seigneur des brebis se plaça en cette tour, et voulut qu’on lui dressât une table magnifique.
  • Mais je vis bientôt que les brebis commencèrent à errer de nouveau, à suivre diverses routes et à abandonner leur bergerie.
  • Et le Seigneur en appela quelques-unes et les envoya vers les autres.
  • Mais celles-ci commencèrent à tuer les premières. Une d’elles cependant parvint à éviter le châtiment dont on la menaçait, et prenant la fuite, prêcha contre ceux qui voulaient la tuer.
  • Et le Seigneur des brebis la délivra de leurs mains, la fit monter et asseoir auprès de moi et y rester.
  • Il envoya encore à ces brebis prévaricatrices de ses commandements, d’autres brebis, pour avoir des témoins contre elles.
  • Je vis encore que ces brebis, en abandonnant le Seigneur, et la tour élevée en son honneur, erraient en aveugles en des régions inconnues.
  • Enfin je vis le Seigneur lui-même se venger, car il en faisait un grand carnage ; mais elles crièrent vers lui ; alors il abandonna son temple et les laissa en la puissance des lions, des tigres, des loups, des renards et de toute espèce de bêtes.
  • Et ces bêtes commencèrent à les déchirer.
  • Je vis aussi que le Seigneur, qu’elles avaient abandonné, les livrait à des lions féroces et cruels, et à toute espèce de bêtes.
  • Alors je criai de toutes mes forces, et j’implorai le Seigneur pour ces brebis que dévoraient toute espèce de bêtes féroces.
  • Mais il ne répondit point, et il regardit d’un oeil satisfait ces brebis qu’on dévorait, qu’on exterminait. Enfin il appela soixante-dix pasteurs et leur donna le soin de veiller sur le troupeau.
  • Et il leur dit : Que chacun de vous veille sur les brebis, et qu’il fasse ce que je lui commanderai ; je vous en donnerai à chaque un certain nombre à conduire.
  • Et celles que je vous dirai d’exterminer, vous les exterminerez ; et il les leur livra.
  • Alors il en appela un autre et lui dit : Comprends et fais attention à tout ce que les pasteurs feront à ces brebis ; car ils en feront périr beaucoup plus que je ne leur en désignerai.
  • Et toute transgression, tout meurtre que les pasteurs commettront, sera noté ; c’est-à-dire qu’il faudra indiquer celles qu’ils auront tuées par mon ordre, et celles qu’ils auront fait périr de leur propre autorité.
  • Tout meurtre commis par les pasteurs leur est compté. Ne manque donc pas d’écrire combien de brebis ils auront fait périr de leur propre autorité, combien ils en auront livré au supplice, afin que ce compte soit contre eux un témoignage, que je sache tout ce qu’ils auront fait ; s’ils ont exécuté mes ordres, ou s’ils ont négligé de les accomplir.
  • Mais qu’ils ignorent ce que je te commande ; ne leur ouvre point les yeux ; ne leur donne point d’avertissement ; mais compte avec soin tous les meurtres qu’ils commettront, et donnes-en-moi une connaissance exacte.
  • Et je vis comment ces pasteurs gouvernaient le troupeau chacun son temps. Et ils commencèrent à tuer plus de brebis qu’ils n’en devaient faire périr.

    101.Et ils abandonnèrent les brebis dans la puissance des lions, en sorte que plusieurs d’entre elles furent dévorées par les lions et par les tigres ; et que les sangliers se jetèrent sur elles, brûlèrent la tour consacrée au Seigneur et détruisirent la bergerie. 102.Et je fus bien chagrin de l’incendie de cette tour, et de la ruine de la bergerie.

  • Car ensuite il me fut impossible de la voir.
  • Quant aux pasteurs et leurs complices, ils livraient eux-mêmes les brebis à toutes les bêtes féroces, pour les faires dévorer. Chacune d’elles leur était livrée à son tour, et en son temps. Or, chacune aussi était inscrite dans un livre ; et toutes celles qui périssaient y étaient soigneusement notées.
  • Cependant chaque pasteur en faisait périr bien plus qu’il ne le devait.
  • Alors je commençai à pleurer et à m’indigner sur le sort misérable de ces brebis.
  • Et je vis dans ma vision comment celui qui écrivait, notait jour après jour les meurtres commis par les pasteurs ; comment il monta, se présenta au Seigneur des brebis et lui donna le livre qui renfermait le compte exact de tout ce que les pasteurs avaient fait, la note de tous ceux qu’ils avaient fait périr.
  • Et de tout le mal qu’ils avaient commis.
  • Et le livre fut lu devant le Seigneur des esprits, qui, étendant la main, le signa et puis le déposa.
  • Ensuite je vis comment les pasteurs avaient l’empire pendant douze heures.
  • Et voici que trois de ces brebis revenues de la captivité, retournèrent et rentrèrent dans le lieu de la bergerie, et commencèrent à relever tout ce qui y avait été détruit.
  • Mais les sangliers les en empêchaient, mais leurs efforts étaient inutiles.
  • Et les brebis continuèrent à édifier, comme auparavant, et relevèrent la tour qu’on nomma la tour haute.
  • Et ils recommencèrent à placer une table devant la tour, mais le pain qu’ils y placèrent était impur et polué.
  • De plus, toutes les brebis étaient aveuglées ; elles ne pouvaient voir, pas plus que les pasteurs.
  • Les pasteurs les livraient aussi pour les faire périr en grand nombre.
  • Mais le Seigneur des brebis se taisait, et toutes les brebis furent entraînées. Pasteurs et brebis, tout était confondu, et nul ne les défendait des attaques des bêtes sauvages.
  • Alors celui qui écrivait le livre, monta et le remit au Seigneur des brebis. Mais en même temps il le pria pour elles, en portant témoignage contre les pasteurs qui les avaient fait périr. Et après avoir déposé le livre, il s’en alla.
  • CHAPITRE 89

  • Et je remarquai comment trente-sept pasteurs reprirent soin du troupeau jusqu’à ce que chacun disparût à son tour, comme les premiers. Alors les brebis furent confiées à d’autres pasteurs, qui les gardèrent chacun un certain temps.
  • Puis j’aperçus dans ma vision tous les oiseaux du ciel qui accouraient, les aigles, les milans et les corbeaux. Et les aigles conduisaient tous les autres.
  • Et ils commencèrent à dévorer les brebis, à leur crever les yeux avec leurs becs, et à se nourrir de leur chair.
  • Et les brebis poussaient des cris lamentables, de se sentir ainsi dévorer.
  • Et je criais aussi, et je gémissais dans mon sommeil contre le pasteur chargé de la garde du troupeau.
  • Et je vis les brebis dévorer par les chiens, par les aigles et les vautours. Leur chair, leur peau, leurs muscles, tout était consommé ; il ne leur restait que les os, qui tombaient à terre. Et le nombre des brebis diminuait considérablement.
  • Et je vis ensuite vingt-trois pasteurs placés à la tête du troupeau, et dont les temps respectifs accumulés forment cinquante-huit âges.
  • Alors les agneaux furent mis au monde par les brebis blanches, et ils commencèrent à ouvrir les yeux et à voir, et à appeler leurs mères.
  • Mais les brebis ne les regardaient pas, n’écoutaient point leurs plaintes ; mais elles étaient sourdes, aveugles et endurcies.
  • Et j’aperçus dans ma vision les corbeaux qui s’abattaient sur ces agneaux.
  • Qui les saisissaient, et qui dévoraient les brebis après les avoir déchirées.
  • Je vis aussi les cornes de ces agneaux s’accroître, mais les corbeaux cherchaient à les ébranler.
  • Voici enfin qu’une grande corne poussa sur la tête d’une de ces brebis, et les yeux de toutes les autres furent ouverts.
  • Et la première les regardait, et leurs yeux furent ouverts, et elle les appelait.
  • Les boeufs la voyant, se précipitèrent sur elle.
  • Cependant les aigles, les milans, les corbeaux et les vautours continuèrent à persécuter les brebis, volant sur elles et les dévorant. Et les brebis se taisaient, mais les boeufs se lamentaient et poussaient des gémissements.
  • Alors les corbeaux luttèrent avec elle.
  • Cherchant à briser la corne, mais leurs efforts étaient inutiles.
  • Et je regardai jusqu’à ce que vinrent les pasteurs, les aigles, les milans et les vautours,
  • Qui poussaient les corbeaux à briser la corne de ce boeuf, et qui combattaient avec lui. Mais il soutenait leur choc et demandait du secours.
  • Alors je vis venir l’homme qui avait inscrit les noms des pasteurs, et qui était monté en la présence du Seigneur des brebis.
  • Il vint porter du secours au boeuf, et annonça à tous qu’il était venu porter du secours au boeuf.
  • Et voici que le Seigneur des brebis descendit enflammé de colère, et tous ceux qui l’aperçurent s’enfuirent. Les autres se prosternèrent dans son tabernacle, et les aigles, les milans, les corbeaux et les vautours se réunirent et entraînèrent avec eux toutes les brebis des champs.
  • Tous se réunirent et cherchèrent à briser la corne du boeuf.
  • Alors je vis l’homme qui écrivait par l’ordre du Seigneur, prendre le livre de la destruction accomplie par les douze derniers pasteurs, et il prouva qu’ils avaient fait périr plus de monde que ceux qui les avaient précédés.
  • Je vis encore venir à eux le Seigneur des brebis, tenant en sa main le sceptre de sa colère, en frapper la terre, qui s’entrouvrit, et les bêtes et les oiseaux du ciel cessèrent de persécuter les brebis, et tombèrent dans les gouffres béants de la terre, qui se referma sur eux.
  • Je vis aussi donner une grande épée aux brebis, qui poursuivaient à leur tour les bêtes sauvages, et les exterminaient.
  • Mais toutes les bêtes et tous les oiseaux du ciel se retirèrent de devant leur face.
  • Etje vis un trône élevé dans une région fortunée,
  • Sur lequel siégeait le Seigneur des esprits, qui prit tous les livres,
  • Et les ouvrit.
  • Alors le Seigneur appela les sept premiers hommes blancs, et leur ordonna d’amener la première étoile, qui avait précédé toutes les autres, dont les parties sexuelles étaient semblables aux parties sexuelles des chevaux, qui enfin était tombée la première, et tous l’amenaient devant lui.
  • Et il dit à l’homme qui écrivait en sa présence, et qui était un des sept hommes blancs : Prends ces soixante-dix pasteurs, auxquels j’ai confié les brebis, et qui en ont fait périr beaucoup plus que je ne l’avais ordonné. Et voici ; je les vis enchaînés et debout devant lui. Et on commença par juger les étoiles, et elles furent reconnues coupables, et amenées au lieu du jugement ; et on les jeta dans un lieu profond, et rempli de flammes. Ensuite les soixante-dix pasteurs furent jugés et reconnus coupables ; ils furent également précipités dans l’abîme enflammé.
  • Dans le même temps, je vis au milieu de la terre un abîme rempli de feu.
  • C’est là qu’étaient conduites les brebis aveugles, qui avaient été jugées coupables ; toutes, elle étaient précipitées dans ce gouffre de feu.
  • Et ce gouffre se trouvait situé à la droite de cette bergerie.
  • Et je vis les brebis brûler et leurs os consumés par le feu.
  • Et je me tenais debout, considérant comment cette antique bergerie fut détruite ; mais auparavant on en avait enlevé les colonnes, l’ivoire et toutes les richesse qu’elle renfermait, et on les avait amoncelées dans un lieu situé à l’orient.
  • Je vis aussi le Seigneur des brebis élever une maison plus grande et plus haute que la première, et la bâtir dans le même endroit où avait été la première. Toutes ses colonnes étaient neuves, l’ivoire neuf, et en plus grande quantité qu’auparavant.
  • Et le Seigneur des brebis habitait à l’intérieur. Et toutes les bêtes sauvages, tous les oiseaux du ciel s’inclinèrent devant les brebis qui restaient et les adorèrent, leur adressèrent des prières, en leur obéissant en toutes choses.
  • Alors les trois hommes, qui étaient revêtus de blanc, et qui me prenant par la main m’avaient fait monter, m’enlevèrent encore, et me placèrent au milieu des brebis, avant le commencement du jugement.
  • Les brebis étaient toutes blanches, la laine longue et pure de toute tache. Et toutes celles qui avaient péri ou qu’on avait exterminées, toutes les bêtes sauvages, tous les oiseaux du ciel se réunirent dans cette maison, et le Seigneur des brebis tressaillait d’allégresse de voir rentrer les brebis au bercail.
  • Et je vis qu’elles déposaient l’épée qui leur avait été donnée, qu’elles la reportaient dans la bergerie, et la scellaient en présence du Seigneur.
  • Les brebis étaient enfermées dans la maison, qui avait peine à les contenir toutes. Et leurs yeux étaient ouverts, et elles contemplaient le Bon, et il n’en était pas une parmi elles qui ne l’aperçût.
  • Je vis aussi que la maison était grande et large, et pleine de monde. Et voici qu’il naquit un veau blanc, dont les cornes étaient grandes, et toutes les bêtes sauvages, tous les oiseaux du ciel l’adoraient et l’imploraient incessamment.
  • Alors je vis leur nature à tous se transformer, et ils devenaient des veaux blancs.
  • Et le premier d’entre eux fut fait Verbe, et le Verbe devint un grand animal, et il portait sur sa tête de grandes cornes noires.
  • Et le Seigneur des brebis se réjouissait à la vue de tous ces veaux.
  • Et moi qui m’étais prosterné, je fus réveillé, mais je conservais la mémoire de tout ce que j’avais vu. Telle est la vision qui m’apparut pendant mon sommeil. Je célébrai à mon réveil le Seigneur de toute justice, et je lui en rendis toute la gloire.
  • Ensuite je répandis beaucoup de larmes, et elles coulaient sans s’arrêter par le souvenir de ce que j’avais vu. Car toutes ces choses s’accompliront et toutes les actions des heureux se manifesteront en leur temps.
  • Et je pensai la nuit au songe que j’avais eu, et je pleurai amèrement, plein de trouble encore de la vision que j’avais eue.
  • CHAPITRE 90

  • Et maintenant, ô mon fils Mathusala ! fais-moi venir tous tes frères, et rassemble devant moi tous les enfants de ta mère. Car la voix intérieure m’anime, l’esprit d’en haut s’empare de moi ; je vais vous révéler ce qui doit vous arriver dans la suite des âges.
  • Alors Mathusala s’en alla, et il rassembla devant Enoch tous ses frères et tous ses parents.
  • Alors Enoch, s’adressant à tous ses enfants :
  • Écoutez, dit-il, mes enfants, écoutez les paroles de votre père, et prêtez oreille à ce que je vais vous dire ; car vous devez être attentifs quand je vous parle. Mes bien-aimés, suivez les sentiers de la justice et ne vous écartez point.
  • N’ayez point le coeur double, et ne faites point amitié avec les hommes trompeurs ; mais marchez dans les sentiers de la justice, suivez la bonne route, et que la vérité soit votre compagne.
  • Car je vous l’annonce : la persécution régnera un jour sur la terre ; mais à la fin, Dieu en fera une grande justice ; quand l’iniquité sera consommée, elle sera extirpée jusque dans sa racine. Cependant elle repousse encore ; mais, vains efforts ! ses oeuvres seront encore anéanties ; toute oppression, toute impiété sera de nouveau punie.
  • C’est pourquoi, lorsque l’iniquité, le péché, le blasphème, la tyranie, toute espèce de mal, en un mot, se sera accru sur la terre ; quand la désobéissance, l’iniquité et l’impunité auront prévalu, alors viendra du ciel un supplice épouvantable.
  • Le Seigneur de toute sainteté apparaîtra dans sa colère, et il infligera aux coupables un châtiment terrible.
  • Le Seigneur de toute sainteté apparaîtra dans sa colère, et viendra juger la terre.
  • Alors la persécution sera extirpée jusqu’à la racine, et l’iniquité sera exterminée.
  • Tous les points de la terre seront dévorés par le feu, avec leurs habitants. Tous, de quelque côté qu’ils viennent, seront jugés et punis selon leurs oeuvres, et leurs supplices seront éternels.
  • Alors le juste se réveillera de son sommeil, et le seigneur s’élèvera contre les méchants.
  • Alors les racines de l’iniquité seront détruites, les pécheurs périront par le feu, et les blasphèmateurs seront exterminés.
  • Ceux qui oppiment leurs frères, comme ceux qui blasphèment, périront par le glaive.
  • Et maintenant, laissez-moi, mes enfants, vous tracer les sentiers de la justice et ceux de l’iniquité.
  • Puis je vous dirai ce qui doit arriver.
  • Écoutez-moi donc, ô mes enfants ! marchez dans la voie de la justice, évitez la voie de l’iniquité : car tous ceux qui suivront cette voie périront à jamais.
  • CHAPITRE 91

  • Voici ce qui a été écrit par Enoch : Il écrivit ce traité de la sagesse pour tous les hommes appelés à gouverner ou à juger les autres hommes. Il l’écrivit encore pour tous mes enfants qui devront habiter sur la terre dans la suite des âges, et marcher dans les sentiers de la droiture et de la paix.
  • Que votre esprit ne s’afflige point pour ce qui doit vous arriver. Car le Très-Saint et le Très-Haut a marqué à chacun son temps.
  • Que l’homme juste se réveille de son sommeil ; qu’il se lève et marche dans le sentier de la justice, dans les voies de la bonté et de la grâce. La miséricorde s’abaissera sur l’homme juste, et il sera revêtu à jamais de puissance et de sainteté. Il vivra dans le bien et dans la justice, et sa marche s’opérera dans la lumière éternelle ; mais pour le pécheur, il ne marchera que dans les ténèbres.
  • CHAPITRE 92

  • Enfin Enoch commença à parler d’après un livre.
  • Et il dit : Sur les enfants de la justice, sur les élus du monde, sur la plante de la justice et de la pureté.
  • Sur toutes ces choses je m’en vais vous parler ; je vous les expliquerai toutes, mes enfants, moi qui suis Enoch. Car par les visions que j’ai eues, j’ai acquis une grande connaissance ; et il m’a été donné de lire les tables mêmes du ciel.
  • Alors Enoch commença à parler d’après un livre, et dit : Je suis né le septième jour de la première semaine, tandis que le jugement et la justice attendaient avec patience.
  • Mais après moi, dans la seconde semaine, une grande iniquité s’élèvera, et la fraude pullulera sur la terre.
  • Et il y aura alors une première fin, et un seul homme sera sauvé.
  • Mais dès que la première semaine sera terminée, l’iniquité s’accroîtra, et le Seigneur mettra à exécution le décret porté contre les pécheurs.
  • Ensuite, pendant la troisième semaine, un homme sera choisi pour être la tige d’un peuple fort et juste, et après lui la plante de la justice poussera pour jamais.
  • Ensuite, pendant la période de la quatrième semaine, les saints et justes auront des visions ; l’ordre dans les générations sera établi, et on construira pour elles une demeure ; dans la cinquième semaine s’élèvera pour eux une maison glorieuse et puissante.
  • Puis, pendant la sixième semaine, tous ceux qui s’y trouveront seront enveloppés des ténèbres ; et leurs coeurs oublieront la sagesse , et un homme sera enlevé d’au milieu d’eux.
  • Pendant cette même période, la maison puissante et magnifique sera la proie des flammes, et la race des élus sera dispersée par toute la terre.
  • Ensuite, pendant la septième semaine, il sortira une race perverse, dont les oeuvres nombreuses seront des oeuvres d’iniquité. Alors les justes et les élus seront récompensés, et il leur sera donné une connaissance sept fois plus grande sur toutes les parties de la création.
  • Viendra ensuite une autre semaine, la semaine de la justice, qui possédera le glaive du jugement et de la justice, pour frapper tous les oppresseurs.
  • Alors les pécheurs seront livrés entre les mains des justes, qui, pendant cette semaine, se mériteront une demeure par leur justice, et bâtiront un palais au grand Roi. Après cette semaine viendra la neuvième, pendant laquelle viendra le jugement universel.
  • Les oeuvres de l’impie s’effaceront de dessus la terre. Le monde sera condamné à la destruction, et tous les hommes marcheront dans la voie de la justice.
  • Puis, dans la septième partie de la dixième semaine, sera le jugement éternel, qui sera exercé contre les vigilants, et le ciel tout entier germera au milieu des anges.
  • Le premier ciel sera enlevé et s’évanouira, le deuxième apparaîtra, et toutes les puissances célestes brilleront d’une splendeur sept fois plus grande. Puis viendront beaucoup d’autres semaines, dont le nombre est incalculable, qui se passeront dans la sainteté et la justice.
  • Il n’y aura plus alors de péchés.
  • Qui parmi les enfants des hommes entendrait la voix du Saint et n’en serait pas ému ?
  • Qui pourrait compter ses pensées ? Qui pourrait contempler l’oeuvre de la création du ciel, comprendre ses merveilles ?
  • Il pourrait peut-être voir son âme, mais jamais son esprit. Il ne pourrait en parler sagement, ni s'élever jusqu'à sa hauteur. Qu'il regarde les limites des cieux, et il verra qu'il lui est impossible d'en atteindre l'immensité.
  • Qui des enfants des hommes pourra sonder la longueur et la largeur de la terre ?
  • À qui ont été révélées les dimensions de toutes choses ! Y-a-t-il un seul homme qui puisse, par son intelligence, embrasser le ciel, sonder sa profondeur, descendre jusqu’à ses fondements ?
  • Qui sache le nombre des étoiles, et connaisse le lieu de repos de tous les luminaires ?
  • CHAPITRE 93

  • Et maintenant, mes enfants, je vous exhorte à aimer la justice, à marcher dans ses sentiers. Car les sentiers de la justice méritent qu’on y entre ; tandis que ceux de l’iniquité s’interrompent tout à coup et se terminent par un abîme.
  • Les voies de l’iniquité et de la mort seront révélées aux hommes illustres ; mais ils s’en tiendront éloignés, et n’y marcheront jamais.
  • C’est à vous que je m’adresse, ô justes ! ne suivez-vous point les sentiers de la malignité et de la persécution. Fuyez les voies de la mort, ne vous en approchez même point, car vous péririez !
  • Choisissez plutôt la justice, et la vie sainte et pure.
  • Marchez dans le chemin de la paix, et vous serez dignes de la vie éternelle. Gardez la mémoire de mes paroles, ne les laissez jamais s’effacer de votre coeur, car je sais que les pécheurs poussent avec violence l’homme à commettre le mal. Mais ils ne réussiront en aucun endroit, et leurs desseins seront sans résultat.
  • Malheur à ceux qui élève l’iniquité et la prévention, et qui soutiennent la fraude, car ils seront renversés et n’obtiendront jamais la paix.
  • Malheur à ceux qui édifient leur demeure dans le péché ; car les fondements de cette demeure seront renversés, et tomberont par le fer. Malheur encore à ceux qui possèdent l’or et l’argent, car ils périront ; malheur donc à vous, riches, car vous mettez votre confiance dans les richesses ; mais vous perdez ces richesses, car vous avez oublié le Très-Haut au jour de votre prospérité.
  • Vous avez commis le blasphème et l’iniquité ; vous êtes destinés au jour du carnage, au jour des ténèbres, au jour du grand jugement.
  • Je vous le dis en vérité, je vous le dis : celui qui vous a créé vous perdra.
  • Il n’aura point de pitié de votre sort ; mais, au contraire, il se réjouira de votre perte.
  • Et les justes qui sont au milieu de vous seront en ces jours la risée des pécheurs et des impies.
  • CHAPITRE 94

  • Plût à Dieu que mes yeux fussent deux nuages d’eau pour pleurer mes vices et verser des torrents de larmes, et calmer ainsi les angoisses de mon coeur.
  • Qui vous a permis de commettre ainsi l’iniquité et l’impureté ? Malheur à vous, pécheurs, voici le jugement !
  • Les justes ne caindront pas les méchants, car Dieu les soummettra un jour à votre puissance, afin que vous tiriez d’eux une vengeance suivant votre bon plaisir.
  • Malheur à vous qui maudissez, vous périrez à cause de votre pêché ! Malheur à vous qui faites le mal à votre voisin ! parce que vous aurez la récompense qui méritent vos oeuvres.
  • Malheur à vous, témoins de mensonge, qui augmentez l’iniquité, car vous périrez !
  • Malheur à vous ! pécheurs, qui repoussez les justes, qui accueillez et rejetez selon vos caprices ceux qui commettent l’iniquité, car vous serez réduits sous leur joug.
  • CHAPITRE 95

  • Ayez donc bon espoir, ô justes ! car les pécheurs périront devant vous ; vous deviendrez leur maître et vous les commanderez comme vous voudrez.
  • Au jour du chatiment des pécheurs, votre race sera exaltée et s’élèvera comme celle de l’aigle. Votre nid sera porté à des hauteurs plus sublimes que celui du milan ; vous monterez, vous pénétrerez dans les entrailles de la terre, et dans les cavernes des rochers, pour échapper aux pécheurs.
  • On vous croira perdus, et on gémira et l’on pleurera.
  • Mais ne craignez point ceux qui vous tourmentent ; car vous serez sauvés, et une lumière éclatante vous environnera, et une parole de paix sera entendue du ciel. Malheur à vous pécheurs ! car vos richesses vous feront passer pour des saints ; mais votre conscience vous convaincra que vous n’êtes que des pécheurs. Et cette accusation intérieure sera votre condamnation.
  • Malheur à vous qui vous nourissez du meilleur froment et buvez les meilleures liqueurs, et qui, dans l’orgueil de votre puissance, écrasez le pauvre !
  • Malheur à vous qui buvez l’eau en tout temps ! car vous aurez bientôt votre récompense ; vous serez consummés, vous serez exterminés, parce que vous ne vous êtes point désaltérés aux sources de la vie.
  • Malheur à vous qui commettez l’iniquité, la fraude et le blasphème ! vous laisserez de vous un mauvais souvenir.
  • Malheur à vous, puissants, qui foulez aux pieds la justice ! car voici venir le jour de votre perte. Alors, pendant que vous souffrirez les châtiments mérités par vos crimes, les justes goûteront des jours nombreux et fortunés.
  • CHAPITRE 96

  • Les justes ont confiance ; mais les pécheurs seront confondus et périront au jour de l’iniquité.
  • Vous-même, vous en aurez conscience ; car le Très-Haut se souviendra de votre perte, et les anges s’en réjouiront. Que ferez-vous donc, pécheurs, et où fuirez-vous au jour du jugement, quand vous entendrez la voix des prières des justes ?
  • Vous ne leur ressemblez point, car il s’élèvera contre vous une parole terrible : Vous êtes les compagnons des pécheurs.
  • Dans ces jours, les prières des justes s’élèveront vers Dieu ; Mais le jour de votre jugement arrivera, et toutes vos iniquités seront révélées devant le Grand et le Saint.
  • Votre visage se couvrira de honte ; tout ce qui aura la même réalité du crime sera rejeté.
  • Malheur à vous, pécheurs ! que vous soyez au milieu de la mer ou sur l’aride plaine, car un mauvais témoignage est porté contre vous. Malheur à vous qui possèdez de l’argent et de l’or, richesses que vous n’avez point acquises par des voies justes ! Vous vous dites : Nous sommes riches, nous vivons dans l’abondance et nous avons acquis tout ce que nous pouvons désirer.
  • Nous ferons donc tout ce qui nous fera plaisir, car nous avons des monceaux d’argent ; nos greniers sont pleins, et les familles de nos colons sont aussi nombreuses que les eaux d’une source abondante.
  • Ces fausses richesses s’écouleront comme de l’eau, et vos trésors s’évanouiront ils vous seront enlevés, parce que vous les avez acquis injustement ; et vous serez accablés de la malédiction divine.
  • Je vous maudis aussi, prudents du siècle, vous, véritables insensés qui, les yeux toujours fixés sur la terre, avez cherché à vous couvrir de robes plus élégantes qu’une jeune fiançée et plus riche que celles des vierges. Vous affectez partout la majesté, la magnificience, le luxe et la fortune ; mais votre or, vos grandeurs et vos richesses s’évanouiront comme une ombre.
  • Car ce n’est pas là qu’est la sagesse. Aussi périront-ils avec leurs richesses, avec leur fausse gloire, avec leurs vains honneurs.
  • Ils périront avec honte et mépris, et leurs âmes seront jetées dans la fournaise ardente.
  • Je vous le jure, ô pécheurs ! ni montagnes, ni collines n’ont été créées pour servir à la parure d’un efféminé.
  • Le pêché ne vient point d’en haut ; mais les hommes ont trouvé le secret de faire le mal ; mais malheur à ceux qui le commettent !
  • La femme n’a point été créée stérile, mais c’est de ses propres mains qu’elle s’est privée d’enfants.
  • Mais j’en jure par le Grand et le Saint : Toutes vos mauvaises oeuvres seront manifestées, et aucun ne pourra se soustraire au grand jour.
  • Ne pensez pas et ne dites pas : Mon crime est caché, mon pêché n’est connu de personne ; car, dans le ciel, on note exactement devant le Très-Haut tout ce qui se fait sur la terre et
  • toutes les pensées des hommes. On sait chaque jour les persécutions dont vous vous rendez coupables.
  • Malheur à vous, insensés, car vous périrez dans votre folie. Vous ne voulez point écouter les sages, vous n’obtiendrez point la récompense des justes.
  • Sachez donc que vous êtes destinés au jour de la justice ; n’espèrez pas vivre après avoir été des pécheurs ; vous mourrez, car vous n’avez pas profité du prix de la rédemption.
  • Oui, vous êtes destinés pour le jour de la colère divine, pour le jour du deuil et de la honte de vos âmes.
  • Malheur à vous dont le coeur est endurci, qui commettez si facilement le crime et vous nourrissez de sang ! Qui vous a donné les biens dont vous jouissez ? N’est-ce point le Très-Haut qui les a répandus sur la terre pour votre usage ? Vous l’avez oublié : aussi point de paix pour vous !
  • Malheur à vous, qui aimez l’iniquité. A quel titre recevriez-vous quelque récompense ? Sachez qui vous serez livrés entre les mains des justes, qui briseront vos têtes, qui n’auront pour vous aucune miséricorde !
  • Malheur à vous, qui triomphez en la persécution des justes, car vous n’aurez point de sépulture.
  • Malheur à vous qui rendez inutile la parole du Seigneur ; car pour vous point d’espérance de la vie.
  • Malheur à vous qui écrivez des paroles trompeuses, des paroles injustes ; car vos mensonges, vos iniquités sont écrites aussi, et aucune ne sera oubliée.
  • Point de paix pour le pêcheur ! La mort, la mort seule pour le pêcheur !
  • CHAPITRE 97

  • Malheur à ceux qui se conduisent en impies, qui louent et flattent le mensonge. Vous êtes des pervers, et votre vie est une vie abominable.
  • Malheur à vous, qui altérez les paroles de la vérité : ils pêchent contre le décret éternel.
  • Et ils font condamner l’innocent.
  • Dans ces jours, ô justes, vous mériterez que vos prières soient exaucées ; elles monteront et seront déposées devant les anges, comme un témoignage accusateur contre les crimes des pécheurs.
  • Dans ces jours, les peuples seront dans l’épouvante, et les générations effrayées se lèveront au jour du jugement suprême.
  • Dans ces jours, les femmes enceintes mettront au monde et abandonneront le fruit de leurs entrailles. Les enfants tomberont sous les yeux de leurs mères ; et pendant qu’ils suceront leur lait, elles le repousseront et seront sans pitié pour les fruits de leurs amours.
  • Je vous l’annonce encore, ô pécheurs, le chatiment vous attend au jour de la justice, qui n’aura point de fin.
  • Ils adoreront les pierres, les images d’or, d’argent et de bois, les esprits immondes, les démons et toutes les idoles des temples ; mais ils n’en obtiendront aucun secours. Leurs coeurs deviendront stupides à force d’impiété ; et leurs yeux seront aveuglés par la superstition. Dans les songes et les visions, ils seront impies et superstitieux, ils seront menteurs et idolâtres. Aussi périront-ils tous !
  • Mais dans ces jours, bienheureux seront ceux qui auront reçu la parole de sagesse, qui auront cherché et suivi les voies du Très-Haut, qui auront marché dans les sentiers de la justice, et non pas dans les routes de l’impiété.
  • Oui, ils seront sauvés !
  • Mais, malheur à vous qui dévoilez le mal de votre prochain : vous tombez dans l’abîme.
  • Malheur à vous, qui posez les fondements du péché et de la fraude ; qui êtes durs et amers pour vos semblables : vous serez consumés !
  • Malheur à vous, qui élevez à la sueur des autres vos palais ; chacune des pierres qui les composent, chaque partie de ciment qui les assemble est pour vous un péché. Ainsi, je vous le dis, vous n’aurez point de paix.
  • Malheur à vous, qui méprisez la masure et l’héritage de vos pères, et qui rendez un culte impie aux idoles ! Non, point de paix pour vous !
  • Malheur à ceux qui commettent l’iniquité, qui sont des instruments de persécution, qui tuent leur prochain. Car Dieu lui-même flétrira votre gloire, il endurcira vos coeurs, il allumera le feu de sa colère, et vous exterminera tous !
  • Alors les justes et les saints, témoins des effets de sa vengeance, se rappelleront vos crimes et vous maudiront.
  • CHAPITRE 98

  • En ce jour les pères seront massacrés avec leurs enfants, et les frères avec leurs frères ; le sang coulera comme les flots d’un fleuve.
  • Car l’homme n’arrêtera point son bras prêt à frapper son fils, et les enfants de ses enfants ; il croira agir avec miséricorde, et ne les épargnera pas.
  • Le pécheur ne craindra point d’égorger son frère plus honoré que lui. Le meurtre se continuera sans relâche depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher. Le cheval aura du sang jusqu’à son poitrail et son char jusqu’à l’essieu.
  • CHAPITRE 99

  • Dans ce temps-là les anges descendront dans les lieux cachés, et tous ceux qui ont aidé aux crimes seront réunis dans le même endroit.
  • Alors le Très-Haut descendra pour exercer sa justice sur tous les pécheurs, et il donnera aux saints anges la garde des justes et des saints, et ils les défendront comme la prunelle de l’oeil, jusqu’à ce que tout mal et toute iniquité aient été réduits au néant.
  • Quand les justes seraient ensevelis dans le plus profond sommeil, ils n’auraient rien à craindre ; les sages entreverront la vérité.
  • Et les enfants de la terre auront l’intelligence de toutes les paroles contenues dans ce livre, persuadés désormais que les richesses ne sauraient les sauver d’un chatiment que leurs crimes auraient mérité.
  • Malheur à vous, pécheurs, qui tourmentez les justes et les faites consumer par le feu, au jour de la grande tribulation, vous recevrez la récompense de vos oeuvres.
  • Malheur à vous, pervers de coeur, qui cherchez à avoir du mal une connaissance complète ; il arrive que la peur vous surprend. Personne ne viendra à votre aide.
  • Malheur à vous, pécheurs, car les paroles de votre bouche et les oeuvres de vos mains ont été mauvaises ; aussi tomberez-vous dans les flammes éternelles.
  • Sachez que les anges dans le ciel rechercheront exactement toutes vos oeuvres ; ils interrogeront le soleil, la lune et les étoiles, sur vos péchés, parce que vous avez osé juger les justes.
  • Tout rendra témoignage contre vous : les nuages, la neige, la rosée et la pluie ; car à cause de vous, toutes ces créatures resteront suspendues pour ne point vous être utiles.
  • Offrez donc des sacrifices à la pluie, pour qu’elle tombe enfin, et priez la rosée qu’elle reçoive de vous de l’or et de l’argent. Mais, efforts impuissants ! la glace, le froid, les vents orageux et tous les frimas fondront sur vous ; et vous n’en pourrez supporter la violence.
  • CHAPITRE 100

  • Regardez le ciel, enfants des cieux ; contemplez les oeuvres du Très-Haut, et craignez-le, et ne commettez point le mal en sa présence.
  • S’il fermait les fenêtres du ciel, et retenait la pluie et la rosée, laissant ainsi la terre aride et dessèchée, que feriez-vous ?
  • Quand il appesantit sa colère sur vous et sur vos oeuvres, vous ne savez point implorer sa clémence ; vous blasphémez contre sa justice, et vos paroles sont pleines de superbe et d’arrogance. Donc point de paix pour vous !
  • Voyez ce navire, comme il flotte au gré des vents, et menacé sans cesse par une catastrophe épouvantable !
  • Aussi le pilote tremble-t-il, parce qu’il emporte avec lui sur l’Océan ses richesses ; il tremble d’être submergé et de périr !
  • Or, la mer, ses ondes tumultueuses, ses abîmes profonds, ne sont-ils pas l’ouvrage du Tout-Puissant ? N’est-ce pas lui qui en a posé les limites, et tracé les rivages ?
  • A sa voix l’onde recule épouvantée, et les poissons qui vivent dans son sein, sont frappés de mort. Et vous, pécheurs, qui vivez sur la terre, ne le craignez-vous point ? N’est-il pas le créateur de tout ce qu’elle renferme ?
  • Et qui donc, sinon lui, a donné la science et la sagesse à tous ceux qui vivent sur la terre et à ceux qui sont sur mer ?
  • Or, les nautoniers ne redoutent-ils pas l’Océan ? Vous seuls, pécheurs, n’aurez aucune crainte du Très-Haut ?
  • CHAPITRE 101

  • Dans ces jours, quand vous serez enveloppés par des flammes ardentes, où fuirez-vous, où chercherez-vous un asile ?
  • Et quand sa parole s’élèvera contre vous, ne tremblerez-vous pas, ne serez-vous par épouvantés ?
  • Tous les grands luminaires tressailleront de peur ; la terre frémira d’épouvante et d’effroi.
  • Tous les anges accompliront leur sévère mission, et chercheront à s’effacer devant la majesté suprême ; quant aux fils de la terre, ils seront frappés de stupeur.
  • Mais vous, pécheurs, objets de l’exécration éternelle, il n’y aura point de salut pour vous.
  • Ne craignez point, âmes des justes, mais attendez en paix et sécurité le jour de votre mort, comme un jour de justice. Ne pleurez point de ce que vous âmes descendront avec tristesse et amertume dans la demeure de la mort, et de ce qu’en cette vie vos corps n’ont point reçu la récompense que méritaient vos bonnes oeuvres, mais qu’au contraire, les pécheurs triomphaient aux jours de votre vie ; car voici venir pour eux le jour de l’exécration et des supplices.
  • Quand vous mourrez, les pécheurs diront de vous : Les justes meurent donc comme nous ! Quels fruits ont-ils retirés de leurs oeuvres ? Voici qu’ils quittent la vie de la même manière que nous, dans le trouble et dans l’anxiété. En quoi donc sont-ils mieux traités que nous ? Nous sommes donc égaux ? Qu’auront-ils, que verront-ils de plus que nous ? Voici, ils sont morts, et jamais ils ne reverront la lumière ! Mais moi, je vous le dis, ô pécheurs, vous vous êtes rassasiés de chair et de boisson ; dépouilles de vos frères, rapines, péchés de toutes espèces, rien ne vous a coûté pour acquérir des richesses ; vos jours ont été des jours de joie et de félicité. Mais n’avez-vous pas vu la fin des justes, comme elle est accompagnée de paix et de calme ! C’est qu’ils n’ont point connu l’iniquité jusqu’au jour de leur mort. Ils sont morts, et ils sont comme s’ils n’avaient jamais été, et leurs âmes sont descendues à la demeure de la mort.
  • CHAPITRE 102

  • Or, je vous le jure, ô justes, par la grandeur de sa plendeur, par son royaume et par sa majesté ; je vous jure que j’ai eu connaissance de ce mystère, qu’il m’a été donné de lire les tables du ciel ; de voir l’écriture des saints, de découvrir ce qui y était inscrit à votre sujet.
  • J’ai vu que le bonheur, la joie et la gloire vous sont préparés, et attendent ceux qui mourront dans la justice et dans la sainteté. Vous recevrez alors la récompense de vos peines, et votre portion de maux que vous avez reçue sur la terre.
  • Oui, les esprits de ceux qui mourront dans la justice vivront et se reposeront à jamais ; ils seront exaltés, et leur mémoire sera éternelle devant le trône du Tout-Puissant. Et ils n’auront plus à craindre aucune honte.
  • Malheur à vous, pécheurs, si vous mourrez dans vos péchés ; et ceux qui vous ressemblent diront de vous : Heureux sont les pécheurs ! Ils ont accompli leurs jours et leur existence, et ils meurent maintenant dans la félicité et l’abondance. Ils n’ont connu pendant leur vie ni les chagrins, ni les angoisses ; ils meurent pleins d’honneur, et ils n’ont été soumis à aucun jugement.
  • Mais ne leur a-t-il pas été prouvé que leurs âmes seront forçées de descendre dans les domaines de la mort, où les attendent des maux et des tourments de toutes espèces ? Oui, leurs esprits tomberont dans les ténèbres, dans les pièges, dans ces flammes qui ne s’éteindront jamais ; et la sentence de leur jugement sera éternelle.
  • Malheur à vous, car vous n’aurez plus de paix ; et c’est en vain que devant les justes et les saints vous chercherez à vous excuser, en disant : Nous avons connu, nous aussi, les jours de l’affliction, nous avons supporté une foule de maux.
  • Nos esprits ont été consommés, réduits, amoindris.
  • Nous étions perdus, et personne ne nous portait secours, et personne ne nous encourageait, pas même de la voix ; mais on nous a laissés accablés par le malheur, et c’en était fait de nous.
  • Nous n’espérions plus jouir de la vie.
  • Et cependant nous avons pensé être un jour au premier rang.
  • Et nous voici au dernier ! Nous sommes devenus la proie des pécheurs et des impies ; ils ont fait peser leur joug sur nous.
  • Et ceux qui nous abhorraient et nous opprimaient, étaient puissants contre nous, et nous baissions la tête devant ceux qui nous haïssent, et ils ont été sans pitié pour nous.
  • Nous voulions les fuir, pour jouir de la paix ; mais nous n’avons trouvé aucun lieu qui pût nous servir de refuge contre leur persécution. Nous avons été porter plainte auprès des princes, et nous avons élevé la voix contre ceux qui nous dévoraient ; mais nos cris ont été inutiles, et ils n’ont pas voulu écouter notre voix.
  • Au contraire on protège ceux qui nous dépouillent et nous dévorent, ceux qui nous affaiblissent et cachent leur oppression, qui nous énervent et nous massacrent et cachent notre meurtre et ne se souviennent pas qu’ils ont levé leurs mains contre nous.
  • CHAPITRE 103

  • Quant à vous, ô justes, je vous jure que dans le ciel les anges rappellent devant le trône du Tout-Puissant votre justice, et vos noms sont écrits devant le Très-Haut.
  • Ayez donc bon espoir ; car si vous avez été en butte aux maux et aux afflictions de cette vie, vous brillerez dans le ciel comme des astres, et les célestes barrières s’abaisseront devant vous. Vos cris demandent justice, et vous serez vengés de tous les maux que vous avez soufferts depuis le commencement, et de tous ceux qui vous ont persécutés, ou qui ont été les ministres de vos persécuteurs.
  • Attendez donc, et ne vous laissez point abattre ; car vous jouirez d’une joie égale à la joie même des anges ; et au jour du jugement vous n’aurez aucune condamnation à craindre.
  • Ne vous découragez donc pas, ô justes, quand vous voyez les pécheurs heureux et florissants dans leurs voies !
  • Ne devenez point leurs complices ; mais tenez-vous loin de leur foule persécutrice ; vous êtes associés aux troupes célestes. Pour vous, pécheurs, qui dites : Toutes nos transgressions seront oubliées ; sachez au contraire que tous vos crimes sont soigneusement inscrits dans le livre du ciel.
  • De sorte, je vous le dis encore, que la lumière et les ténèbres, le jour et la nuit, seront des témoins contre vous et vos fautes. Ne commettez donc plus l’impiété, ni le mensonge ; ne faussez plus la vérité, ne vous élevez plus contre la parole du Saint et du Puissant. Ne vous inclinez plus devant de vaines idoles ; car vos péchés, vos impiétés seront jugés comme de très grands crimes.
  • Maintenant, écoutez le mystère qui vous concerne : Beaucoup de pécheurs corrompront et fausseront la parole de la vérité.
  • Ils prononceront de mauvaises paroles, commettront le mensonge, composeront des livres dans lesquels ils déposeront les pensées de leur vanité. Mais s’ils y déposaient mes paroles,
  • Ils ne les changeront, ni ne les altèreront point ; mais ils écriront avec exactitude tout ce que j’ai dit sur eux depuis le commencement.
  • Je vais vous révéler encore un autre mystère : Des livres de joie seront donnés aux justes et aux sages ; et ils croiront en ces livres qui contiendront les règles de la sagesse.
  • Et ils s’en réjouiront et tous les justes seront récompensés parce qu’ils ont appris à connaitre toutes les voies de l’équité.
  • CHAPITRE 104

  • Dans ce temps-là le Seigneur leur ordonnera de rassembler les enfants de la terre, afin qu’ils prêtent l’oreille aux paroles de sa sagesse ; il leur dira : Montrez-leur cette sagesse, car c’est vous qui êtes leurs chefs et leurs maitres ;
  • Montrez-leur la récompense qui doit échoir à tous ceux qui en suivront les préceptes ; car Moi et mon Fils, nous ferons société éternelle avec eux, dans les voies de la justice. Paix à vous, enfants de justice, joie et félicité.
  • CHAPITRE 105

  • Après quelque temps, Mathusala, mon fils, donna une femme à son fils Lamech.
  • Celle-ci, devenue enceinte, mis au monde un enfant dont la chair était blanche comme la neige, et rouge comme une rose ; dont les cheveux étaient blancs et longs comme de la laine, et les yeux de toute beauté. A peine les eut-il ouverts, qu’il inonda de lumière toute la maison. Comme de l’éclat même du soleil.
  • Et à peine fut-il reçu des mains de la sage-femme, qu’il ouvrit la bouche en racontant les merveilles du Seigneur. Alors Lamech, son père, plein d’étonnement, alla trouver Mathusala, et lui annonça qu’il avait un fils qui ne ressemblait point aux autres enfants. Ce n’est point un homme, dit-il, c’est un ange du ciel ; à coup sûr, il n’est point de notre espèce.
  • Ses yeux sont brillants comme les rayons du soleil, sa figure est illuminée ; il ne parait pas être de moi, mais d’un ange.
  • Je crains bien que ce prodige soit le présage de quelque évènement sur la terre.
  • Et maintenant, ô mon père, je te supplie d’aller trouver Enoch, mon aïeul, et de lui en demander d’explication, car il fait sa demeure avec les anges.
  • Après avoir ouï les paroles de son fils, Mathusala vint me trouver aux extrémités de la terre, car il savait que j’y étais, et il m’appela.
  • A sa voix, j’accourrus à lui, et je lui dis : Me voici, mon fils ; pourquoi es-tu venu me trouver ?
  • Et il me répondit : Un grand évènement m’amène auprès de toi ; une merveille difficile à comprendre, dont je viens te demander l’explication.
  • Ecoute donc, ô mon père, et sache que mon fils Lamech vient d’avoir un fils qui ne lui ressemble nullement, et qui ne paraît pas appartenir à la race des hommes. Il est plus blanc que la neige, plus rouge que la rose ; ses cheveux sont plus blancs que la laine, et ses yeux jettent des rayons comme le soleil ; quand il les ouvre, il remplit la maison de lumière.
  • Et aussitôt après qu’il est sorti des mains de la sage-femme, il a ouvert la bouche et béni le Seigneur.
  • Son père Lamech, effrayé de cette merveille, est accouru vers moi, ne croyant pas que cet enfant était de lui, mais qu’il était né d’un ange du ciel ; et voici, je suis venu à toi afin que tu me découvres la vérité de ce mystère.
  • Alors, moi, Encoh, je lui répondis : Le Seigneur est sur le point de faire une nouvelle oeuvre sur la terre. Je l’ai vu dans une vision. Je t’ai parlé du temps de mon père Jared, de ceux qui, nés du ciel, avaient cependant transgressé la parole du Seigneur. Voici : Ils commettent l’iniquité, et ils ont transgressé les ordonnances, et habitaient avec les femmes des hommes, et engendraient avec elles une postérité infâme.
  • Pour ce crime, une grande catastrophe surviendra sur terre ; un déluge l’inondera et la dévastera pendant une année.
  • Cet enfant qui vous est né survivra seul à ce grand cataclysme avec ses trois fils. Quand tout le genre humain sera détruit, lui seul sera sauvé.
  • Et ses descendants enfanteront sur la terre des géants, non pas nés de l’esprit, mais de la chair. La terre sera donc chatiée, et toute corruption sera lavée. C’est pourquoi, apprends à ton fils Lamech, que le fils qui lui est né est véritablement son fils ; qu’il l’appelle du nom de Noah, parce qu’il vous sera survivant. Lui et ses fils ne participeront point à la corruption, et se garderont des péchés qui convriront la face de la terre. Maheureusement, après le déluge, l’iniquité sera encore plus grande qu’auparavent ; car je sais ce qui doit arriver ; le Seigneur lui-même m’en a révélé tous les mystères, et j’ai pu lire dans les tables du ciel.
  • J’y ai lu que les générations succéderont aux générations jusqu’à ce que se lève la race sainte, jusqu’à ce que le crime et l’iniquité disparaissent de la face de la terre, jusqu’à ce que tous participent à la justice.
  • Et maintenant, ô mon fils, va et annonce à ton fils Lamech,
  • Que l’enfant qui lui est né est véritablement son fils, et qu’il n’y a aucune fraude dans sa naissance.
  • Et quand Mathusala eut entendu les paroles de son père Enoch, qui lui avait révélé tous les mystères, il s’en retourna plein de confiance, et appela l’enfant du nom de Noah, parce qu’il devait être la consolation de la terre après la grande catastrophe.
  • Voici un autre livre qu’Enoch écrivit pour son fils Mathusala, et pour ceux qui doivent venir après lui, et conserver ainsi que lui la parole et la simplicité de leurs moeurs. Vous qui souffrez, attendez avec patience le moment où les pécheurs auront disparu, et la puissance des méchants aura été anéantie ; attendez que le péché se soit évanoui de la terre ; car leur noms seront effacés des saints livres, leur race sera détruite, et leurs esprits seront tourmentés. Ils crieront, ils se lamenteront dans un désert invisible, et brûleront dans un feu qui ne se consumera jamais. Là aussi j’ai aperçu comme une nuée, que mes yeux ne pouvaient pénétrer ; car de sa partie inférieure on ne pouvait distinguer sa partie supérieure.
  • J’y vis aussi la flamme d’un feu ardent, semblable à de brillantes montagnes, agitées par un tourbillon et poussées à droite et à gauche.
  • Et j’interrogeai un des saints anges qui étaient avec moi, et je lui dis : Quelle est cette splendeur ? Ce n’est point le ciel que je vois, c’est évidemment la flamme d’un vaste foyer ; j’entends des cris de douleurs, des cris de désespoir.
  • Et il me répondit : Là, dans ce lieu que tu vois, sont tourmentés les esprits des pécheurs et des blasphémateurs, de ceux qui se sont mal conduits, qui ont perverti ce que Dieu avait dit par la bouche de ses prophètes. Car on conserve dans le ciel la liste de leurs noms et de leurs mauvaises oeuvres ; et les anges en prennent connaissance, et ils savent les chatiments qui leur sont réservés ; ils savent aussi ce qui est réservé à ceux qui ont crucifié leur chair, et qui ont été persécutés par les hommes méchants ; à ceux qui ont aimé leur Dieu, qui n’ont point mis leur affliction dans l’or et dans l’argent, qui, loin de livrer leur corps aux voluptés de ce monde, ont tourmenté leurs corps par des supplices volontaires.
  • A ceux qui, depuis le jour de leur naissance, n’ont point ambitionné les richesses terrestres, mais se sont regardés comme un esprit voyageur sur la terre.
  • Telle a été leur conduite, et cependant Dieu les a bien éprouvés ! mais leurs esprits ont toujours été trouvés purs et innocents, et prêts à bénir le Seigneur ; j’ai consigné dans mes livres toutes les récompenses qu’ils auront méritées, pour avoir aimé les choses célestes plus qu’eux-mêmes. Voici ce que Dieu dit : Quand ils étaient persécutés par les méchants, couverts d’opprobes et d’injures, ils ne cessaient de me louer. Maintenant j’élèverai leurs esprits jusqu’au séjour de la lumière ; je transformerai ceux qui sont nés dans les ténèbres, et qui n’ont point rapporté à eux la gloire que leur foi leur avait méritée.
  • Je conduirai dans le séjour des splendeurs ceux qui aiment mon nom, je les ferai asseoir sur des trônes de gloire, je les ferai tressaillir d’une joie éternelle ; car le jugement de Dieu est rempli d’équité.
  • Il donnera à ces fidèles une demeure fortunée ; quant à ceux qui sont nés dans les ténèbres, ils se verront précipités dans les ténèbres, pendant que les justes jouiront d’un bonheur sans mesure. Les pécheurs en les voyant pousseront des cris de désespoir, tandis que les justes vivront dans la splendeur et la gloire, et n’éprouveront à jamais la vérité des promesses d’un Dieu qu’ils ont aimé.
  • Fin de la vision du prophète Enoch. Que la bénédiction et la grâce du Seigneur descendent sur ceux qui l’aiment. Ainsi soit-il.